En crise de résultats en championnat, le SRFC retrouvait l’Europe en guise de parenthèse. Entre match délocalisé et manque de rythme dû à la longue trêve du championnat ukrainien, le tirage au sort du Chakhtar Donestk paraît abordable mais face à une formation habituée aux joutes européennes, tout ne s’est pas passé comme prévu pour les « Rouge et Noir ». Comme d’habitude depuis le retour de la coupe du monde…
Désireux, à priori, de piquer les « cadres » de son équipe, Bruno Genesio présente un onze de départ inédit laissant tout le monde incrédule. Jeanuël Belocian et Warmed Omari prennent place dans l’axe de la défense, Theate et Rodon sur le banc, alors que Benjamin Bourigeaud retrouve le cœur du jeu aux côtés de Lesley Ugochukwu.Sur le banc, Santamaria, Tait et Majer… Devant, quatre attaquants et un déséquilibre potentiel laissant dubitatif au coup d’envoi… Sensation confirmée d’entrée, où malgré trois mois sans matches en compétitions officielles, les Ukrainiens sont au niveau d’intensité exigé par un match européen, au contraire de leurs adversaires. Après seulement dix minutes de jeu et sur un ballon dans le dos de la défense rennaise, mal jugé par Djed Spence, tout en dilettante, Mykhaylychenko butte une première fois sur Steve Mandanda, mais le cuir revient dans les pieds de Kryskiv qui fusille à bout portant. Comme à Toulouse, le gardien rennais fait l’exploit mais se retrouve tel, ohé, ohé, un capitaine abandonné. Cueilli à froid, Rennes reprend quelque peu la maitrise du jeu mais sans se montrer véritablement dangereux. Seul Jérémy Doku, qui fait enfin mieux ces dernières semaines, parvient à créer des différences et à donner de la vitesse au jeu trop horizontal des rennais. Sur une erreur de relance adverse, le SRFC se crée sa plus grosse occasion. Toko Ekambi récupère le ballon aux 20 mètres et se présente seul face au gardien, mais sa frappe décroisée est stoppée par Trubin, au prix d’un magnifique arrêt à une main. Malgré cette erreur, les Ukrainiens sont bien en place et font mal sur leurs quelques incursions dans le camp breton. Juste avant la pause, Lesley Ugochuwku confond le ballon et le pied de Konopalya. Voilà qui est fâcheux mais surtout impardonnable aux yeux de l’arbitre, qui désigne le point de pénalty. Bondarenko ouvre son pied et trompe Steve Mandanda, pourtant parti du bon côté et touchant le ballon. À la mi-temps, le Stade Rennais est logiquement mené mais surtout terriblement impuissant et inoffensif (2-0).
Sans complexe, les « Tangos » continuent leur marche en avant dès le retour des vestiaires. Les ballons dans le dos des latéraux posent d’énormes problèmes aux Bretons et notamment à Djed Spence, en grande difficulté hier soir, comme à Toulouse. En manque de solutions offensives, les « Rouge et Noir » s’en remettent aux tirs de loin. Benjamin Bourigeaud puis Arnaud Kalimuendo tentent leur chance, sans succès. Quand ça ne fonctionne pas dans le jeu, pourquoi ne pas s’en remettre aux coups de pied arrêtés ? Sur un corner mal renvoyé, Jérémy Doku enroule son centre au second poteau où Karl Toko Ekambi surgit et réduit l’écart d’un plat du pied parfait en extension. Malgré plusieurs changements et des occasions de part et d’autre, le score n’évolue plus et le Stade Rennais s’incline à Varsovie, au terme d’une prestation décevante (2-1) à l’image d’une dernière situation chaude totalement gâchée par Djed Spence, dont le centre totalement loupé résumé bien la sensation du soir.
Ces retrouvailles avec l’Europe sont clairement ratées pour les Rennais, malgré le positivisme affiché par Bruno Genesio et Florian Maurice en zone mixte, affichant une sérénité de façade que peu partageront… Même si comptablement, le résultat du soir est loin d’être rédhibitoire pour le match retour, le contenu, lui, est très loin de rassurer ou de pousser à l’optimisme. Il faudra montrer beaucoup plus au Roazhon Park pour se défaire d’une équipe ukrainienne accrocheuse et sérieuse, meilleure que son adversaire ce jeudi malgré le contexte qui est le sien, le tout sans Benjamin Bourigeaud averti et donc suspendu pour cette deuxième confrontation. Dans une période de plus en plus délicate, aux relents de plus en plus prononcés de « crise », le SRFC doit resserrer les rangs et vite trouver des solutions à ces maux, si possible avec une tactique ou une composition permettant aux joueurs de retrouver quelques repères. Clermont dimanche, puis Donetsk au retour avec un derby pour conclure… La semaine à venir a tout du tournant décisif pour ne pas confirmer définitivement une glissade plus en plus prononcée vers une sensation de gâchis que personne n’avait vu venir avant l’hérésie de ce mondial d’hiver au Qatar, pour le moment fatal au Stade Rennais orphelin de sa belle dynamique et de ses certitudes de jeu, qu’il doit retrouver, et vite.