Arrivé en compagnie d’Håkon Ekren en provenance de Sélestat, le pivot danois prend son mal en patience dans ce début de saison. Venu à Cesson pour franchir un nouveau cap dans sa carrière, le numéro 17 des Irréductibles ramène avec lui son style et sa culture du jeu, poussé par l’envie de prouver qu’il a sa place en Liqui Moly Starligue.
Difficile de passer à côté de Kristian Orsted à la Glaz Arena. Du haut de ses 2m10 et de ses 132 kg, le gaillard en impose et pourrait concurrencer son collègue Romaric Guillo au casting d’un “Thor” ou “Games of Thrones”. Un physique gaillard et solide, impressionnant, qui l’a vite poussé à s’orienter vers le handball : « J’ai toujours fait du foot avant et j’ai commencé le hand vers l’âge de douze ans. Ensuite, c’est devenu compliqué de faire les deux et puis de toute façon, vu mon physique, ça aurait été compliqué de faire une carrière dans le football (rires) ». Rien d’infamant dans un pays où le handball est le second sport pratiqué et remplit des salles de 15.000 personnes.
Une finale d’accession en Liqui Moly Starligue perdue qui change tout
À Aarhus, sa ville natale, il découvre le haut niveau à l’IK Skovbakken puis à l’Aarhus Handbold avant de s’engager pour Bjerringbro-Silkeborg, non loin de chez lui, club avec lequel il dispute la Ligue des Champions : « Le niveau est tellement élevé… Il n’y a pas de place pour les erreurs. Une perte de balle et c’est but direct derrière. Parfois, tu as l’impression d’avoir fait un match parfait et tu repars avec une défaite de six ou sept buts d’écart. À l’époque, je n’ai pas beaucoup joué, car j’avais devant moi Michael Knudsen (ndlr : l’un des meilleurs pivots danois, 244 sélections en équipe nationale)… » Il rejoint ensuite Elverum, en Norvège. Si la Ligue des Champions est une nouvelle fois au programme, « Kiki », comme on le surnomme, est freiné par les blessures.
Après avoir baroudé en Scandinavie et déterminé à retrouver du temps de jeu, l’heure de la grande aventure a sonné, direction la France et la Proligue. Cherbourg le repère et l’enrôle. Un choix qui peut surprendre, mais pas le principal intéressé : « Je voulais reprendre du temps de jeu et j’avais envie d’aller en France pour jouer un jour en Liqui Moly Starligue. Je voulais y aller étape par étape et la Proligue me permettait de jouer. Même en ayant disputé la Ligue des Champions avant, c’était compliqué. J’ai prouvé ce que je savais faire, en tant que joueur mais aussi en tant qu’homme, en étant loin de la famille. Vivre du sport, c’est le rêve de ma vie ».
Un joueur attachant, simple et aussi accessible et agréable qu’il en impose. Lors de son passage à Cherbourg, ironie de l’histoire, il perd la finale d’accession en Liqui Moly Starligue face à Sélestat… son futur club. Un revers qui lui permet, paradoxalement, de découvrir l’élite française. Avec le club alsacien, il tape dans l’œil du CRMHB et un an après son arrivée dans le Bas-Rhin, il rallie la Bretagne. Une arrivée jumelée à celle d’Hakon Ekren, coéquipier devenu ami, et avec qui il a partagé une bonne partie de sa carrière. Elverum, Cherbourg, Sélestat et Cesson, voilà les étapes communes des deux scandinaves.
Un parcours quasiment similaire mais des choix avant tout personnels : « Nous en avons parlé ensemble mais ce n’est pas ce qui a motivé ma décision. C’est surtout la meilleure étape pour nous et c’est Cesson qui nous voulait tous les deux. Néanmoins, ça reste agréable car nous nous connaissons depuis sept ans et nous parlons de pas mal de choses en dehors du handball. Dernièrement, ma famille est venue me voir et lors d’un repas avec eux, Hakon était présent. Je connais aussi sa famille ».
Le Norvégien, élogieux au moment d’évoquer son coéquipier : « Kristian est quelqu’un de gentil, juste et bienveillant. Sportivement, c’est un grand pivot avec une palette assez large. Sur le terrain, il vit les choses pleinement, avec beaucoup d’émotions ». Trop peut-être même, parfois. Plutôt calme dans son quotidien et adepte des soirées « Netflix and Chill », le numéro 17 cessonnais a parfois du mal à gérer ses émotions sur le parquet : « J’aime gagner et je m’énerve parfois un peu vite. C’est de la frustration et je travaille là-dessus. Je ne dois pas laisser l’énervement prendre le dessus et influer sur mon jeu. À moi de gérer mes émotions ».
« Quel que soit l’âge, si tu ne cherches pas à progresser, tu stagnes »
Une frustration sans doute présente dans ce début de saison difficile, mais qui n’empêche pas le pivot d’apprécier ces premiers mois sous ses nouvelles couleurs, avec l’envie de relancer la machine : « Tout d’abord, c’est une très belle équipe, avec un niveau supérieur à ce que j’ai pu connaître auparavant, et un super groupe. Je me suis facilement intégré. Ensuite, même si c’est un peu compliqué sur le terrain, je pense qu’il faut du temps pour développer les relations. Je me trouve de mieux en mieux et je ne suis pas encore à mon meilleur niveau. C’est aussi à moi de faire plus, à l’entrainement et en match. J’évolue avec deux très bons pivots, Axel et Romaric, et je vais continuer à progresser. Même si je me sens un peu vieux, je fais pourtant partie des plus jeunes (rires), et de toute façon, quel que soit l’âge, si tu ne cherches pas à progresser, tu stagnes ».
« Je me trouve de mieux en mieux et je ne suis pas encore à mon meilleur niveau »
Fan de tactique, le Danois est de ces joueurs qui privilégient le collectif : « Si je ne marque pas mais que je fais bien les choses pour les autres, et que nous gagnons derrière, je suis content ». Une mentalité irréprochable collant parfaitement à l’ADN irréductible, qui ne sera pas de trop pour les combats compliqués annoncés attendant le CRMHB dans les semaines et les mois à venir.