JRS 65 – URB : Au cœur du quart de finale de l’URB

Derniers entraînements collectifs, séance vidéo ou encore discours d’avant-match, pendant deux jours, l’Union Rennes Basket nous a ouvert ses portes pour son quart de finale historique face à Poitiers. Au terme d’une saison aussi belle qu’inattendue, et portée par un groupe définitivement à part, immersion dans l’intimité du vestiaire « Noir et Blanc ».

Jeudi 18 mai – 9 h

Bastien Demeuré, le coach assistant de l’URB, est le premier arrivé à Colette-Besson. À peine le temps d’ouvrir les bureaux que la première information est lâchée : « Sébastien Cape est de retour et sera dans le groupe demain ». Absent depuis plusieurs semaines suite à sa blessure au métacarpe et absent lors de la deuxième phase, le retour du meneur de jeu rennais, élu dans le cinq majeur de la saison, est un renfort de poids à l’approche de cette confrontation décisive.

Bastien Demeuré tout juste installé, le téléphone sonne et la voix de Pascal Thibaud résonne. « Nous faisons toujours un premier débrief avec Pascal pendant qu’il est en voiture », confie le coach assistant. Les deux hommes échangent, en particulier sur la première manche perdue à Poitiers : « Je n’ai pas peur de l’attaque adverse, la solution viendra de notre performance. C’est surtout nous qui sommes passés à côté lors du premier match. »

Pascal Thibaud arrive quelques minutes plus tard. Le temps de se préparer un café, what Else, avant de basculer sur l’analyse tactique avec son adjoint. « Pick and roll », « ghost pick », « transi drive » ou encore « post-up », tout le dialecte du basket y passe. Entre deux analyses, les notifications WhatsApp retentissent, les joueurs restant en contact avec le staff, notamment pour communiquer des petites gênes ou des indisponibilités d’emploi du temps.

Sur son ordinateur, Bastien Demeuré nous montre les documents utilisés pour préparer cette rencontre et là encore, tout y passe. Entraînements, convocations, fiches de statistiques, plans de jeu, rien n’est laissé au hasard. L’ambiance reste malgré tout détendue et les deux coachs se permettent même une petite aparté football : « Tu as regardé Manchester City – Real Madrid hier soir ? Il a donné quoi notre petit Rennais ? (Eduardo Camavinga, ndlr) ». Après 45 minutes de discussions, Bastien prend les devants et décide de descendre sur le parquet pour « prendre la température ». Sébastien Cape est déjà là, accompagné par Gabriel Bertin, statisticien du club et officieusement deuxième adjoint de Pascal Thibaud, pour une séance individuelle. Les autres joueurs arrivent progressivement et commencent l’entraînement par quelques tirs.

Jeudi 18 mai – 10h

Après un ultime échange entre les membres du staff, tout le groupe se réunit au milieu du terrain. En préambule, l’annonce de notre présence pendant ces deux jours afin de ne pas surprendre le groupe. Place ensuite à la séance du jour. Pascal Thibaud et Bastien Demeuré sont attentifs au moindre détail et n’hésitent pas à interrompre certaines phases de jeu pour rectifier quelques approximations.

Les exercices s’enchaînent et les deux coachs donnent de la voix : « Reste sur tes appuis », « prends ton shoot ». Sans surprise, l’entraînement est minuté. Pendant ce temps-là, Gabriel Bertin peaufine les analyses sur son ordinateur : « Même si nous avons déjà regardé les systèmes défensifs adverses, nous en remettons certains en place à l’entraînement ».

La séance se termine par un exercice de tirs à trois points d’un côté, et une opposition en trois contre trois de l’autre. Pour choisir l’équipe qui engage, Harvey Gauthier et Lucas Fontaine se départagent au « pierre-feuille-ciseaux ». Une fois l’entraînement terminé, place à la vidéo.

Jeudi 18 mai – 11h20

Avant de lancer la séance, Pascal Thibaud prend la parole : « Ce n’est pas Poitiers qui est allé chercher le match, c’est nous qui leur avons donné. Demain, nous devrons être tous au taquet pour l’équipe ». Les lumières s’éteignent et la vidéo commence. Surprise pour tout le monde, nous y compris, pas de phases de jeu ou d’analyses tactiques. Pour l’occasion, Bastien Demeuré a préparé une vidéo spéciale. Au programme, des messages d’encouragements venant des proches pour chacun des joueurs. Les vidéos défilent et la bonne ambiance règne, entre émotions et excitation. Le montage se termine par un message de soutien de deux personnalités rennaises, Benjamin Bourigeaud, joueur du Stade Rennais, et Nathalie Appéré, Maire de la ville.

La salle se rallume et tout le groupe applaudit. Tandis que les joueurs rentrent aux vestiaires, les trois coachs restent pour débriefer la vidéo. Pascal Thibaud est satisfait du timing : « C’est une bonne chose de faire ce genre de vidéo la veille du match. Je pense qu’en le faisant le jour même, ça peut être à double tranchant, avec un trop plein d’émotions pour certains joueurs ».

De son côté, Bastien Demeuré nous explique « privilégier les vidéos positives pendant les play-offs ». En repassant par le terrain pour remonter dans les bureaux, nous croisons Harvey Gauthier en train de peaufiner son tir. Le temps pour Bastien de lancer un « tu es trop fort Harvey », auquel le meneur de jeu répond : « j’ai trop hâte de jouer demain ». La séance vidéo a, semble-t-il, fait son effet. La matinée se termine par la mise en place des systèmes. De chez eux et en contacts réguliers, les coachs passent l’après-midi à visionner des séquences en vue de la rencontre du lendemain.

Vendredi 19 mai – 9h15

Jour de match. Comme à son habitude, Pascal Thibaud appelle Bastien Demeuré pendant son trajet, avec un premier débrief des visionnages de l’après-midi. À peine le temps de raccrocher que le téléphone de Bastien sonne de nouveau. À l’autre bout du fil, le coach assistant de Poitiers pour prévenir de leur arrivée à la salle vers 11h. « Les portes coupe-feux seront fermées pour que vous ne puissiez pas voir mais je pourrai venir vous ouvrir », promet Bastien. Pascal Thibaud et Gabriel Bertin arrivent dans la foulée et poursuivent le débrief sur les visionnages de la veille.

Sur une petite tablette en plastique, le coach principal de l’URB montre des systèmes à mettre en place pour la rencontre du soir, avec en fond musical « Where do you think you’re going » (où est-ce que tu penses que tu vas ?), de Dire Straits. Une fois l’échange terminé, Bastien descend sur le terrain dix minutes avant la séance. Salle vide, lumières éteintes, Bastien se retourne vers nous : « Le calme avant la tempête ». Pascal et Gabriel, ainsi que les joueurs, rejoignent petit à petit le terrain. Sébastien Cape, Ibrahima Sidibé, Adrien Sclear et Lucas Fontaine discutent du kop prévu pour le match. Après quelques minutes avec ballons autour du panier, Pascal Thibaud lance un « top ». C’est le début de la séance.

Vendredi 19 mai – 10h

« Pas de bobos ? Pour personne ? », demande Pascal Thibaud, avec comme réponse un silence général sous forme de « non » de la part des joueurs. Les exercices s’enchaînent et l’intensité augmente d’un cran en comparaison de la veille. Tirs alternés, rebonds, contre-attaque ou encore remises en jeu, tout est fait pour reproduire le schéma du match. Pendant les pauses fraîcheur, Pascal en profite pour en savoir un peu plus sur la tenue de ses joueurs, François Matip arborant un t-shirt « Biggie » (diminutif du rappeur américain The Notorious B.I.G., ndlr). « C’est qui ? Un rappeur ? », demande le coach à son joueur. Dans le mille. La séance se termine avec un concours de tirs du milieu de terrain. Dans la bonne humeur, tout le monde participe, joueurs et staff.

Une fois le concours terminé, Pascal Thibaud s’offre une petite séance sur la ligne des lancers-francs, alors que les joueurs regagnent les vestiaires pour laisser la place à leurs adversaires du soir, arrivés entre-temps à Colette-Besson. Nous terminons la matinée par une discussion avec le préparateur physique du club, Pierre Golvan. « Forcément, ça commence à tirer avec la saison qui s’allonge. Nous en sommes à plus de 40 matchs. Nous nous adaptons aussi aux demandes des joueurs quand ils se sentent fatigués », reconnaît-il. Pendant ce temps-là, Bastien Demeuré imprime les systèmes de jeu de Poitiers qui seront affichés dans le vestiaire « noir et blanc ». L’après-midi sera plus tranquille que la veille, l’essentiel étant déjà fait. Encore quelques visionnages, mais aussi un œil sur le Monaco-Olympiakos en Euroligue.

Vendredi 19 mai – 18h30

Retour à Colette-Besson. Les premiers spectateurs sont arrivés, dont plusieurs dizaines de supporters de Poitiers ayant fait le déplacement. Les joueurs sont déjà à l’échauffement. Après 45 minutes sur le parquet, c’est le moment de rentrer au vestiaire pour le discours d’avant-match. Tout le monde s’assoit, le silence s’installe et Pascal Thibaud prend la parole : « Ce soir, la solution c’est nous. Vous êtes tous des bons joueurs, des bons coéquipiers. Ça ne sera passera pas par le physique ou le mental, mais avant tout par le jeu. Mettez une grosse agressivité d’entrée de jeu, de même pour la rotation ». Avant de rentrer dans l’arène, les joueurs se réunissent entre eux dans le couloir. Un dernier cri de guerre et l’ensemble du groupe pénètre dans une salle Colette-Besson qui s’est considérablement remplie, affichant guichets fermés pour l’occasion.

Place ensuite à la présentation des équipes. Les deux formations sont prêtes, Benjamin Bourigeaud, présent dans la vidéo de motivation de la veille, est là pour donner le coup d’envoi fictif. L’arbitre récupère le ballon, il est 20h, le match est enfin lancé !

L’intensité demandée par Pascal Thibaud est immédiatement mise en action. Les Rennais prennent les devants et étouffent les Poitevins. Sur le banc, l’entraîneur breton court au moins tout autant que ses joueurs. Gesticulant de partout, Pascal Thibaud parle avec les arbitres, avec ses adjoints et avec ses troupes. Sur un tir lointain raté par François Matip, le coach principal de l’URB se retourne vers son banc pour s’adresser à ses joueurs : « Gardez votre tête sur les phases offensives. Qu’est-ce que c’est, ce tir à dix mètres d’un pivot ? »

Malgré tout, Rennes est bien dans son match et vire en tête à la pause. « C’est intéressant globalement. Il y a eu d’excellentes séquences en défense et le « cinq » a parfaitement débuté. Gardez ce rythme-là et allez aider vos pivots aux rebonds », explique Pascal Thibaud à la mi-temps. Mais le troisième quart temps va être fatal à l’URB. Poitiers inflige un cinglant 9-27 et efface tous les efforts consentis jusqu’ici par les « Noir et Blanc ». Les visiteurs ne lâcheront plus leur avance jusqu’au terme de la rencontre et se qualifient pour les demi-finales.

Vendredi 19 mai – 22h20

Pascal Thibaud et Bastien Demeuré rentrent au vestiaire pendant que les joueurs prennent les traditionnelles photos d’après-match avec les supporters. « Fais ch… de sortir comme ça », lâche Bastien, avant que Pascal ne rajoute : « C’est quand-même fort en face… »

Le groupe regagne petit à petit le vestiaire. Pour la dernière fois de la soirée et de la saison, Pascal Thibaud s’adresse à ses joueurs : « Vous avez fait une première période exceptionnelle et bravo pour cette saison ». Sébastien Cape prend le relais : « Merci à tous pour cette saison. C’est l’une des plus belles de ma carrière ».

Cet exercice 2022-23 restera historique pour l’Union Rennes Basket et aura sans aucun doute enchanté tous les amoureux de basket de la Métropole rennaise. Si l’issue n’est pas celle espérée, une chose est sûre, l’URB a déjà pris rendez-vous !