Née au Maroc et ayant grandi en Italie, Oumayma Codial est multiculturelle. Au REC Volley depuis cinq saisons, la joueuse de 28 ans, qui évolue aussi avec l’équipe nationale marocaine, revient sur un début de saison tronqué et sur un sport encore bien différemment implanté selon les pays.
Quel regard portes-tu sur la saison en cours et peux-tu nous parler de ton double projet à côté du volley ?
C’est une saison avec des hauts et des bas. Nous ne nous connaissions pas toutes en début d’exercice et il faut toujours un peu de temps pour mettre en place des automatismes. Nous nous sommes parlé récemment pour mettre les choses au clair et voir ce qui n’allait pas. À titre personnel, c’est une saison particulière puisque j’ai loupé la préparation avec le décès de ma mère, mais je commence à retrouver de l’allant. Au-delà des play-offs, qui restent l’objectif principal avec le club, je me prépare pour cet été, car j’ai trois compétitions qui m’attendent avec le championnat arabe, la coupe d’Afrique des nations et les Jeux Africains. En parallèle, je suis en dernière année de BTS Professions Immobilières. Les sponsors m’aident pour les stages et pour l’aménagement de mes entraînements.
Tu es à Rennes depuis 2018. Comment as-tu vu l’évolution du club ?
Il y a eu une vraie progression et dans de nombreux domaines. Toutes les parties prenantes du club deviennent de plus en plus professionnelles, que ce soit au niveau du comité directeur ou au niveau de la communication. Avant, nous nous entraînions dans la salle de Courtemanche alors que dorénavant, nous pouvons nous entraîner à Colette-Besson. Cependant, nous manquons encore de visibilité. Il y a beaucoup de sports à Rennes et le volley masculin a toujours été plus implanté que le volley féminin. La ville aussi ne cesse d’évoluer. Il y a toujours quelque chose à faire et je ne serais pas restée tout ce temps sans ça. J’ai connu pas mal d’autres villes et les gens ici sont très accueillants.
Qu’en est-il de la médiatisation du volley féminin au Maroc ?
Il y a du mieux ! C’est évidemment encore loin d’autres sports mais c’est en progrès. Nous avons une femme, Bouchra Hajij, qui est présidente de la Fédération Royale Marocaine de Volley-ball (FRMVB), mais aussi présidente de la Confédération Africaine de Volley-ball (CAVB) et enfin vice-présidente de la Fédération Internationale de Volley-Ball (FIVB). Elle fait beaucoup pour notre sport et nous arrivons à avoir certaines finales à la télévision locale. Malgré tout, il faut reconnaître que le volley n’est pas encore trop reconnu au Maroc.
« J’ai pris ma place pour aller voir jouer le Maroc contre le Portugal en quarts de finale de la coupe du monde, mais je suis tombée malade pile à ce moment-là »
Tu joues en France, tout en représentant l’équipe marocaine en sélection, et tu as découvert le volley en Italie. As-tu constaté des différences entre ces pays vis-à-vis de ce sport ?
Très clairement. En Italie, le volley-ball est très implanté et culturel. Pour les jeunes, il y a un système scolaire avec les cours le matin et le sport l’après-midi. Là-bas, je faisais au moins trois heures de volley chaque jour. Que ce soit dans les grandes villes ou dans les petits villages, il y a toujours plusieurs clubs qui sont en concurrences. Même s’il y a du mieux en France, les jeunes peuvent pratiquer une ou deux fois par semaine maximum. C’est une énorme différence. Il y a cependant de plus en plus de joueuses étrangères qui arrivent et ça permet de créer de l’engouement autour des différents championnats. Ça tire le niveau vers le haut et ça met en lumière le volley en France. Au Maroc, il n’y a pas beaucoup de jeunes joueurs et c’est plus difficile d’intégrer un club.
Pour rester sur le Maroc, on imagine une grande fierté après le parcours de l’équipe nationale de football à la dernière coupe du monde…
C’est même une immense fierté. Cette équipe a rapproché les gens, le monde arabe et les pays musulmans. Après leur quatrième place et leur retour au pays, les joueurs ont été reçus par le Roi Mohammed VI. J’en ai d’ailleurs croisé certains quand j’étais en vacances là-bas. Pour ma part, j’ai suivi tous les matches. Sur un week-end libre, j’ai même pris ma place pour aller les voir jouer contre le Portugal en quart de finale, mais je suis tombée malade pile à ce moment-là. Ça n’enlève rien au bonheur que j’ai ressenti.