Se rassurer, réconforter un public demandant, via une nouvelle banderole, du « respect pour l’institution à tous les étages » et surtout, éviter le piège face à un adversaire définitivement condamné à la Ligue 2. Ainsi est le tableau rennais en ce dernier dimanche. Ajoutez-y les victoires en amont de Lille et Lyon et seule la victoire est envisageable pour rester en vie dans la course à l’Europe.
Si l’essentiel est finalement assuré pour le SRFC, on repassera pour la manière. Face à des Angevins accrocheurs, malgré une situation d’ensemble désastreuse, au-delà même des résultats, les Rennais ont peiné, douté, mais s’en sortent avec les trois points. Dès l’entame de match, les attitudes et le déchet technique ne laissent pas présager d’une après-midi tranquille. Sur un ballon dans le dos de la défense « Rouge et Noir », l’ancien rennais Adrien Hunou devance Steve Mandanda, en extension. L’ancien chouchou du Roazhon Park est déstabilisé par le portier breton et oblige l’arbitre de la rencontre à désigner le point de pénalty, après assistance vidéo. Nabil Bentaleb, auteur d’un excellent match, ne tremble pas. Totalement déficient collectivement, sans liant ni idée de jeu, le Stade Rennais s’en remet à ses individualités puis à un coup de pouce d’un ancien de la maison. D’abord sur un but somptueux d’Amine Gouiri auteur d’une subtile déviation du talon sur un caviar de Benjamin Bourigeaud, faisant suite à un excellent retour défensif de Jérémy Doku, puis, sur l’un des buts gags de la saison. Quelques minutes plus tard, sur une passe en retrait, le ballon rebondit juste devant Cédric Hountondji qui envoie un missile en direction de son propre but et trompe Paul Bernardoni. « Il y a eu des bonnes choses avec le ballon, beaucoup moins sans ». Les propos sont signés Bruno Genesio au micro de Prime Video à la fin du match. Preuve en est, l’égalisation angevine juste avant la pause. Le bloc rennais laisse tout le loisir à Sada Thioub d’ajuster son centre. Dans une défense statique, Ibrahima Niane surgit et vient crucifier Steve Mandanda au second poteau. À la mi-temps, Rennais et Angevins sont dos-à-dos (2-2).
La deuxième période est du même acabit. Si Rennes reprend rapidement l’avantage sur un magnifique but de Jérémy Doku, reprenant de volée une offrande d’Amine Gouiri, les Bretons vont se faire peur, très peur. Les fulgurances offensives, trop souvent en solo, ne pouvant cacher les errances défensives et le désert dans la création et l’initiative au milieu de terrain. D’abord sauvé par le raté d’Adrien Hunou seul face à Steve Mandanda, c’est ensuite la VAR qui vient porter secours à une défense rennaise en grande difficulté. Sur un ballon dosé de Nabil Bentaleb, Ibrahima Niane se joue de Birger Meling et Arthur Theate avant d’égaliser. Le but est refusé suite à une main angevine en début d’action. Ouf de soulagement pour le Roazhon Park et moment de tension sur le banc rennais en attente de la décision. Bruno Genesio et Arthur Theate s’invectivent et le technicien breton sort dans la foulée son défenseur international belge. Pas un regard, de la bouderie et un moment révélateur de la tension d’un groupe qui ne vit pas si bien que cela… Annonce aussi, d’un fin de saison à couteaux tirés, ou d’une fin d’histoire ? Une fois la pression (belge) retombée, un autre diable rouge sort de sa boite. Comme face à Reims, Jérémy Doku claque un doublé en s’amusant dans la défense angevine avant de frapper poteau fermé. La classe, et le break, définitif ! (4-2).
Un succès précieux et les trois points, c’est tout ce qu’il y aura à retenir de positif de cette rencontre. Pour le reste, les « Rouge et Noir » ne rassurent pas et inquiètent toujours, avec des déficiences collectives qui ne pardonneront pas face à d’autres adversaires ou loin du Roazhon Park. Pourtant, et coach comme dirigeants ou joueurs ne manqueront pas de le répéter, à raison, les Bretons restent en course pour l’Europe. Mieux, les optimistes entrevoient même l’espoir de revenir sur la quatrième place occupée par l’AS Monaco, adversaire des Bretons lors de la 37e journée. Une échéance très lointaine loin d’être aujourd’hui dans les têtes « Rouge et Noir », le prochain match suffisant largement, non sans un sermon, avant de rentrer aux vestiaires du RCK au moment du clapping. Tête basse, les joueurs ont écouté, acquiescé, un discours de motivation qui aurait pu être celui d’un coach ou d’un président… Drôle d’ambiance pour une équipe sixième, malgré tout encore dans le coup, mais semblant plus égarée que jamais. Sur la Promenade des Anglais, la semaine prochaine, le visage affiché par les joueurs de Bruno Genesio en dira long sur les effets de ces échanges et les chances de recoller à Lille d’ici à début juin.