Engagé sur la transat Jacques Vabre Normandie – Le Havre disputée en novembre dernier en catégorie Ocean Fifty, le trimaran drivé par Pierre Quiroga et Ronan Treussart a bouclé sa première transat en résistant aux nombreux éléments contraires. Une performance saluée à sa juste valeur.
Les premières fois gardent toujours une saveur particulière, qui ne s’altère pas avec le temps et conserve intactes les émotions et sensations qu’elles procurent. Du siège de Viabilis à Saint-Grégoire aux Antilles, malgré les kilomètres, les mêmes sentiments. La fierté notamment, celle d’être allé au bout d’une course intense et compliquée qui n’a pas fait de détails et qui a contraint la moitié des engagés en Ocean Fifty à l’abandon.
La première pour le trimaran de 50 pieds, engagé dans un projet de quatre ans avec pour horizon et point d’orgue la Route du Rhum 2026. Viabilis, déjà partenaire sur la dernière Route du Rhum d’Arnaud Pennarun sur Pen Duick III, confirme ainsi son entrée dans le monde de la voile en Ocean Fifty avec son propre bateau et son duo de skippers, pour l’occasion, Pierre Quiroga et Ronan Treussart.
« Il y a un stress permanent, une épée de Damoclès au-dessus de la tête »
Une performance pour Viabilis Océans, validée le 17 novembre dernier avec une arrivée bouclée après 5.500 milles parcourus en 12 jours, 1 heure, 53 minutes et 1 seconde passés en mer. Un soulagement aussi, avec les conditions compliquées affrontées et le stress de cette première pour Arnaud Gotreau, Président de Viabilis. Pierre Quiroga pouvait être heureux après avoir franchi la ligne d’arrivée : « Quelle joie d’arriver le matin aux Antilles, il y a toujours du vent… Quel bonheur de passer cette ligne après une aventure incroyable avec Ronan. Je retiens que les Ocean Fifty sont des machines extraordinaires avec lesquelles on prend un plaisir fou dans tous les cas de figure. »
Ravi des performances de son bolide ultra-rapide de 15,24 m le long et 15,10m de large, il confie : « Combien de fois, nous nous sommes émerveillés d’aller aussi vite, parfois entre 25 et 30 nœuds ! Cela offre des sensations et des perspectives de course incroyables. Ce fut une Transat Jacques Vabre très réussie. Sur ces multicoques, il y a un stress permanent, une sorte d’épée de Damoclès car tu n’as en aucun cas droit à l’erreur. Il faut rester lucide de bout en bout. Ce final dans la baie de Fort-de-France fut sublime, sur une coque. »
Une sensation de vitesse et d’être sur un fil partagée par Ronan Treussart, son co-skipper : « Ces bateaux sont formidables mais tu ne peux pas faire n’importe quoi, nous l’avons senti chaque jour. C’est évident qu’une transatlantique en multicoque n’a rien à voir avec une transat en monocoque, comme j’ai déjà pu en faire. Ma première, c’était en 2006. J’en ai fait beaucoup en monocoque et cette fois-ci, j’ai vécu encore autre chose. Au portant dans les alizés, si tu veux aller vite, tu prends des risques à chaque instant, il n’y a jamais eu un moment de relâchement… Et quand cela s’arrête, cela fait bizarre : plus de bruit de mer, de vent dans les voiles, c’est le retour à la civilisation. Cela se fait presque trop vite ! »
La course, elle, s’est apparentée à une chevauchée fantastique, une bagarre de tous les instants mais surtout une vraie course-poursuite à travers l’océan Atlantique. Cette Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre 2023 va incontestablement marquer les mémoires des deux skippers mais également du grand public venu en nombre saluer les marins en Martinique. Une édition en deux parties (Le Havre-Lorient puis Lorient-Fort-de-France), du fait de la tempête Ciaran, au cours de laquelle Viabilis Océans a su tenir le choc dans un golfe de Gascogne secoué, maintenir la cadence, jouer des coups tactiques au passage des Canaries et s’accrocher à une tête de flotte difficile à contenir.
Des souvenirs aussi et des promesses, avec de nouvelles échéances à venir pour Viabilis Océans, et l’envie de s’installer dans la durée. Pierre Quiroga, lui, au-delà de la compétition, a gagné des souvenirs à vie : « Avant l’arrivée, nous avons savouré le dernier coucher de soleil et le lever de soleil, ce matin-là. Avec Ronan, nous avons vécu beaucoup de belles choses, une amitié s’est véritablement créée. » L’aventure est définitivement lancée, avec déjà, le cap fixé vers de nouveaux horizons et de nouvelles performances !