Qu’on se le dise, le PSG version 2024-2025 n’a rien à voir avec ses prédécesseurs. Les stars ne sont plus à la gouvernance d’un club qui mise sur la jeunesse et le collectif, avec une équipe où le danger peut venir de partout. Cela fait peut-être moins peur sur le papier mais demeure tout aussi dangereux une fois dans la réalité du jeu.
Néanmoins, cette équipe, encore en construction, reste prenable, perfectible, à condition d’être bousculée par l’agressivité adverse, l’envie d’arracher tous les ballons et celle de faire mal, comme à Reims la semaine passée. Autant de choses que n’ont pas réussi des rennais apathiques une bonne partie du match.
Barcola en homme du match
Alors la fin de match, oui, laissera peut-être quelques utopiques regrets, à 3-1, à ceux qui auront oublié les 70 premières minutes, tranquillement contrôlées par un PSG en mode éco avant d’affronter Arsenal la semaine prochaine en Ligue des Champions. Jamais poussé dans ses retranchements, le onze de Luis Enrique a dicté le tempo à sa guise, misant sur la qualité et la percussion de Bradley Barcola et sur les dribles chaloupés suivis de tirs de pupille d’Ousmane Dembelé.
Suffisant pour mettre la panique sur chaque attaque dans une défense rennaise jamais dans le bon tempo, à l’inverse de son match de dimanche dernier contre Lens. Peu rassurant, Leo Ostigard n’a pas marqué de points, pas plus que des joueurs de couloir en difficulté offensivement comme défensivement. Pour illustration, Lorenz Assignon sortait avant l’heure de jeu. Très bon contre Lens, on pouvait d’ailleurs s’interroger sur la présence sur le banc d’Hans Hateboer. Même constat pour Albert Gronbeak, lui aussi hors du onze de départ.
D’abord sauvé par la VAR
Comme trop souvent, Rennes est généreux à l’extérieur et offre le premier but à la demi-heure de jeu, avec Christopher Wooh, comme à Strasbourg, peu inspiré de se lancer dans une montée balle au pied en plein rond central face à Dembelé au contre, qui sert Neves. Celui-ci trouve ensuite Bradley Barcola, malgré un tacle limite de Baptiste Santamaria et l’enroulé du droit de l’international français ne laisse aucune chance à Steve Mandanda, déjà sauvé par la VAR à la 4′ avec un but refusé à Marquinhos pour un hors-jeu préalable.
Paris devant n’a pas non plus eu à forcer son talent défensif, les attaques rennaises étant réduites à peau de chagrin. Un tir contré, un pressing dangereux et c’est tout. Aucune combinaison, pas de dédoublement par les côtés, Rennes avait déjà accepté son sort bien avant que l’affaire ne soit réellement ficelée.
But de Seidu, Rennes y a cru…et puis non !
Le second but parisien, dix minutes après le repos, après un nouveau but refusé aux Parisiens pour un hors-jeu logique d’Hakimi (48′), confirmait la tendance du match, avec une nouvelle frappe enroulée de Barcola du même endroit qu’en première période, cette fois-ci sur le poteau gauche de Mandanda. Personne, cependant, ne suit et Lee peut, de la tête, tranquillement, doubler la mise (3-0, 68′). Malgré des parades de haut vol pour retarder l’échéance, le gardien rennais ne peut que constater les dégâts.
Devant, Paris est alors dans un fauteuil et Rennes, qui s’était pourtant un peu remis à l’endroit en fin de première période, en grande souffrance. Le 3-0 est imminent et intervient avec un bon centre d’Achraf Hakimi, parti dans le dos de Christopher Wooh et conclut par Bradley Barcola, qui s’offre un doublé remarquable (68′, 3-0).
Luis Enrique fait ses rotations, puis Beraldo sur un corner repoussé péniblement, fait main. Un pénalty, seule vraie solution pour sauver l’honneur, permet à Arnaud Kalimuendo de marquer son troisième but de la saison (75′). Le début du temps fort rennais, d’une dizaine de minutes, avec une sortie ratée de Safonov, puis une parade pour le gardien russe sur une frappe lointaine d’Albert Gronbeak, entré en jeu.
Amine Gouiri s’essaie aussi de loin, juste au-dessus tandis que Seidu pense réduire le score mais voit son but refusé pour une main pourtant involontaire lui permettant de se remettre le ballon en course (87′). Malgré sept minutes d’arrêts de jeu, Rennes ne recolle pas et Randal Kolo Muani rate même d’un rien le 4-1…
Et maintenant, place à Monaco…
Logiquement, Paris prend trois points, Rennes trois buts et une troisième défaite en trois matchs à l’extérieur. Mais Rennes n’a surtout pas suffisamment proposé, pas combattu face à un PSG pourtant abordable. Amine Gouiri, jamais trouvé durant la partie comme son comparse de l’attaque Arnaud Kalimuendo, semblait pourtant plutôt satisfait du match de l’équipe au micro de BeIn Sport l’issue de la rencontre : « On a fait 30 premières bonnes minutes et on a pris ce but qui fait mal. Malgré ce but, on est partis les chercher, on a eu des occasions et on a été aussi dangereux qu’eux mais ils ont été meilleurs techniquement.
Quand on ratait nos pressings, ça laissait beaucoup d’espaces et ils ont été efficaces . Ils ont été efficaces. Sur le 3-2, si le but est accordé, c’est pas la même fin de match mais il y a de bonnes choses à retenir. On est tombés sur une belle équipe de Paris et c’est dommage.» Chacun sa vision mais celle-ci parait tout de même étonnante…
« Nous ne nous sommes pas procuré assez d’occasions »
Julien Stéphan, lui, reconnaissait en conférence de presse avoir « été dominé par une équipe capable de sanctionner sur des transitions très longues et de sanctionner sur les pertes de balle. Mon regret, ce sont les ballons récupérés dans les 30 derniers mètres non bonifiés. Défendre dans notre partie de terrain aurait été trop compliqué pour nous, on voulait les presser haut.
Il y a eu des phases très intéressantes. On prend le premier but dans un temps fort pour nous et ça ne se matérialise pas. Mais nous ne nous sommes pas procuré assez d’occasions. J’aurais bien aimé voir le match à 3-2 à dix minutes de la fin. Après au Parc, si on doit nous siffler deux penalties, on doit nous siffler deux penalties même si bien sûr, la rencontre ne se joue pas là-dessus. »
Trois défaites en trois matchs à l’extérieur
Penalty ou pas, main injustifiée ou non, le Stade Rennais doit faire nettement mieux et montrer un autre visage à l’extérieur s’il veut ambitionner quoi que ce soit cette saison. Le PSG a de la qualité, certes, mais n’a rien d’invincible et Monaco, qui se présentera au Roazhon Park le week-end prochain, est au moins pour le moment du même niveau, sinon meilleur, que le leader du championnat dans les contenus proposés, avec une puissance offensive de feu et une défense très hermétique.
Pour prendre des points et rester au contact d’un premier wagon qui file à toute allure, il faudra une très grosse performance collective et une toute autre animation associée à l’efficacité dans chaque surface pour se remettre à l’endroit, avant un derby à Brest qui pourrait peser lourd. Si nous ne sommes qu’au début de la saison et que le mot urgence reste prématuré, certains indicateurs ne sont pas bons et interrogent.
Pour couper court à cela, les Rennais savent ce qu’il leur reste à faire mais le défi s’annonce très relevé. Et c’est aussi dans ces moments-là que peut démarrer une histoire. Aux Bretons de se saisir de cette opportunité et autrement qu’en cette triste soirée parisienne.