Si la pluie a finalement décidé d’épargner le derby breton en terres finistériennes, l’ennui, lui, ne s’est pas privé de s’inviter en cette fin d’après-midi pour habiter une rencontre très décevante, de part et d’autres.
Le dénouement, heureux pour le Stade Rennais qui n’a commencé à être dangereux et incisif qu’à dix minutes du terme, avec notamment les entrées d’Albert Gronbeak et de Jota, ne doit pas cacher la réalité d’une rencontre compliquée, jouée sur le reculoir et la peur de perdre plus qu’un simple match. La peur d’un coach ou d’une équipe, ou les deux ?
La barre sauve Steve Mandanda
La réponse appartient aux intéressés mais la production n’a en rien rassuré des supporters rennais de plus en plus agacés et perdus face aux prestations de leur équipe. En première période, dans un système en 3-4-1-2 improductif, les occasions sont rares, voire inexistantes pour les joueurs de Julien Stéphan.
Le duo Amine Gouiri-Arnaud Kalimuendo ne pèse pas, l’animation ne peut être confiée à un double-pivot trop improductif offensivement et les latéraux trop timides pour bousculer des Brestois dangereux sur chacune de leurs accélérations.
Perreira-Lage (18′) de la tête, tutoie le poteau puis Ludovic Ajorque bute sur Steve Mandanda quelques minutes plus tard, avec à chaque fois, Romain Del Castillo à l’origine des mouvements.
Juste avant la pause, Mahdi Camara, suite à l’un des rares beaux mouvements collectifs du premier acte, reprend le centre en retrait de Kenny Lala et trouve l’équerre de Steve Mandanda, totalement battu (41′). Rennes répond avec sa seule véritable opportunité, par Amine Gouiri, dont la frappe enroulée suite à un une-deux avec Ludovic Blas contraint Marco Bizot à faire la parade.
Del Castillo, au bon souvenir de son ancien club…
Trop frileuse, l’animation rennaise se destine à subir dès la reprise et un pénalty généreux concédé sur une main d’Azor Matusiwa punit d’entrée la prestation globale des Brétilliens. Spécialiste en la matière, l’ancien rennais Romain Del Castillo allume Steve Mandanda sous la barre et libère Françis Le Blé (53′, 1-0).
La partie ne va pas pour autant vraiment s’emballer et Julien Stéphan décide de changer un système voué à la défaite, en entrant Glen Kamara et Jota en lieu et place de Baptiste Santamaria et Hans Hateboer.
Arnaud Kalimuendo, bien discret jusque-là, sollicite enfin Marco Bizot (73′). Andres Gomes, Albert Gronbeak et Mahamadou Nagida entrent à leur tour tandis que Brest s’essaie à gérer son effectif en sortant les précieux Lees-Melou et Camara.
Jota en sauveur
Les cartes rebattues, Rennes finit mieux, notamment sous l’impulsion de son international danois, à l’origine d’un bon décalage pour Arnaud Kalimuendo dont le centre trouve Jota, qui pousse le ballon au fond de manière peu orthodoxe mais terriblement efficace (87′). Rennes égalise, alors que la cinquième défaite en neuf matchs se profilait…
Quelques minutes plus tard, un coup-franc parfaitement placé est dilapidé par Ludovic Blas puis Andres Gomez rate une ouverture en profondeur pour Arnaud Kalimuendo, pourtant parfaitement placé. De l’autre côté un centre fuyant fait passer une dernière frayeur aux rennais mais tout ce petit monde en reste là, avec la sensation de ne pas avoir vraiment régalé pour ce derby de reprise.
« Le changement tactique a aidé, ceux qui sont rentrés ont apporté du dynamisme »
Fortement contesté par une frange des supporters et observateurs du Stade Rennais, le coach rennais, qui avait prôné le travail comme refuge désigné, aurait probablement été sur la sellette en cas de défaite.
Pour autant, son cas va continuer d’animer les conversations à venir avec des progrès pas vraiment convaincants au sortir de la partie : « On a eu beaucoup de difficultés, notamment dans l’utilisation du ballon, on a été trop pauvre pendant au moins une heure, concédait le coach sur BeinSport.
Après le changement tactique a aidé, ceux qui sont rentrés ont apporté du dynamisme, on a été plus haut, on a au moins été récompensé de ces efforts pour ramener un point. On est en quête encore de réussir à intégrer tous les joueurs qui sont arrivés en fin de mercato, qui ont eu des préparations tronquées, qui ne sont pas encore prêts à débuter un match »
Il y a pourtant urgence, octobre touchant à sa fin et plus de la moitié de la première partie de saison étant écoulée… : « On a des joueurs dans le domaine offensif qui peuvent apporter. Jota et André Gomes, ça se rapproche mais ce n’était pas encore le cas aujourd’hui, une fois que ça sera le cas, cela va amener une réflexion sur la meilleure manière d’organiser l’équipe. » Un désaveu pour le 3-4-1-2, bientôt rangé à la cave ?
Victoire impérative face au Havre vendredi…
Le point positif ce soir, c’est cette réaction, de ne pas avoir baissé les bras et de s’être accrochés. On sait que Brest est impactant dans le duel, dans le pressing, dans le deuxième ballon, on a souffert dans ces phases là mais quand on contrôle le jeu, on est meilleur et c’est de cette manière là qu’on doit manœuvrer plus régulièrement.
On devait se réorganiser, apporter une autre dynamique au match. Les entrants ont aidé, si je ne les fait pas débuter pour l’instant, c’est qu’il y a des raisons mais j’espère que ce match là va aider à cette intégration de ces profils. En tout cas, cette équipe se bat, ne veut pas lâcher et ça c’est bien ».
Libre à chacun de trouver ses satisfactions dans cette prestation pourtant bien décevante avant de se tourner vers la réception du Havre, contre qui tout autre résultat qu’une victoire serait une contre-performance, sans doute de trop… Place aux actes, vendredi soir au Roazhon Park, qu’il pleuve ou qu’il vente…