Un pas de géant pour ce garçon timide. Pour la première fois de sa vie, Edwin Vérité a quitté son Morbihan natal pour rejoindre la capitale bretonne. Prêté par le RC Vannes après plusieurs années en espoirs, place aux duels et à la rudesse de la Nationale 2 pour s’endurcir dans un championnat exigeant.
« Même si je ne suis pas loin de chez moi, ça été un peu difficile de quitter le cocon familial. » Edwin Vérité est comme ça, attaché à ses racines morbihannaises. À Elven, d’où il est originaire, le jeune Edwin découvre l’Ovalie dès l’âge de 5 ans. Rien de plus logique pour le fils d’un ancien joueur.
Parallèlement à son entrée au collège, il rejoint le RC Vannes et brille dans les catégories jeunes : « J’ai été champion de France U14, puis quelques années plus tard, nous avons été champions de France espoirs avec une accession au championnat Elite », souligne-t-il.
Durant sa formation, il croise la route d’un certain Julien Marie, coach en jeunes durant de longues années au RCV puis venu au Rheu il y a trois ans, avant d’en repartir : « J’ai eu la chance de tomber sur un super entraineur et il m’a fait beaucoup progresser. Je lui en suis très reconnaissant. »
Son ancien coéquipier à Vannes, Abel Charrier, décrit un attaquant redoutable, joueur dynamique et imprévisible : « Edwin, c’est le genre de mec qui peut faire la différence sur une action en traversant le terrain ou en cassant plusieurs plaquages. Il peut créer une opportunité de marquer avec pas grand-chose.
Ça nous a fait beaucoup de bien sur pas mal de matchs, en espoirs. Quand tu es pilier comme moi et que tu commences à galérer pour franchir la défense adverse, c’est bien de pouvoir compter sur un gars comme lui pour faire la différence. »
Même son de cloche pour Louis-Marie Suta, autre ancien frère d’armes : « C’est un joueur qui a beaucoup de talent et énormément de qualités techniques. Il arrive toujours à trouver ces petits intervalles. À chaque fois, il s’engage à 100% dans ce qu’il fait. »
« En Nationale 2, face à des joueurs confirmés, c’est plus posé et ça tape beaucoup plus fort »
Si le prêt au REC Rugby paraissait le meilleur compromis à la fin de sa formation, entre la découverte du « rugby adulte », tremplin pour sa progression, et un nouveau port d’attache non loin de chez lui, le joueur de 21 ans a mis plusieurs semaines avant de rentrer dans le moule, lui le passionné de pâtisserie : « Je me sens de mieux en mieux, mais ça a mis un peu de temps. Je n’ai pas joué les matchs amicaux et il fallait aussi s’adapter au niveau ».
Engranger de la confiance aussi, au moment de sortir de sa zone de confort, tant sur le plan humain que sportif. Un élément fondamental au plus haut niveau, moteur également pour Edwin Vérité, au point même de développer un petit rituel d’avant-match : « Je lis des petits mots que j’ai écrits dans mon carnet.
Ce sont des mots pour me motiver et me mettre en confiance. Ensuite, je mets mon protège-dents dans ma chaussette gauche et je sors toujours une heure et cinq minutes avant le coup d’envoi ». La répétition des mêmes gestes, vecteur d’automatismes et de certitudes, sportivement comme psychologiquement.
Capable de jouer aussi bien au poste d’arrière qu’à l’aile, Edwin Vérité admet une vraie différence entre ses années espoirs et le quatrième échelon français : « Les joueurs sont plus jeunes en espoirs et donc ça va plus vite. Alors qu’en Nationale 2, face à des joueurs confirmés, c’est plus posé et ça tape beaucoup plus fort. Il faut du temps pour s’y habituer. »
Si les qualités offensives sont indéniables, le néo-Réciste doit encore progresser sur le plan défensif. Une polyvalence importante à son poste que ne galvaude pas le principal intéressé : « Je dois m’améliorer sur les plaquages et plus globalement sur tout ce qui concerne la défense. Ça progresse, mais c’est un axe d’amélioration qui m’a souvent suivi ».
Son prêt se terminant à la fin de la saison, et en espérant que l’aventure se prolonge le plus longtemps possible pour les « Noir et Blanc », Edwin Vérité, auteur de deux essais face à Marmande, ne se pose pas trop de questions concernant la suite : « J’essaie de faire pleinement partie du projet dans lequel je suis et ensuite, nous verrons bien… »
Passionné de télé-réalité mais aussi de puzzles – ou comment illustrer un éclectisme certain – le jeune trois-quarts assemble les pièces de la mosaïque, le tout dans les quartiers d’Odorico, afin de s’offrir le tableau d’une carrière prometteuse. Et si en cette première saison en N2 du jeune espoir vannetais était venue l’heure de Vérité ? Assurément, le REC ne demande pas mieux !