Sa montée en UCI Word Tour – objectif de l’équipe l’an passé – validée, la Team Arkea Samsic reprend les routes avec l’ambition du maintien parmi les 18 meilleures formations mondiales pour les trois prochaines saisons mais pas que. Progresser, continuer de solidifier un édifice donnant satisfaction sans jamais renier son ADN : les axes de travail ne manquent pas pour le manager général Emmanuel Hubert, qui est également celui de la formation Arkea Pro Cycling Team (équipe professionnelle femmes).
Avec quelques mois de recul, quel bilan tirez-vous de la saison écoulée, riche en satisfactions et en victoires, avec l’objectif validé de la montée en UCI Word Tour ?
C’est toujours une satisfaction, quel que soit le domaine où l’on évolue, d’atteindre les objectifs fixés. Cela faisait plusieurs années que l’on travaillait sur ce projet et maintenant que nous avons atteint notre but, l’ambition de nous inscrire de manière pérenne à ce niveau. Je ne sais pas si le plus difficile est à venir mais ce qui est sûr, c’est que nous n’allons pas changer notre façon de faire avec le désir de construire, solidifier et développer notre effectif coureurs, qu’ils soient confirmés ou en devenir. Pas question de se prendre pour d’autres. Nous avons montré de belles choses, on a un savoir-faire et il ne s’agit pas de n’être que de passage parmi les meilleures équipes cyclistes professionnelles au monde. Nous voulons nous inscrire dans la durée.
Vous n’allez, de plus, pas non plus tout chambouler alors que finalement, seule « l’étiquette » change puisque vous étiez déjà invités sur le circuit UCI Word Tour depuis un petit moment…
La nouveauté pour nous, ce sera le Giro d’Italie, sur lequel nous serons présents pour la première fois de notre histoire. Pour le reste, bien sûr, des choses vont évoluer et changer sur le plan économique, celui également de la visibilité, qui devient mondiale mais pour autant, nous n’arrivons pas dans un autre univers que nous n’avons jamais côtoyé. D’où l’importance de ne pas tout bouleverser et d’avoir une vraie continuité, que ce soit sportivement mais aussi dans nos relations avec la technique, les partenaires et l’écosystème du cyclisme.
Quels ont été les moments clés de la saison écoulée ?
Je n’ai pas envie d’isoler telle ou telle performance, car chacun a apporté sa pierre à l’édifice, amené des points à l’équipe. Le début de saison avait été très bon, avec des victoires, des podiums, et dès l’entame en France avec Amaury Capiot. Je suis très heureux d’avoir vu Warren Barguil remporter le Grand Prix Miguel Indurain ou une étape de Tirreno- Adriatico, justement en UCI WorldTour. Nairo Quintana a remporté le Tour de Provence et celui des Alpes Maritimes et du Var. Sur le Tour, évidemment, les émotions ont été nombreuses et nous sommes passés proches, très proches, d’arracher cette première victoire d’étape. Cette année, Jenthe Biermans a gagné la Muscat Classic. Je pense aussi à Nacer Bouhanni qui après sa très grave blessure aux cervicales, revient à son meilleur niveau. La révélation de nos jeunes comme Matis Louvel ou Kevin Vauquelin, vainqueur en ce début de saison du Tour des Alpes Maritimes et du Var, vient conforter notre politique de miser également sur la jeunesse.
Au sujet de votre leader de l’an passé, Nairo Quintana, la fin de l’histoire laisse-t-elle un goût amer ?
L’histoire est close, nous avons désormais tourné la page.
Son apport à l’équipe reste-t-il majeur, que ce soit en termes de performances ou en médiatisation ?
Il a apporté sur certains domaines une plus-value évidemment, en termes notamment d’expérience du haut niveau. A partir du moment où l’on veut exister sur le circuit, sans même parler de l’UCI World Tour, il faut se renforcer. La construction d’une équipe nécessite ces noms, ces palmarès, c’était aussi le cas avec André Greipel récemment. Aujourd’hui, sommes fiers d’avoir Warren Barguil et Nacer Bouhanni en leaders pour porter l’identité de notre équipe le plus haut possible, sur chaque course, et emmener tout le monde derrière eux.
Quelques changements ont été opérés dans le staff et l’équipe, avec notamment l’arrivée au management sportif de Théo Ouvrard…
Il faut parfois oser casser les codes et mettre en place d’autres fonctionnements ou manières de faire. Théo est titulaire d’un doctorat sportif, ne possède pas un passé de sportif de haut niveau, mais soit dit en passant, avoir été un grand coureur ne garantit en rien la suite une fois descendu du vélo. Theo maîtrise parfaitement tous les domaines menant à la performance, les nouvelles technologies, sait lire les datas et aura pour rôle d’harmoniser, d’optimiser et de mettre tout le monde dans les meilleures dispositions. En directeur sportif, Mickaël Leveau remplace Yvon Ledanois. Yvon Caër et Arnaud Gerard, enfin, auront aussi la tâche d’orchestrer tout le scoutisme, d’avoir l’œil sur les meilleurs coureurs des clubs alentours. Ils devront entretenir le lien et détecter les potentiels. Même si la marche est de plus en plus haute pour devenir professionnel, et aller au plus haut, la formation reste un enjeu primordial auquel nous attachons beaucoup d’importance.
Cette nouvelle exposition pourrait-elle attirer à vos côtés de nouveaux partenaires, au rayonnement et à l’implication moins locales ? L’identité bretonne sera(it) conservée ?
Nous sommes attachés à notre territoire, et très fiers de pouvoir nous appuyer sur des partenaires titres d’envergure et bretons, impliqués à nos côtés tant sur la performance sportive que sur le rayonnement de la région, désormais à l’échelle mondiale. La Bretagne est connue, partout dans le monde et c’est une fierté de la représenter. Ensuite, nous n’allons pas nous renier ou tout changer. Nous sommes très fiers de chacun de nos partenaires, du plus « petit » au plus grand, chacun a toute notre estime et notre respect. Le club Keveler existe, vit, offre cette expérience au plus près des coureurs, du groupe mais permet aussi de pouvoir mettre en avant, mais surtout de promouvoir son entreprise à nos côtés. On sait que la base d’une équipe, c’est avant tout l’encadrement, l’administratif, les partenaires. La maison ne peut tenir dans le temps qu’avec de bonnes fondations et nous travaillons chaque année à consolider celles-ci. Ça ne va pas changer et ce ne sont pas les euros qui nous feront faire n’importe quoi. Ne comptez pas sur nous pour vendre notre âme au premier venu, ce serait mal nous connaître.
La saison sera-t-elle réussie avec, enfin une victoire sur le prochain Tour ?
L’UCI Word Tour, c’est comme la Ligue des Champions en foot, vous jouez les meilleurs de chaque pays, à chaque course. Il faut jouer des coudes, batailler pour les points. Sur le Tour, il y a 22 équipes et quatre formations trustent plus de la moitié des étapes. Il ne reste plus grand-chose derrière pour les autres mais nous restons très ambitieux et n’hésiterons pas si l’occasion se présent, a tout faire pour aller décrocher notre premier succès sur un Grand Tour. On peut aussi débloquer notre compteur victoire sur ce type d’épreuve de trois semaines sur le Giro d’Italia. Notre accession à l’UCI World Tour nous permet de tripler nos chances de succès, si on ajoute la Vuelta a España. Au Tour comme sur les autres courses, nous prenons le départ pour gagner, aller le plus haut possible. UCI Word Tour ou non, rien ne change pour nous sur ce point-là !