« Il faut le reconnaître, Monaco était plus fort que nous. Ce soir, nous avons été battus par une meilleure équipe ». Julien Stéphan a bien vu le même match que les supporters, journalistes et même photographes. Pour l’anecdote, ma chère carte mémoire a finalement renoncé à laisser une trace de cette rencontre et a préféré afficher un black-out au moment de ressortir les images marquantes de la soirée. Comme un symbole, dirons-nous. Car passée cette anecdote purement personnelle, ce Rennes-Monaco laisse encore plus de doutes mais aussi d’inquiétudes que la précédente défaite concédée à Marseille. Après quinze journées, Rennes n’a remporté que trois petits matchs en championnat, soit moins qu’en Europa League en cinq matchs. Quinze petits points en quinze matchs, une moyenne pas bien compliquée à calculer, un rythme de reléguable, n’ayons pas peur des mots, même si le chemin est encore long et un rebond toujours possible : la crise est bien là, de confiance comme de résultat. Une réaction est impérative tant les signaux alarmants s’empilent, prestations manquées après prestations décevantes. Julien Stéphan, fraîchement arrivé, est entraîneur, et pas magicien. La preuve que le mal est profond…
Tout va donc de mal en pis, et ce n’est pas être trop alarmiste que de l’écrire aujourd’hui. Contre Monaco, Rennes n’a jamais eu le contrôle ni l’impact pour dominer son adversaire. Le Stade Rennais n’est jamais apparu maître de son sujet, capable de changement de rythme ou de déséquilibre, avec la possibilité de déranger un très bel adversaire. Détruit physiquement par la puissance adverse des Fofana, Singo, Salisu, Camara et mis au supplice par l’intelligence du tandem Minamino-Golovine, le milieu de terrain rennais, privé de Nemanja Matic, n’a pas existé, pas plus qu’une efficacité défensive une nouvelle fois insuffisante avec deux buts concédés totalement évitables, signés Vanderson, seul au second poteau puis Fofana, auteur d’une percée en solo sans résistance ni coup un brin briscard susceptible de l’arrêter. Un but marqué par l’équipe princière à 10 contre 11 s’il vous plait, comme pour remettre une couche de plus à la terrible copie rendue par les Bretons. Le pénalty de Benjamin Bourigeaud et le missile de Mahamadou Nadiga sorti de la lucarne par Köhn, en mode festival, ne feront, de l’autre côté du terrain, pas oublier la prestation apathique d’une attaque encore plus inquiétante qu’une défense souvent pointée du doigt. Arnaud Kalimuendo en mode fantomatique, Amine Gouiri en grande difficulté et Ludovic Blas transparent, le constat est terrible, ce au vu des investissements consentis mais surtout, de l’impression laissée question combativité… Aucun duel remporté pour l’ancien parisien face aux colosses adverses, aucune occasion digne de ce nom et un manque d’idées et de liant à l’image de cette série de jonglages dans la surface de Ludovic Blas dont on recherche toujours l’intérêt …Cette prestation « collective » offensive a eu de quoi inquiéter, avant les rentrées intéressantes de Bertug Yildirim, dangereux sur chaque appel et prise de position et de Martin Terrier. S’il n’est pas encore revenu à son niveau, le numéro 7 rennais, de part son intelligence de jeu, change tout et sera primordial pour la suite des événements.
Le constat du soir est sombre, entre une impression de résignation, d’inquiétude mais aussi l’acceptation d’une saison qui a de fortes chances d’être difficile jusqu’au bout. Cela peut arriver, à tous, et doit être compris à temps afin de ne pas tomber encore plus bas. Après six saisons de rang européennes, fait unique dans l’histoire du club, faites de spectacle, de plaisir et de paillettes, l’heure semble ne plus être à la fête. Rien n’est terminé et les deux déplacements à Toulouse et Clermont, avec des issues favorables, adouciraient la note d’une première partie de saison clairement ratée. Janvier et son mercato devront être animés pour rééquilibrer un effectif qui ne l’est clairement pas suffisamment afin de retrouver un nouveau souffle et peut-être, une place plus digne des ambitions et du standing d’un club aujourd’hui dans le dur.