Après avoir déménagé et voyagé au gré de la carrière de son père international slovaque ; portant le même prénom, Michal Baran « Junior » s’est installé en France depuis plusieurs années et commence à se faire une place au sein de l’effectif du CRMHB. Retour sur un parcours atypique et un handball en véritable héritage familial.
Né en Suisse, passé par la Slovaquie, l’Allemagne, la Slovénie ou encore la France, à tout juste 19 ans, Michal Baran a déjà un sacré CV de « globetrotter ».
À travers les exploits de son père, ancien demi-centre international slovaque notamment passé par Angers, il est biberonné au handball et se forge un ADN multiculturel : « En plus du français, je parle couramment le slovaque et le tchèque.
Même si j’ai commencé par le tennis, je me suis vite orienté vers le handball et c’est un peu mon père qui m’a amené vers ce sport. J’allais voir ses matchs lorsqu’il jouait et aujourd’hui, je sais qu’il regarde les miens. Je discute handball avec lui et nous regardons des matchs ensemble. C’est une passion que nous partageons ».
En France depuis plusieurs années, il fait ses débuts à Angers. En plus d’évoluer avec les équipes jeunes du club angevin, il parvient rapidement à toucher le groupe professionnel en intégrant plusieurs séances d’entraînements : « à 17 ans, c’était déjà super pour moi », confie-t-il.
Possédant la double nationalité slovaque et française, l’heure d’un premier choix se présente, celui de la nationalité sportive : « J’ai commencé avec la Slovaquie en U17 et j’ai participé à trois ou quatre regroupements.
Par la suite, mon entraîneur à Angers a discuté avec le coach de l’équipe de France et d’un coup, j’ai reçu une convocation. Quand l’équipe de France t’appelle, la question ne se pose pas. Le choix a été assez rapide ».
« Je dois ma formation à Laurent Sorin (Angers), Mehdi Boubacar et mon père »
Une récompense pas si anodine que ça, et le fruit d’un travail acharné, notamment pendant le covid. Michal Baran « senior » nous le confirme : « Comme j’étais aussi dans le handball, nous avions des installations de musculation et il a travaillé à la maison.
Nous en avons parlé et je lui ai dit de profiter de cette période pour bosser et que quand le covid s’arrêterait, il serait prêt. Il a super bien compris le message et il a bien travaillé pendant trois mois. Il a beaucoup progressé après cette première vague et quand il a repris, c’était un joueur différent ».
Un souvenir encore bien présent également chez le fils : « Je dois ma formation à trois personnes. Laurent Sorin à Angers, Mehdi Boubacar à Cesson et mon père. Il m’a énormément aidé, surtout pendant le covid. Cela a été un peu mon année charnière.
Plutôt que de rester devant la Playstation, il m’emmenait courir, nous faisions des passes dehors et des exercices de musculation. Je n’ai pas eu le droit d’être tranquille (rires), mais j’étais prêt et je suis sorti du lot après ça ».
Une véritable bascule opère avec la construction d’un esprit de compétiteur, et qui de mieux qu’un ancien joueur de haut niveau ayant disputé, entre autres, la Ligue des Champions, pour le développer.
L’étape angevine bouclée, il rejoint ensuite le centre de formation du CRMHB et intègre l’équipe réserve : « Ça n’a pas toujours été facile entre les entraînements et les études. Je n’avais pas fait de pôle espoir avant et je suis arrivé un an en avance. Malgré tout, c’est un rythme que je préfère.
J’ai beaucoup échangé avec Mehdi sur le jeu avec la N1 et nous étions capables d’avoir de vrais échanges, quand ça allait bien, mais aussi quand ça allait moins bien. Ça m’a amené jusqu’à la Starligue quasiment toute la deuxième année. Si je suis aujourd’hui avec les professionnels, c’est que je me suis amélioré à ses côtés ».
Mehdi Boubacar : « Michal doit pouvoir avancer tranquillement dans sa progression tout en restant dans cette volonté d’être tueur »
Son premier match avec l’équipe une, le jeune arrière droit n’est pas près de l’oublier : « C’était face au PSG. J’avais d’ailleurs dit à mon père que je jouerais mon premier match avant mes 18 ans. J’ai même marqué mon premier but, on ne peut pas rêver mieux.
Au début du match, j’ai vu Nikola Karabatic devant moi et je n’arrivais pas à réaliser. Mais dès que je suis rentré sur le terrain, j’ai eu une grosse montée d’adrénaline et j’ai fait en sorte donner le meilleur de moi-même et de profiter ».
Une ascension qu’a suivi de près Mehdi Boubacar, avec un regard très éclairé sur son ancien protégé : « C’est un joueur qui a la capacité de débloquer des situations compliquées en attaque, avec une polyvalence sur le poste d’arrière. Il est un joueur en devenir, cependant, il faut qu’il soit plus performant sur le plan défensif, avec la volonté d’avancer et ne pas reculer sur le porteur de balle.
Sa capacité à jouer avec le pivot est une qualité, mais il ne faut pas en abuser. Il peut aussi tirer de loin, ce qui met beaucoup d’incertitude sur les défenseurs. Michal doit pouvoir avancer tranquillement dans sa progression tout en restant dans cette volonté d’être tueur ».
Intégré pleinement lors de la préparation estivale, avec à la clé un contrat de stagiaire professionnel, Michal Baran apprend dans un groupe sain, toujours prompt à distiller de bons conseils, mais aussi exigeant, à l’image du coach, Sébastien Leriche : « Ça se passe très bien, mais l’objectif était aussi de me mettre dans le bain et de me faire comprendre les enjeux du niveau professionnel.
Ça été un petit peu dur au début car il faut être prêt mentalement. Mais tous les joueurs sont là pour t’aider, que ce soit Romain Briffe pour le tempo du jeu, Sylvain Hochet et Romaric Guillo au niveau de la défense ou encore Robin Molinié sur le poste d’arrière ».
Les étapes s’enchaînent, les minutes de jeu s’accumulent petit à petit et le joueur de 19 ans ne compte pas s’arrêter un si bon chemin : « Maintenant, l’objectif est d’être avec de l’équipe de France U20 pour l’Euro en juillet prochain et de continuer à gratter des minutes avec Cesson, comme contre Aix où j’ai joué 35 minutes. Je veux vraiment aider le groupe et amener quelque chose, pas simplement être le jeune qui dépanne ».
Pour réussir cette mission, pas de doute, l’état d’esprit est là et l’entourage jamais trop loin pour pousser le jeune homme sur le droit chemin. À Michal Baran, dorénavant, d’écrire sa propre histoire et de perpétuer le patronyme familial sous les couleurs du CRMHB en Liqui Moly Starligue, dans l’un des meilleurs championnats du monde.