Ils restaient sur une victoire dite « de prestige » au Parc des Princes face aux « starlettes » parisiennes avant la trêve international et laissaient espérer une fin de saison en boulet de canon avec une série XXL dont ils ont le secret depuis tant d’années. Mais en ce soir de 1er avril, le Stade Rennais n’a pas vraiment ravi ses afficionados, loin de là. Comme trop souvent en 2023, il est retombé dans ses travers, du banc au terrain. Un manque criant d’idées, un système tactique une nouvelle fois hors-sujet et non maîtrisé par les joueurs et surtout, un jeu sans créativité ni maîtrise, avec les trois qui firent le bel été indien breton (Majer-Tait-Santamaria) sur le banc au coup d’envoi . Pour créer du jeu et maîtriser, il y avait sans doute autre chose à proposer… Dominés par une équipe lensoise sûre de sa force, les « Rouge et Noir » font une bien mauvaise opération dans la course à l’Europe. Désormais à dix points de son adversaire du soir, la Ligue des Champions paraît bien lointaine, tant par les points que les contenus proposés depuis janvier.
Sans être brillante, l’entame de match bretonne est pourtant intéressante et Désiré Doué se signale par quelques gestes techniques bien sentis, mais sans conséquence pour les Arthèsiens. Le temps pour Lens de mettre la machine en route puis de prendre le contrôle sur la rencontre. Dans le 3-4-3 (ou plutôt 5-3-2) reconduit suite à la victoire face à Paris, les Rennais semblent manquer de repères, notamment au milieu de terrain. Comme après sa victoire à l’aller contre le PSG, Bruno Genesio n’a pas voulu changer son équipe « qui gagne » malgré une adversité totalement différente. Les Lensois au collectif huilé, ne changeant pas ou presque de système depuis le début de saison, en profitent. Sur coups de pieds arrêtés d’abord. Medina butte sur Steve Mandanda, auteur d’un merveilleux réflexe sur la ligne puis Danso manque le cadre d’un rien. Le jeu aérien maîtrisé en charnière bretonne est alors une chimère et ne parlons pas de gabarit puisque le « petit » (1.77m) Loïs Openda, réaliste sur un service parfait de Florian Sotoca, converti la troisième occasion du genre. Les « Rouge et Noir » étaient pourtant prévenus et sont menés. L’ouverture du score réveille tout de même les « Rouge et Noir » et dans la continuité, Benjamin Bourigeaud, bien servi par Arnaud Kalimuendo, trouve la barre transversale lensoise, son tir étant dévié par Danso. Désireux de revenir au score mais brouillon, le SRFC s’offre une autre grosse occasion mais Karl Toko Ekambi se trompe de sens au moment de reprendre une offrande de Benjamin Bourigeaud en position idéale, seul, à six mètres du but. Trop en réaction, et surtout dépassé par une belle équipe nordiste, le SRFC est logiquement mené à la mi-temps.
Après une nouvelle énorme occasion lensoise dès l’entame de seconde période, gâchée par Seko Fofana, Bruno Genesio finit par tout changer ! Retour logique et urgent au 4-3-3, avec un triple changement à la clé avec les entrées de Santamaria, Majer et Gouiri. Si le retour à un schéma plus classique permet aux Bretilliens de mieux contenir les assauts adverses et de retrouver un peu de contrôle du ballon dans l’entrejeu, le manque de solutions offensives reste criant. La première frappe cadrée rennaise intervient à la 70e minute de jeu sur un ballon en profondeur à destination d’Arnaud Kalimuendo, bien repoussé du pied par Brice Samba. Sur un ballon mal dégagé dans la surface, Warmed Omari pense égaliser en toute fin de match, mais est logiquement signalé en position de hors-jeu. À défaut de rentrer dans la surface de réparation « Sang et Or », Lovro Majer s’essaie par deux fois de loin, sans réussite. Au terme d’une prestation bien fade et surtout insuffisante pour prétendre à s’approcher du podium, Rennes perd de nouveau face à l’une des équipes du TOP 8 de Ligue 1…
Voilà en tous cas, sur ce 1er avril, une belle photographie du Stade Rennais 2023. Capable de tout, mais surtout dans l’incapacité actuellement d’enchaîner les bonnes prestations. Si la Ligue des Champions paraît hors de portée, c’est désormais la qualification européenne, y compris en Europa League Conférence, qui est plus que menacée. En cas de victoire, Monaco peut prendre sept points d’avance et Lille reprendre la cinquième place. La 30e journée est souvent assimilée au coup de feu pour le sprint final. Si Rennes veut s’offrir une sixième année consécutive en Europe, il ne pourra plus se permettre pareil coup de grisou. Alors que Lyon dimanche prochain au Groupama Stadium, puis la bête noire Reims et Montpellier, équipes en forme du moment se profilent, les « Rouge et Noir » attaquent avril sur un fil et devront montrer du caractère pour continuer à exister et ne pas rentrer dans le rang, en dépit d’une exceptionnelle première partie de saison.