Une préparation aboutie, un groupe qui en veut, de belles perspectives et une envie associée à une détermination intacte : Sébastien Leriche, coach des Irréductibles à la tête de l’équipe depuis novembre 2019, n’a qu’une hâte : démarrer une saison 2024-2025 qui a tout pour être palpitante. le technicien nous explique pourquoi.
Avec trois arrivées pour quatre départs, le groupe cessonnais a peu évolué cette saison. Est-ce un réel avantage pour démarrer le championnat ?
Je ne sais pas si c’est un avantage pour démarrer le championnat, mais c’est clairement un gain de temps pour la préparation, oui. Nous avons eu les départs d’Arnaud Tabarand et Sylvain Hochet, prévus de longue date, puis ceux d’Hakon Ekren et Kristian Orsted, décidés plus tard, pour trois arrivées.
L’avantage d’accueillir des garçons comme Mate Sunjic, Xavier Labigang et Edgar Dentz, c’est qu’ils connaissent bien la Liqui Moly Starligue et qu’ils n’auront pas besoin de temps d’adaptation au championnat. L’intégration s’est faite du coup très naturellement et cela facilite les associations, les consignes et la compréhension du plan de jeu. C’est un avantage pour avoir une certaine continuité à laquelle les nouveaux s’intègrent très bien.
« Romaric Guillo, un choix logique et naturel pour le capitanat »
Pas simple pourtant, vu de l’extérieur, de remplacer deux joueurs du charisme et avec l’expérience de Sylvain Hochet et Arnaud Tabarand…
Nous perdons deux joueurs importants, qui se faisaient entendre, qui avaient un impact, bien sûr et il ne s’agit pas de les remplacer à l’identique. On ne remplace pas, humainement, des garçons comme Sylvain ou Arnaud mais on fonctionne différemment et notre vestiaire ne manque pas de personnalités, de joueurs capables de prendre le leadership par la parole, comme par le jeu.
C’est dans cette logique que tu as choisi de nommer Romaric Guillo capitaine ?
C’est un choix logique, naturel, que nous avons mis cinq minutes à entériner ensemble au restaurant. Une évidence, je pense, mais aussi la reconnaissance et une juste récompense de tout ce qu’a fait Romaric pour le club. Être capitaine, à mes yeux, c’est quelque chose de fort, c’est représenter, au-delà de ses partenaires, un club, une histoire. Romaric était l’homme pour cela et son implication comme son vécu seront précieux. Il parle à froid, posément.
Ce n’est pas quelqu’un qui harangue dans tous les sens le vestiaire. A ses côtés, Théophile Caussé sera vice-capitaine avec une approche de ce rôle différente, se rapprochant plus de ce que pouvait faire Sylvain dans la motivation, le discours fort, le fait d’emmener tout le monde avec lui (ndlr : interview réalisée avant la blessure de Théophile Caussé). Ensuite, d’autres garçons dans cette équipe sont aussi des leaders qui n’ont pas besoin d’un brassard pour apporter au groupe sur et en dehors du terrain.
Romaric, patron de la défense, va devoir composer avec un nouveau gardien, Mate Sunjic, très différent du précédent, Arnaud Tabarand…
Arnaud et Maté, c’est blanc et noir, le jour et la nuit. Ils ont en commun d’être très expérimentés, professionnels et ne laissent rien au hasard. Maté, on ne l’entend pas mais pour autant, il s’intègre parfaitement, prend tous ses repères, petit à petit et se prépare pour être efficace et opérationnel pour la compétition. Peu importe ses matchs amicaux, je sais parfaitement que nous avons là un garçon qui va répondre au défi.
C’est certain que sa personnalité est très différente de celle d’Arnaud mais elle n’en est pas moins complémentaire du groupe. En parlant d’association, Ludwig Appolinaire devrait aussi beaucoup défendre, en lieu et place de Sylvain et j’attends aussi beaucoup d’Edgar Dentz dans ce domaine, qui pourra être associé à Romaric. L’idée, c’est d’avoir le plus de combinaisons possibles.
Cette multitude d’associations se retrouve aussi dans ton projet tactique global ?
L’idée est d’avoir plusieurs options maîtrisées par les joueurs à tout moment d’un match, avec ainsi deux systèmes défensifs possibles et de nouvelles options offensives. Nous avons la chance d’avoir des bases de travail, grâce à une certaine continuité depuis trois ans et nous tâchons de diversifier, de pouvoir surprendre ou de nous adapter aux circonstances et aux aléas d’une saison.
Ce sera aussi le ressenti des joueurs, en action, qui définira quelle option est la plus adaptée. Notre priorité, avec le staff, défensivement comme offensivement, depuis la reprise, a été de renforcer chacun dans ses points forts. On travaille autour de ça et nos matchs amicaux ont offert beaucoup d’enseignements positifs en ce sens.
« Rien ne nous sera offert et le championnat sera aussi compliqué que passionnant. A nous d’y exister et d’y vivre une très belle saison »
Xavier Labigang remplace Sylvain Hochet et Edgar Dentz Kristian Orsted. Un mot sur ces deux nouveaux ?
Xavier possède une très grande précision à la finition et j’aimerais que l’équipe en profite plus. Il est discret dans le vestiaire et remplit parfaitement son rôle des deux côtés du terrain. C’est un bosseur, le type de joueur sur lequel un entraîneur peut s’appuyer à tout moment. Edgar a un style, au pivot, entre ce que peut produire Romaric et ce que fait Axel. C’est très intéressant pour diversifier notre palette et son adresse au tir sera précieuse.
Le départ en cours d’Hakon Ekren offre à Michal Baran l’occasion de se faire une place définitive chez les « grands ». C’est ton avis aussi ?
Michal, il progresse et grandit avec nous depuis un certain temps déjà et je l’ai trouvé plein de confiance à son retour de son passage avec les U21 de l’équipe de France. J’avais déjà la possibilité de l’utiliser beaucoup plus en deuxième partie de saison dernière, mais j’ai voulu prendre le temps. Avec le départ d’Hakon, il va pouvoir désormais occuper un rôle important qu’il a déjà commencé à saisir en préparation. Nous allons continuer de l’accompagner mais ses progrès et son attitude donnent très envie d’en voir encore plus.
Au niveau des jeunes, attends-tu forcément, comme nous tous, confirmation pour Mathieu Salou et Mathéo Briffe ?
Les « jeunes » comme tu le dis, font une très bonne préparation. Mathieu a montré ses qualités la saison passée et nous allons tout faire pour le mettre dans les meilleures dispositions pour que cela continue. Son association avec Dany Mosindi, très bon lors de la préparation, va être très intéressante à suivre ! Mathéo, cela fait cinq saisons que je travaille avec lui, on le connait. Il est une pierre angulaire de notre projet, c’est aujourd’hui un joueur complet, qui sait défendre, tirer de loin, gagner des avantages mais aussi faire les bons choix de passes.
C’est aussi une fierté pour le club que de compter sur ces trois garçons, formés ici, sans oublier Yann Pichon qui je l’espère, va bientôt revenir dans la rotation des gardiens. L’ADN du club est aussi dans sa formation et voir les garçons s’imposer dans notre effectif professionnel au plus haut niveau, récompense le travail de tous.
L’entame de championnat sera musclée, avec Chambéry puis Aix d’entrée de jeu. Quel objectif ambitionnes-tu pour ce groupe ?
Le début de saison sera costaud, on le sait mais nous nous sommes préparés pour. Quand je vois l’état d’esprit qui habite ce groupe, qui l’anime, je sens qu’il peut se passer quelque chose cette saison, que si ce groupe prend confiance en lui, nous pouvons vivre de très bons moments.
Nous n’aurons pas de marge en termes de profondeur d’effectif, nous le savons, mais si il n’y a pas de relâchement, un investissement complet de chacun, je suis convaincu que nous pourrons bouger beaucoup d’équipes. Nous ne devons rien nous interdire et s’imposer face à des équipes comme Chambéry et Aix serait sûrement un message fort envoyé pour la suite de notre championnat.
J’aime ce qui se dégage de ce groupe, il aime travailler, est très concerné et investi, à l’écoute. Pour l’instant, c’est un réel plaisir de l’entrainer, même si on le sait, ce sera difficile et il ne faudra jamais se reposer sur un succès ou une réussite. Au haut niveau, si tu ne fais pas Reset chaque lundi, tu es mort ! Cette transformation d’état d’esprit, c’est ce qui est le plus dur, surtout pour une équipe comme la nôtre qui n’a aucune marge de manœuvre.
Les enjeux individuels de fin de contrat à venir risquent-ils de nuire à ce bel équilibre constaté cet été ?
L’entraineur entraine, les joueurs jouent, les dirigeants dirigent… Chacun doit rester à sa place. Moi, mon métier, c’est le terrain et tout faire pour que mon équipe performe. Je ne dis pas que je n’ai pas de considération pour les enjeux individuels, au contraire, mais je pars du principe que chacun doit apprendre à le gérer, club comme joueurs. C ’est la réalité du sport de haut niveau : accepter et gérer ses situations en maintenant un niveau de performance élevé. L’important est que peu importe l’issue, positive ou négative, pour le club ou le joueur ; tout soit fait correctement.
Un mot sur le championnat, encore une fois très relevé. Le plus dur depuis ton arrivée ?
Le plus dur, je ne sais pas mais je constate que comme chaque année, tout le monde essaie de se renforcer avec des ambitions affichées. Le trio de tête (PSG, Nantes et Montpellier) ne devrait pas trop bouger. Comment Toulouse va digérer son entrée en coupe d’Europe ? Idem pour Limoges qui veut encore grandir. Nîmes démarre un nouveau cycle et sera solide. Chartres s’est renforcé et devrait vivre une toute autre saison.
Et pour ce qui est des promus, sans manquer de respect à Saran et Dijon l’an passé, Tremblay n’a pas du tout l’effectif et la tête d’un promu et sera très compétitif. Istres revient, fort de son expérience de la division. Au milieu de tout cela, restent des équipes comme Aix, Chambery, Dunkerque, Saint-Raphaël, qui luttent tous les ans pour le Top 8 et Ivry et Créteil qui ont l’expérience pour se maintenir dans ce championnat. Rien ne nous sera offert et le championnat sera aussi compliqué que passionnant. A nous d’y exister et d’y vivre une très belle saison.
As-tu toujours la même excitation au moment de démarrer ?
Bien sûr, c’est la compétition qui nous fait vibrer et nous anime, on a toujours hâte que ce premier match officiel arrive, même si on se demande toujours si on est réellement prêts. Rien ne peut remplacer l’enjeu et l’adrénaline qu’offre la compétition. Je dois être à ma quatorzième reprise mais chaque début de saison à son excitation particulière. J’aime ce que cela procure, ce mélange de sentiments qui s’effacent petit à petit dès le premier coup de sifflet. En tout cas, cette équipe a quelque chose à faire cette saison, j’en suis convaincu.