Les vertus de courage, d’abnégation, de ne pas avoir abandonné ne suffiront pas ce dimanche soir. Pour les amoureux ou suiveurs du club, le constat est tout autre, aussi amer qu’inquiétant, aussi implacable que pragmatique : le (non) mercato et les choix de l’été n’ont pas payé et l’ambition affichée par les dirigeants d’aller titiller la troisième place sont à ranger au placard pour un long moment. Si Baptiste Santamaria, sur Prime, expliquait « qu’il n’y a pas danger parce qu’on a pas beaucoup de défaites, et qu’il suffira d’une série pour remonter » , encore faudrait-il gagner un match en Ligue 1 (seulement deux à ce jour face à Metz et Nantes en 12 rencontres) et montrer autre chose, à 10 comme à onze.
Face à une équipe lyonnaise toujours en quête d’un premier succès cette saison, la donne était simple pour Rennes : gagner ou risquer de dire d’une part adieu au podium d’une part mais surtout de plonger dans une crise, tant de confiance que de résultat. Il fallait de la sérénité, de la patience. Maîtriser ses nerfs aussi, et ne pas surjouer, surtout après avoir disputé un bon match jeudi face au Pana à 10 contre 11 pendant plus d’une heure. Cela laisse forcément des traces… Une trace, Nicola Tagliafico en aura surement une sur le tibia suite à la grosse semelle de Guéla Doué, au bout de quatre minutes de jeu. Jaune, puis rouge direct, logique, donné par Stéphanie Frappart, confirmé par le VAR. Rien à redire sur ce coup-là, si ce n’est qu’après Omari à Nice et Bélocian face au Pana, la jeunesse rennaise en défense s’illustre une nouvelle fois… Si le club a assumé et pleinement assuré que son choix de ne pas recruter en défense était le bon en septembre, les faits ne confirment clairement pas cette version alors que novembre avance et enfonce le Stade Rennais au classement. Condamné à évoluer toute la partie à 10, le Stade Rennais a fait le dos rond. Benjamin Bourigeaud a découvert le poste d’arrière droit et a fait ce qu’il a pu. Le capitaine rennais, bien conscient de la très mauvaise dynamique de son équipe, se montrait très marqué en conférence de presse.
Côté terrain, pas d’occasion ni de possibilités face à un bloc lyonnais resté bas, sans imagination, fébrile malgré sa supériorité numérique et pauvre techniquement. Il manquait l’essence, le lien entre l’attaque et le milieu de terrain dans la dernière passe côté rennais malgré la grosse prestation du duo Matic-Le Fée, chacun dans son rôle. La hargne, le métier et une vraie envie d’aller de l’avant pour l’un, la technique, une montée en puissance et des bonnes intentions pour l’autre. Cela n’aura pas suffit, ni en première, ni en seconde période, où Bruno Genesio rentrent trois joueurs sans pour autant inverser le cous des choses. Devant, le doute est là, les initiatives rares et les appels rarement les bons. Derrière, chaque erreur amène un but voire une défaite. Pour couronner le tout, alors qu’un bon vieux 0-0 n’aurait pas fait tâche, le « technicien » O’Brien se chargeait lui-même de marquer l’unique but de la rencontre à bout portant, à la 68′. Une frappe cadrée de Gouiri en fin de partie, reprise in-extremis, quelques corners et une situation litigieuse sur Arnaud Kalimuendo et Jeanuël Bélocian non sanctionnés par Mme Frappart, donnaient quelques frissons au kop rennais mais c’était bien insuffisant pour priver Lyon de son premier succès. Un de moins seulement par rapport à un adversaire du soir qui plonge dans la crise avant une trêve internationale qui s’annonce des plus tendues.
Si Bruno Genesio déclarait jeudi soir ne pas être venu à Rennes pour jouer la dixième place, le club n’entend pas non plus batailler pour le maintien alors qu’un point seulement sépare désormais les « Rouge et Noir » de Lorient, 16ème… Il va pourtant devoir regarder derrière et arrêter de se rassurer en évoquant la qualité de son effectif. Les faits, les résultats seront les seuls juges de paix, rien d’autre. Si le SRFC en a connu d’autres lors de ces 20 dernières années, il avait en revanche perdu l’habitude de tomber aussi bas depuis cinq ans. Lucide en conférence de presse, le coach concédait : « Je suis toujours lucide sur ma situation. Lorsque vous avez 12 points en 12 journées dans un club qui a pour objectif la C1, évidemment que le coach se pose en premier responsable et qu’il y a des interrogations sur son cas, c’est normal. » Est-il pour autant réellement en danger ? Virer un entraîneur est-il la solution quand une addition d’erreurs, individuelles ou collectives, dans l’instant comme dans une durée plus large, plombe un effectif pourtant à l’évidence capable de mieux ? Rien n’est moins sûr et ramener un pompier de service n’offrirait aucune garantie. Si le mercato d’hiver permettra incontestablement de rééquilibrer un effectif qui doit trouver des leaders et de l’expérience, il reste encore du chemin et des points à vite prendre pour s’éviter de creuser encore. Si c’est à la fin du bal que l’on paie les musiciens, gare à ce que l’addition ne soit pas trop salée et que la mélodie ne devienne pas définitivement inaudible…