Voilà longtemps, vraiment très longtemps, qu’une telle sensation n’avait pas été ressentie dans une Glaz Arena habituée au combat depuis trois ans et demi. Parfois groggys avec des défaites, souvent fiers au-delà d’un résultat et régulièrement comblés de victoires, les supporters n’ont que rarement eu le loisir et le « droit » de siffler leurs joueurs depuis la remontée du club en Starligue après un tel match. Si ce droit, selon la perception propre à chacun du sport et du supportariat, relève presque du sujet philosophique, pas besoin d’être Freud ou Nietzsche et encore moins un spécialiste de handball pour comprendre que les Irréductibles ont déposé les armes avant même de combattre au moment de défier un Fenix de Toulouse qui n’en demandait pas tant et qui n’avait surtout pas besoin de cela.
D’habitude si prompt à imposer un défi physique, à mettre une intensité en défense et à emmener sa salle avec lui, le CRMHB a tout raté ce samedi soir, proposant un match sans âme et sans idée, peu aidé par une salle très rapidement au diapason d’une bien triste soirée sans émotion, sans ambiance et sans jeu. Bien qu’un peu plus de 2000 personnes aient garni les travées de l’antre cessonnais, on entendait les joueurs se parler, les Toulousains hurler leur joie à chaque but, dans une symphonie à l’issue irrémédiable dès les premières minutes de jeu. Celles-ci sont manquées par le CRMHB, trop vite à la course derrière des Toulousains ayant décidé pour une fois, de plus s’appuyer sur des arrières puissants et aériens que sur leurs habituels feu-follets de l’aile, Kempf et Ilic. Résultats, des missiles à répétition, avec beaucoup de liberté, pour mitrailler Arnaud Tabarand, peu en réussite et pas toujours aidé par une défense inhabituellement friable. Incapables de proposer une réponse aux différentes propositions toulousaines, les Bretons ont subi, plié et cédé, inexorablement. De l’autre côté, Jef Lettens sort une prestation propre mais les tirs locaux ne mettent pas à mal l’ancien gardien de la maison, uniquement mis en échec par Robin Molinié, l’un des seuls joueurs à sortir de ce match sans avec un 7/9 sauvant un peu les apparences. A la pause, Cesson est déjà derrière mais presque miraculeusement en vie (13-17).
A la mi-temps, fait rare, les Irréductibles restent très longtemps aux vestiaires et ne reviennent qu’à quelques minutes de la reprise sur le parquet. Si on imagine facilement un énorme savon de Sébastien Leriche, force est de constater que celui-ci ne nettoie pas les maladresses et l’insuffisance du soir de ses joueurs. Bien qu’engageant, les Cessonnais ratent la première attaque et se retrouvent rapidement menés de cinq buts, puis de sept. L’affaire est pliée et Toulouse voit la vie en rose, se permettant de gérer pendant plus de 20 minutes une affaire parfaitement menée. De l’autre côté, des échecs aux tirs, l’absence d’arrêts et surtout, l’incapacité en enchaîner les passes et à mettre du rythme enfonce une ambiance et une œuvre globale mauvaise. Quelques sifflets, fait unique ou presque dans la Glaz Arena, viennent accompagner les locaux au coup de sifflet final, ajoutant une dernière touche de noir à une soirée ratée de A à Z (24-32).
Un jour sans, cela arrive. Contre Nantes, contre Montpellier et encore plus à Saint-Raphaël, les Irréductibles étaient là, répondant aux adversaires, aux problématiques posées, proposant des solutions, des idées et tombant la tête haute. Là, non, et cette piqure de rappel donne encore plus d’échos au fait que rien ne sera donné au CRMHB et que l’investissement et l’application doivent être au rendez-vous pour prendre des points dans un championnat plus homogène et costaud que jamais. Avec Dijon et Chartres à venir, deux équipes annoncées dans la lutte pour le maintien, pas le temps de gamberger ou de tergiverser, Cesson doit gagner pour retrouver ce qui est devenu sa place, entre la huitième et douzième place de Starligue. Rien d’impossible dans le premier moment difficile de la saison mais rien n’est définitif, loin de là. La première bascule de la saison est là, devant eux. A Sébastien Leriche et ses hommes de virer du bon côté mais surtout, de retrouver un état d’esprit et un jeu aux antipodes de celui montré face à Toulouse. La thèse de l’accident est pour le moment privilégiée. A raison, espérons-le, avec les premiers éléments de réponse dans une semaine du côté de la Bourgogne, où la moutarde devra monter au nez des Bretons pour une révolte et une réponse forte attendue.