Après huit ans passés en tant qu’assistant coach de Pascal Thibaud, parti depuis à Lorient, Bastien Demeuré est devenu, à 29 ans, le plus jeune entraîneur de Nationale 1. Il revient avec nous sur sa nomination à la tête de l’URB et sur un nouveau statut qu’il ne découvre pas vraiment, lui qui est habitué au banc de touche depuis le plus jeune âge.
Comment abordes-tu ce nouveau rôle d’entraîneur principal de l’URB ?
Quand j’étais assistant de Pascal, il n’y a qu’une seule année où je n’ai pas entraîné à côté et c’était la saison dernière. Ça m’a terriblement manqué car c’est quelque chose d’assez naturel chez moi. J’ai beaucoup appris en tant qu’assistant, mais j’ai toujours voulu entraîner, et en soi, je l’ai toujours fait.
Quelles sont les différences principales entre le rôle d’assistant et celui d’entraîneur principal ?
Tu as plus de temps pour préparer les séances et tu fais moins de vidéos. Le plus difficile, c’est de « switcher » entre un rôle de couteau-suisse, un peu homme à tout faire, à celui où tu délègues certaines tâches et où tu supervises. J’ai quand même repris le sport récemment pour être prêt physiquement et mentalement car je suis sorti rincé des 2-3 premiers matchs amicaux.
Coach et assistant, ce n’est pas le même métier. Tu es devant et tu reçois toute l’énergie du match. Tu dois sans cesse trouver les bons mots et les bonnes stratégies à adopter. La réflexion est constante et il y a aussi toutes les obligations derrière.
Tu es le plus jeune entraîneur de la division. L’âge peut-il être un problème selon toi ?
Non, ça ne change rien. Ça te permet d’avoir une certaine proximité avec les joueurs et il faut simplement poser un cadre. Une fois qu’il est posé, il faut être intransigeant. La crédibilité, tu la gagnes sur le terrain, et ce, peu importe l’âge. Il faut être juste avec les joueurs, car ils détestent l’injustice, et ne pas vendre de rêve en étant franc et honnête. Si ce que tu mets en place sur le terrain peut aussi les aider, ça ne peut pas poser de problème.
J’ai commencé à coacher à seulement 13 ans et à 17 ans, je coachais les séniors 3 de Mordelles avec une moyenne d’âge de 35 ans. C’est le coaching qui m’a le plus marqué dans le fait de s’affirmer et de faire passer des messages. Ça été une expérience ultra intéressante. À ce moment-là, je coachais aussi les U15. Parfois, quand il y avait des absents, je pouvais coacher jusqu’à trois matchs pendant le week-end. C’est vraiment une passion et je passais tous mes week-ends à la salle.
« Pascal est le premier à m’avoir fait confiance et il m’a énormément apporté »
À quel moment as-tu émis le souhait de reprendre les rênes de l’URB ?
C’était en septembre de l’année dernière. J’ai dit à Pascal que je souhaitais évoluer et que c’était ma dernière année en tant qu’adjoint. Je voulais évoluer, que ça soit à Rennes ou ailleurs. L’idée n’était pas de prendre sa place. Évidemment, c’était l’idéal pour moi de prendre la suite, mais je n’aurais pas eu de rancœur si ça n’avait pas pu se faire.
C’est l’URB qui m’a donné ma chance à l’époque et Pascal m’a pris avec lui quand j’avais 20 ans. J’ai trop de respect envers lui. J’ai également averti les dirigeants à ce moment-là pour qu’ils puissent avoir le temps de se retourner s’ils ne pouvaient pas me proposer quelque chose.
Quelle est ta relation avec Pascal ?
Tout d’abord, c’est grâce à lui que le club s’est stabilisé en Nationale 1. Il y a une relation un peu paternelle. Il m’a donné de plus en plus de responsabilités, que ce soit sur la formation ou sur la détection des U15 et des U18. C’est le premier à m’avoir fait confiance et il m’a énormément apporté en termes d’exigence sur les détails.
Il a toujours gardé cette volonté de se renouveler et de progresser. J’ai énormément appris à ses côtés pendant ces huit années. La relation est très bonne et j’ai même aidé lors de son déménagement. Petite anecdote marrante, je l’ai encore eu au téléphone et récemment, il m’a demandé un outil de stats qu’il voulait aussi avoir de la part de son nouvel assistant à Lorient.
« Il y aura toujours beaucoup de jeu rapide »
À partir de quel moment as-tu vraiment pris la main sur l’effectif ?
J’ai commencé à travailler sur le mercato au mois de juin. Je savais déjà les joueurs que je voulais et j’attendais juste de connaître la masse salariale. Je voulais garder Cheick Sekou Condé, Lucas Fontaine et Joffrey Sclear pour avoir un peu d’expérience. C’était aussi une évidence de garder Eliot Thillier avec ce qu’il a montré l’année dernière, ainsi que Kameronn Selebangue qui a une marge de progression très importante.
Nous avons aussi les retours de Julian Ngufor et Maxime Pointel. Avec Pascal, nous avions l’habitude de faire un point sur les jeunes passés au club pour voir où est-ce qu’ils en sont. Nous gardons un lien avec eux et parfois, si ça correspond à nos besoins, nous leur proposons quelque chose. La formation, c’est vraiment l’ADN du club. J’aimais bien le profil de Louis Gibey qui a lui aussi une bonne marge de progression.
D’ailleurs, mon deuxième choix à ce poste était Ismaël Cadiau. Donc quand Louis s’est blessé, je savais déjà qui je voulais (rires) et le club a été très réactif. Paul Billong est un créateur en poste 2-1, un vrai combo. Je voulais également un shooteur avec une densité athlétique que j’ai trouvée avec Rudy Ekwakwe-Priso. Enfin, sur le poste de pivot, je ne voulais qu’un seul joueur dans ma rotation, c’était Moustafa Haidara. Il est ultra complémentaire avec Cheick. Le mercato est allé très vite car je savais qui je voulais.
Quelle est ta philosophie basket ?
Nous avons gardé un peu le même ADN. J’ai changé certaines choses sur quelques systèmes, car j’ai aussi besoin de mettre ma patte, mais il y aura toujours beaucoup de jeu rapide et de la liberté pour les joueurs sur le jeu de transition.
« On a un effectif jeune à fort potentiel »
Que peut viser l’URB cette saison ?
La poule est très homogène. Je place quand même Lorient, Quimper et Tarbes en tant que favoris, mais derrière ça va se jouer sur des détails. Les blessures par exemple, comme ce fut le cas pour nous l’année dernière avec celle de Fabien Damase. Il faudra bien cadencer les volumes de travail pour pouvoir économiser les joueurs.
Nous avons un effectif jeune à fort potentiel et il faudra se maintenir rapidement pour ensuite prétendre à la poule haute. Nous l’avions fait il y a deux ans et c’est vraiment un truc cool à vivre. Il y a quatre matchs de plus sur la saison régulière, mais les play-offs se jouent à huit équipes au lieu de 16. Autre élément important, nous avons neuf équipes à moins de 2h30 de route. Nous sommes un peu au milieu de tout ça et en termes de déplacement et de récupération, c’est l’idéal.