Ancien entraîneur du Stade Rennais entre janvier et mai 2016, Rolland Courbis évoque pour le journal Rennes Sport le derby à venir ce dimanche entre deux formations éliminées de l’Europa League. Celui qui est consultant sur RMC en profite également pour revenir sur son expérience rennaise il y a sept ans. Sans langue de bois.
FC Nantes et le Stade Rennais se retrouvent ce dimanche à l’occasion d’un derby entre deux clubs qui viennent d’être éliminés de l’Europa League. Que vous inspire ce match ?
Dans un match, quand on pense à pronostiquer qui va gagner ou qui peut gagner, c’est quand même très compliqué parce que les deux équipes vont attaquer ce match avec une grosse bosse sur la tête. Je pense que le FC Nantes qui n’a quand même pas du tout été avantagé avec cette erreur de l’arbitre (ndlr : le pénalty et l’expulsion de Pallois contre la Juventus) pour moi ou cette sévérité pour éliminer Pallois qui n’a eu la possibilité de jouer sa chance. Donc le match était plié après 15 minutes. Ils ont premièrement besoin de points et deuxièmement aussi besoin de prendre une revanche parce que sur les derniers Nantes-Rennes, ça va plutôt du côté de Rennes les résultats que du côté de Nantes.
Une défaite du Stade Rennais à Nantes peut-elle compromettre ses chances de qualification à la coupe d’Europe ?
Ça commencerait à faire beaucoup parce qu’on est passé du jour à la nuit sans faire de jeu de mots. On avait une équipe de Rennes dont on se demandait si elle n’allait pas jouer le titre, et il y a eu cet incident qui est même une catastrophe pour lui et pour son club, c’est la blessure de Martin Terrier. Mais de là à passer d’une série de victoires à une série de défaites, de contre-performances, sauf le match contre Clermont qui est une équipe moyenne. Je ne dirais pas qu’une défaite à Nantes serait la défaite de trop mais ça commencerait à faire beaucoup.
Qu’avez-vous pensé des parcours respectifs du FC Nantes et du Stade Rennais ? Jugez-vous l’élimination des Rennais décevante ?
Oui quand même, l’adversaire n’était pas le même que celui de Nantes. Et en plus de ça, dans la deuxième période, on a quand même senti cette équipe du Shaktar au bout du rouleau avec beaucoup de motivation et de combativité par rapport à la situation de ce qui se passe dans leur pays. Mais on voyait bien qu’il n’y avait plus beaucoup d’essence, et là Rennes n’a pas su en profiter, n’a pas su faire le break et ne s’est pas mis à l’abri d’un éventuel but surprise. Et en plus du but surprise, ils ont pris un but casquette. Donc l’élimination est quand même beaucoup plus décevante du côté de Rennes que du côté de Nantes. C’est le Shaktar qui a fait l’exploit que Nantes n’a pas réussi à faire mais les adversaires ne sont pas comparables.
Rennes alterne le bon et le moins bon depuis plusieurs semaines en Ligue 1. Bruno Génésio a évoqué la jeunesse de son effectif à l’issue de l’élimination de son équipe. Partagez-vous son avis ?
Oui d’accord mais c’est Bruno Génésio qui fait ces choix-là, donc on ne peut faire des choix en mettant des jeunes, et après dire qu’il y en a trop. Justement, quand on veut faire jouer les jeunes, c’est avec une certaine prudence et un certain dosage. Par exemple, deux arrières centraux de 19 ans de moyenne d’âge, s’il y a quelques fautes d’inattention ou quelques erreurs individuelles, c’est le contraire qui serait anormal.
Le FC Nantes s’est considérablement renforcé lors du mercato avec les arrivées notamment de Delort, Mollet et Centonze. Quel regard portez-vous sur ces arrivées ?
Je le trouve assez sympa dans le sens où remettre dans la même équipe des joueurs qui se connaissent et qui peuvent jouer les yeux fermés comme Delort et Mollet, je trouve que c’est très intelligent. Je ne suis pas étonné parce que je pense que les gens qui sont à la tête du FC Nantes, que ce soit Waldemar Kita, Franck Kita et Antoine Kombouaré, ce sont des gens qui me paraissent très compétents.
Vous avez été l’entraîneur du Stade Rennais de janvier à mai 2016. Quel souvenir gardez-vous du derby remporté face à Nantes (4-1) ?
Ce sont cinq mois qui ont été particuliers, une partie superbe et une partie décevante donc j’ai des bons et des mauvais souvenirs. Il y a cette victoire face à Nantes où nous sommes en pleine forme et moi aussi avec un triplé d’Ousmane Dembélé que je positionne à un poste inhabituel c’est-à-dire dans un rôle de neuf et demi derrière le numéro 9 qui est Giovianni Sio. Et après dans les six derniers matchs, on rate le sprint final.
Pour quelles raisons selon vous ?
Prochainement, je ne peux en parler en détail, je dois faire un documentaire et une série sur ma vie et sur ma carrière, où j’expliquerai tout ce qu’il s’est passé dans ces cinq mois de A à Z sans rien oublier ni personne. Ça me permettra d’expliquer un petit peu ces longues années avec des bons, des moyens et des mauvais souvenirs. Puisqu’il y a des commentaires qui sont souvent fait sans connaître vraiment les choses, j’ai pas mal de choses à expliquer pour arriver à démontrer que j’ai souvent été traité bizarrement, j’ai souvent été traité différemment et je vais expliquer pas mal de ces vérités même si je reconnais avoir fait des erreurs.
On sent que vous avez été marqué par votre passage à Rennes ?
Je n’ai pas pour habitude de fuir mes responsabilités, mais là je suis désolé, dans mon documentaire, j’expliquerai en détail à cause de quoi et à cause de qui nous ratons le sprint final. Ce qui pour moi a été catastrophique sportivement et financièrement, ça a fait perdre beaucoup d’argent à Rennes qui termine 8ème au lieu de finir dans les trois ou quatre premiers et à moi aussi avec des promesses qui n’ont pas été tenues par certaines personnes du côté de Rennes mais j’expliquerai tout dans le moindre détail. J’ai ma part de responsabilité certainement mais je ne suis pas le responsable numéro 1.
Propos recueillis par Lionel Schneider