A la question de savoir si son équipe a atteint ce dimanche soir un plafond de verre, la réponse de Bruno Genesio, en conférence de presse, est nette, limpide : » Oui ce soir, on peut le dire. Face à une équipe qui joue le podium, on peut le dire ». Ok, Rennes ne joue donc plus le podium ? Fini l’ambition de terminer troisième? » C’est un coup d’arrêt qui nous montre qu’il est difficile pour nous de lutter contre ce genre d’équipe. Après, il reste 12 matches, on a aussi montré de belles choses. On va déjà s’accrocher pour conserver au moins cette cinquième place et pourquoi pas rêver de faire mieux. » Rêver… Le mot fait peur et L’aveu est à la fois étonnant et révélateur de l’impression générale actuelle dégagée. Le constat est lui implacable au regard du parcours d’une équipe s’étant perdue en route depuis le retour du Mondial. Son coach, lui aussi, semble à court de solutions et de continuité, voire d’impact sur un groupe qui ne répond plus que par intermittences. Doit-on parler également de plafond de verre avec ce groupe, qu’il a construit et mené très haut en termes de qualité de jeu et de résultats, avant de perdre le fil depuis décembre ? Le court-circuit est permanent, ou presque. Parfois lumière il y a, parfois plongée dans la pénombre voire l’obscurité. Ce Stade Rennais décontenance, agace et inquiète. Alors que les astres s’étaient alignés sur cette 26ème journée, Monaco, Lens , Lille ou encore Nice n’ayant pris qu’un point, il s’est pris les pieds dans le tapis, seul ou presque, face à un OM loin de sa meilleure forme et encore groggy d’une semaine à deux K.O. Hé, Ohème, « tudor » ? La réponse est tombée, aux alentours de 22h 30: non, l’OM est réveillée.
La première période est pourtant intéressante, sur un bon tempo, laissant entrevoir de vraies possibilités pour les « Rouge et Noir ». Le 4-4-2 est de nouveau de mise avec Jérémy Doku, finalement titulaire, alors qu’annoncé incertain sur le côté droit et Karl Toko-Ekambi à gauche. Devant, la doublette Kalimuendo-Gouiri, malgré ses dernières sorties mitigées, est alignée. Benjamin Bourigeaud, si performant en milieu offensif droit, est placé devant la défense avec Baptiste Santamaria, et ajoute un nouveau match compliqué à sa série actuelle, la faute à un positionnement n’étant clairement pas le meilleur pour lui. Bousculé par l’OM d’entrée de jeu, Rennes réagit pourtant bien et se procure trois occasions franches dans ce premier acte. D’abord par Amine Gouiri, dont la frappe en position idéale trouve la barre de Pau Lopez, ensuite par Arnaud Kalimuendo, d’une tête « acrobatique » boxée par le gardien olympien et enfin par Karl Toko-Ekambi, lui aussi mis en échec par l’espagnol sans que M.Wattelier, très moyen ce dimanche pour ne pas dire plus, ne s’en aperçoive, donnant sur le coup une remise en jeu. En face, Steve Mandanda et sa défense centrale assurent et le nul au repos est plutôt frustrant. Inquiétant, aussi, avec la sortie prématurée de Jérémy Doku (26′), blessé derrière la cuisse et laissant craindre une énième rechute alors que l’attaquant international belge était en grande forme…Rassurant de par sa charnière centrale et par quelques phases de possession intéressante, le SRFC a un coup à faire. Semble-t-il…
La suite, hélas, n’est plus du tout du même acabit. Rennes ne parvient plus à être dangereux, ni à structurer ses possessions de balle. Le jeu est désordonné et Marseille, en gestion, prend le contrôle du match sans trembler. Sur un coup-franc où les Rennais ne sont pas attentifs, M.Wattelier ne siffle pas mais laisse les Olympiens jouer vite. Veretout lance Under à droite dont le centre au second poteau trouve Kolasinac pour l’unique but de la partie. Désolants de naïveté et coupables dans la concentration, les Rennais peuvent râler autant qu’ils le veulent, ce but renvoie le collectif rennais à sa jeunesse, son manque de maturité et parfois, ce concentration. Impensable quand on prétend au podium. Pour autant, il reste alors une demi-heure de jeu et la possibilité de voir la partie s’enflammer. Il n’en sera rien du tout. Aucune occasion franche, à peine quelques situations dans la surface marseillaise mais pas de quoi mettre de nouveau à contribution Pau Lopez. Manque de réaction, de précision et de caractère, cette dernière demi-heure souligne les manques du soir, mais pas que, du onze rennais.
Au final, après ce huitième revers de la saison, les questions demeurent : l’entrée très tardive de Lovro Majer, qui aurait pu remplacer Jérémy Doky et permettre à Benjamin Bourigeaud de retrouver son poste de prédilection, interroge. La prestation de Désiré Doué, transparent et perdant trop de ballons à force de fioritures sur chaque prise de balle également. L’âge n’est pas une excuse à tout et un tel potentiel mérite des attentions mais suscite aussi des attentes. Pourquoi, aussi, s’obstiner dans ce 4-4-2 qui fonctionne avec certains joueurs mais pas avec ceux actuellement en possession du coach, les absences de Xeka, Terrier, Traoré rendant le dispositif bien moins efficace… Les questions sont là, multiples et les cerveaux du board comme du staff rennais doivent fulminer en ce début de semaine, où le travail ne va pas manquer. Meilleur coach en termes de résultats du Stade Rennais, Bruno Genesio traverse, comme ses joueurs, une période plus compliquée dans les résultats et les choix mais surtout, parait quelque peu dépourvu, tant dans ses explications de textes que dans ses options tactiques. Lui aussi est attendu au rebond samedi à Auxerre, dans un match capital pour la suite de la saison, où conserver la cinquième place sera déjà un gros challenge en continuant ainsi dans les contenus. Une réaction est attendue, et vite, avant Paris, puis Lens, pour de nouveaux gros défis en perspective.