Ils étaient attendus au tournant, autant par leurs supporters, avec une banderole pour le moins équivoque ( « trois moins qu’on est patients, trois mois que c’est le néant, bougez-vous, maintenant » ), que par leur président, furibond dimanche dernier à Lyon et appelant à d’autres attitudes et résultats sur le terrain. Le message a été passé, et bien reçu. En face, Will Still, s’il endossa en conférence de presse la responsabilité intégrale de la défaite, s’est retrouvé fort dépourvu, son équipe se faisant bouger et dominer comme rarement depuis son arrivée.
Un homme avait forcément, au coup d’envoi, la lumière sur lui, avec cette étiquette de Facteur X si souvent collée aux basques mais hélas, trop peu souvent justifiée. Jérémy Doku, homme du mois de janvier, était de retour dans le onze de départ, en 4-3-3, avec la mission de dynamiter la solide mais lente défense champenoise. Avec Amine Gouiri et Arnaud Kalimuendo, voilà un trio en charge de réconcilier tout le monde. En ce sens, les choses n’ont pas traîné pour l’international belge ! Neuf minutes seulement, le temps de gratter un ballon aux 20 mètres, d’éliminer son adversaire direct et de croiser devant Diouf pour faire exploser un RCK ne demandant pas mieux ! Mis sur orbite, les « Rouge et Noir » font grimper l’intensité et pressent haut. Reims, d’habitude si prompt à imposer son faux-rythme, n’y est pas et un nouveau mouvement parfaitement initié par un une-deux entre Arnaud Kalimuendo et Birger Meling, ce dernier se retrouve seul à gauche pour servir parfaitement Jérémy Doku, qui s’offre son premier doublé de la saison en Ligue 1 (19′, 2-0). L’envie rémoise de justifier son statut de bête noire du Stade Rennais tuée dans l’œuf, les joueurs de Bruno Genesio ne relâchent pas et continuent d’appuyer. Lesley Ugochukwu, au prix d’un contre favorable, trouve ensuite le poteau de Diouf tandis que Gouiri est trop court sur un centre de Jérémy Doku, intenable. Benjamin Bourigeaud aura à son tour une belle situation de frappe mais Reims s’en sort miraculeusement au repos avec seulement deux buts de retard. Pire, les joueurs de Will Still, par Muntesi, sont tout proches de réduire le score juste avant la pause mais Steve Mandanda, autoritaire, fait valoir son talent et prouve une nouvelle fois son influence positive en sortant l’arrêt décisif au bon moment !
En seconde période, Rennes continue et d’emblée, Amine Gouiri est proche du KO, empêché par une belle horizontale de Diouf. Ensuite, le milieu de terrain rennais, hier dominateur et souverain techniquement à l’image d’un Flavien Tait retrouvé, impose un temps de maîtrise, laissant la balle aux Rémois, peu inspirés. Pas de grosses frayeurs à signaler si ce n’est une belle opportunité pour Abdelhamid, non cadrée, mais un vrai soulagement à la 69′, quand Arthur Theate, d’un pointu malicieux, marque le but du break définitif sur corner récupéré au second poteau, quelques minutes après un maître coup-franc de Benjamin Bourigeaud plein poteau (67′). La belle histoire du jour est donc belge, avec deux « Diables Rouges » décisifs, et voilà l’affaire entendue. Les rotations en fin de partie ne changent rien à l’histoire de ce match et ce 3-0 propre et net suffit déjà largement au bonheur d’un stade réconcilié en ce samedi après-midi avec son équipe.
Trois buts, donc, trois points de plus, aussi, et une cinquième place provisoire en attendant le résultat de Lille-Montpellier ce dimanche à 13 h, l’affaire est belle et encourageante pour les « Rouge et Noir » mais ne doit surtout pas rester sans lendemain. Si cette équipe semble s’être perdue et emmêlée tactiquement comme mentalement depuis janvier et la terrible blessure de son leader offensif, Martin Terrier, ainsi que celle de Xeka, régulateur et aboyeur du milieu de terrain, elle possède une profondeur de banc épatante qui ne lui donne aucune excuse quant à certaines de ses prestations récentes. Les solutions sont multiples et il appartient au coach, comme à ses joueurs, de ne plus se tromper d’ici à la fin de saison pour garder sa place sur la scène continentale et, pourquoi pas, nous proposer, comme elle sait si bien le faire, une série tonitruante de victoires pouvant autoriser encore quelques (belles) surprises. Avec un calendrier où seuls Nice (extérieur) et Monaco (domicile) seront au programme en qualité d’adversaires du Top 8, plus de temps pour les excuses, place aux actes.