Extrait JRS 69- CRMHB : Entretien exclusif – Sylvain Hochet : « Une fierté d’avoir passé tant d’années ici et d’y avoir performé »

Il laissera forcément un vide la saison prochaine… En fin de contrat en juin 2024, Sylvain Hochet nous a confirmé la fin de l’aventure avec les Irréductibles mais il garde un appétit de jeu et de compétition intacts. S’il compte bien les épancher loin de la Bretagne, le capitaine entend avant cela redresser la barre aux côtés des siens en championnat.

Les plus belles histoires ont une fin et la tienne avec le CRMHB est désormais fixée à juin 2024…

C’est exact. Le club m’a averti fin juin de son souhait de ne pas me prolonger pour la saison prochaine en tant que joueur, même s’il aimerait me garder au club dans un rôle restant à définir. Moi, pour le moment, je veux encore jouer, je me sens en forme, j’ai de bonnes sensations et l’envie d’aller chaque jour à l’entraînement, de jouer. Performer, cela fait partie de notre métier de handballeur professionnel et je ne compte pas m’arrêter tout de suite. Nous verrons si les propositions et les possibilités sont là mais je n’ai pas encore décidé de terminer ma carrière.

Ton ambition est-elle de continuer en Starligue ?

Clairement oui, je ne me vois pas continuer au-dessous car c’est l’adrénaline, le plaisir d’évoluer dans ce championnat qui me pousse, me motive. Ce n’est pas un manque de respect pour la Proligue ou même d’autres divisions mais je veux rester au niveau où j’évolue. La décision, quand il faudra la prendre, sera actée quoi qu’il arrive en famille, car je ne suis pas tout seul à décider de la suite que je souhaite. Tout le monde doit s’y retrouver.

Ta déception a dû être forte à l’annonce de ce choix du club… As-tu demandé des explications ?

Sincèrement, je n’ai rien demandé ou contesté, je savais bien, année après année, que ce moment risquait d’arriver tôt ou tard. Nicolas Lemonne et David Christmann me l’ont annoncé. C’est le choix du club et je le respecte. Bien sûr, j’aurais aimé aller au bout de ma carrière ici, ne porter les couleurs que d’un seul club mais ça ne s’est pas fait. C’est le mode pro, c’est comme ça. Je suis parti en vacances peu après l’annonce, j’ai décompressé, pensé à autre chose et rechargé les batteries. A mon retour, ça faisait un peu bizarre, on en discute avec les collègues et puis le travail prend le dessus et on met tout dedans, avec l’envie de réussir une grosse année.

« J’ai grandi ici, comme joueur mais aussi comme homme »

L’histoire aurait été belle d’aller jusqu’à 2025 avec Romaric Guillo ou Romain Briffe , qui seront en fin de contrat à ce moment-là…

Romaric et Romain, ce sont aujourd’hui des amis avant même d’être des coéquipiers. On a tout connu ensemble à Cesson, et ils seront toujours là, même après ma carrière. Ils savent qu’ils peuvent compter sur moi. Dans ma carrière, j’ai eu la chance de connaître beaucoup de monde, de croiser plein de personnes. Certains sont devenus des potes, d’autres non, mais ça a été un privilège de vivre tant de choses dans ce vestiaire.

Tu as connu le Palais des sports, vécu toute ta carrière à Cesson, en a été de nombreuses années le capitaine et le symbole. Est-ce une fierté qui remplace un trophée ou une participation à l’Europe ?

J’ai eu l’opportunité de partir, à Nîmes notamment, il y a quelques années. Si j’avais pensé à ma carrière, égoïstement, sans prendre en compte tout ce qu’il y a ici de particulier, je serais parti. Mais ici, j’ai la fierté d’être resté aussi longtemps, d’avoir performé mais aussi d’avoir été l’un des symboles du club. C’est quelque chose de fort. J’ai grandi ici, comme joueur mais aussi comme homme, je suis devenu père, avec ma compagne, nous avons construit notre famille. Je retiens évidemment les moments joyeux, nos deux dernières saisons, celle où l’équipe fut la plus forte à mes yeux, mais je n’oublie pas non plus les luttes acharnées pour le maintien, les sauvetages sur les dernières journées. Tout cela restera, ça m’appartient. Ce ne sont pas des trophées mais c’est au moins aussi fort.

Pas question pour autant, de revivre une fin de saison stressante en juin prochain ?

Clairement non, nous allons tout faire pour ne pas avoir à connaître les scénarios d’hier. Notre début de saison n’est pas facile, nous avons joué du lourd avec Nantes, Montpellier et Toulouse, qui sont clairement au-dessus de nous même si nous avons joué avec combativité et qualité face aux deux premiers. Contre Toulouse, en revanche, l’état d’esprit, le contenu comme le résultat, rien n’y était. C’est notre gros loupé de la saison. A Saint-Raphaël, qui affiche de très grosses ambitions, nous passons tout proche d’un beau résultat et nous faisons le travail contre les promus Saran et Dijon, qui vont casser les pieds à pas mal d’équipes. Le gros regret, c’est cette défaite contre Chartres. Ça se joue sur les fameux petits détails, un poteau, un arrêt, et nous avons manqué de ce petit quelque chose qui fait basculer les choses pour nous.

Peut-on parler d’un manque de maîtrise sur certains moments clés, comme à Saint-Raphaël ?

Nous perdons ces deux matchs avec un petit but d’écart, c’est qu’il y avait donc la place pour faire mieux. Sur la dernière possession contre Chartres, nous bafouillons, ne faisons pas ce que nous voulions et devions faire, mais c’est aussi pour cela que nous ne sommes pas plus haut pour l’instant au classement (ndlr : 10e après le succès à Nîmes 30-24 lors de la 8e journée). Le groupe travaille bien, l’ambiance est très bonne. Un nouveau projet de jeu a été mis en place cet été, avec pas mal de nouvelles choses à assimiler, ça ne se fait pas en deux matchs. On a bossé dessus pendant la préparation mais la compétition, c’est autre chose. Les adversaires nous étudient, travaillent pour nous contrer, nous gêner. On prend plus de buts, c’est aussi le prix à payer.

« J’ai beaucoup travaillé depuis la fin de saison dernière pour être en forme »

Quelles solutions vois-tu pour faire un gros mois de novembre ?

Nous allons jouer des équipes de  « notre » championnat, avec Créteil, Dunkerque et Ivry, il va peut-être falloir en mettre encore un peu plus, notamment à la Glaz, où il faut retrouver ce quelque chose qui fait que les adversaires savent qu’ils vont souffrir en venant chez nous. Je suis convaincu que l’on a de vraies qualités, que l’on va rapidement prendre des points. Daniel Mosindi va peut-être aussi bientôt nous rejoindre et il apportera sa pierre au projet de jeu. Son profil a forcément manqué dans ce que l’on voulait mettre en place. A nous de prendre nos responsabilités et de trouver un peu plus de confiance et de certitudes dans notre jeu, et peut-être de moins nous focaliser sur les forces ou faiblesses adverses.

Personnellement, comment juges-tu ton début de saison et comment te sens-tu ?

Je suis bien, tranquille, en pleine forme ! J’ai beaucoup travaillé depuis la fin de saison dernière pour être en forme, j’ai perdu 4 ou 5 kg et me sens vraiment bien, avec des bonnes sensations. Sur le temps de jeu que j’ai, je fais le maximum, je donne tout et je pense répondre à ce que le staff me demande. Même si je n’y accorde pas d’importance, et ne vais pas commencer aujourd’hui, je vois que les stats sont bonnes. A moi de tout faire pour maintenir cela et aider l’équipe au max. Sur les ailes, tout le monde est plutôt sur une bonne dynamique, avec de l’efficacité. A nous de continuer ainsi pour offrir un maximum de solutions et d’efficacité aux copains.

Revenir jouer ici, à la Glaz, contre Cesson, ce serait très étrange… Tu y penses déjà, parfois ?

Sincèrement, non, j’ai beaucoup d’autres choses à penser et un paquet de combats à mener d’ici là avec les copains. Après, repose-moi la question si cela se présente, je pense en effet que ce serait quelque chose de très particulier… mais c’est aussi ça, le monde pro !