Deuxième à l’heure de la trêve des confiseurs, le REC Rugby termine bien mieux l’année 2023 qu’il ne l’avait entamée à l’étage du dessus. Avec deux tiers de victoires sur ses douze premiers matchs et quatre bonus défensifs sur le reste, le bilan comptable est bon et l’avenir peut s’envisager sereinement.
La satisfaction n’empêche pas l’exigence quand on vise de progresser de semaine en semaine. Mieux, elle la porte et la renforce : « Aujourd’hui, il y a deux défaites de trop, au minimum. Je pense notamment à Cognac, qui est notre flop de cette première partie de saison. Nous avons à ce jour la deuxième attaque du groupe, nous sommes l’équipe ayant inscrit le plus d’essais (38) mais nous avons aussi la douzième défense… »
Kévin Courties est un coach qui sait d’où il vient mais surtout où il souhaite aller. Hors de question, ainsi, de se gargariser pendant les fêtes en pensant que le boulot est terminé, loin de là. Si le REC Rugby a offert de très belles partitions, retrouvé de l’harmonie et de la régularité dans ses compositions, la douce mélodie d’un printemps chantant est encore un peu trop lointaine à l’heure d’attaquer 2024 : « Nous en saurons plus sur notre capacité à rester sur le podium en janvier. Nous allons recevoir le leader Salles dès la reprise, aller à Graulhet puis recevoir Marmande. Si l’on sort indemnes de ce bloc, avec un maximum de points, la suite devrait être très positive… »
« Le samedi venu, ils doivent pouvoir jouer de la harpe comme du violon ! »
Pour la nouvelle année, le REC va ainsi s’atteler à garder son panache offensif, autour de son meilleur marqueur, Quentin Dauvergne (6 essais), il va devoir serrer les boulons défensifs, bien que le jeu demande la prise de risque. A l’image des choix d’aller marquer l’essai plutôt que de prendre les pénalités : « Dans ce championnat, on le voit bien, il est très compliqué de pouvoir scorer et quand on s’approche de la ligne, le staff mais aussi les joueurs préfèrent aller chercher 7 points, quitte à ne pas y parvenir, plutôt que d’en prendre trois. On essaie de marquer le plus souvent car on ne sait jamais quand on va revenir dans cette zone adverse du terrain. Cela demande beaucoup d’énergie et créé forcément des brèches, à la longue. Nous avions dès le début de saison le souhait de remettre l’aspect offensif au cœur du sujet, de décomplexer les joueurs et de les mobiliser sur l’intelligence de jeu.»
Non, le sport collectif, ce n’est pas juste cela et encore moins au REC, où le groupe grandement chamboulé et reconstruit lors de la dernière intersaison a très vite pris son rythme de croisière. Entre expérience, vécu, souhait de se relancer et promesses de la formation et post-formation locale qui se confirment de semaine en semaine.
La concurrence est rude, comme le confiaient par exemple les « anciens » Téo Gazin et Enzo Salvai en novembre et décembre dans nos colonnes, mais la concurrence, saine et logique pour un ambitieux comme le REC, pousse chacun vers le haut. De quoi compliquer le travail de Kévin Courties et ses adjoints ? « Ils sont pro-actifs et prennent l’initiative aussi, ce n’est pas un coach qui décide et un joueur qui exécute. Franchement, le sport, ce n’est pas non plus la NASA une fois sur le terrain. La NASA, c’est pour le staff, dans la semaine, où l’on va examiner, rechercher toutes les informations et les éléments pour offrir à nos joueurs un maximum de solutions. Il faut donner un sens à notre travail, aux séances d’entraînement. Dans la vie, plus on vieillit, plus on se fait de nœuds au cerveau mais l’idée, c’est d’offrir tout ce qu’il faut à nos joueurs. Le samedi venu, ils doivent pouvoir jouer de la harpe comme du violon !» Avant d’ajouter : « Nous avons un groupe de mecs très autonomes, capables de se gérer et de se discipliner en semaine comme en match. Ils ont des compétences eux aussi, évidemment et des connaissances et du discernement, comme dans tout sport, individuel ou collectif. Il faudrait arrêter de penser qu’ils sont des vases vides ! Bosser avec ces mecs-là, c’est un grand bonheur, le plaisir pour nous aussi, en tant que coachs, de progresser. Pour exemple, à la mi-temps, notre rôle n’est de parler que quelques minutes, d’ajuster des choses que l’on a pu voir. Une étude indique que peu importe le résultat, la pause leur permet de se reconnecter. Eux se parlent, se disent les choses et cela fait avancer tout le monde. »
« On verra à terme sur plusieurs années si la coupe du monde a fait son effet en nombre de licenciés »
Les voyants sont ainsi au vert pour la formation bretillienne qui symbolise avec la belle saison du RC Vannes en Pro D2 la belle dynamique du rugby de l’Ouest. Un enjeu très important à moyen et long terme pour le développement de l’Ovalie bretonne, dont le réservoir ne peut pas encore rivaliser avec le Sud-Ouest mais dont l’avenir passe par des locomotives permanentes et une envie d’avancer tous ensemble. Si les équipes engagées sur le plan national comme Vannes, Rennes, Le Rheu ou Saint-Malo sont les fleurons de la bande, Melesse, Bruz, Bain, Redon et bien d’autres travaillent dur.
Cela est évidemment regardé attentivement du côté du REC : « On verra à terme sur plusieurs années si la coupe du monde a fait son effet en nombre de licenciés mais ce qui est certain, c’est qu’il faut peut-être passer un cap sur les divisions régionales où il faut se projeter au niveau national, sortir d’un rugby régional pour arriver dans la performance. Nous essayons de notre côté d’apporter notre pierre à l’édifice, 34 de nos espoirs sont en double-licence dans 17 clubs et essaient d’apporter dès qu’ils jouent sous leurs couleurs ce qu’ils vivent avec nous. Beaucoup de monde œuvre pour faire avancer les choses et il faut continuer ainsi. D’ailleurs, je tiens à souligner l’implication et le soutien de nos bénévoles, ils sont aussi très importants dans nos résultats. » Rendez-vous est donc pris pour repartir donc sur les mêmes bases avec le même enthousiasme face à Salles le 14 janvier.