La danse des regrets, des « et si… » devient récurrente et synonyme, à chaque pas emboité, d’un chemin se faisant vers la National 2. Pourtant, c’est à la fin du bal que l’on paie les musiciens et l’orchestre réciste n’entend pas s’arrêter de jouer. Une certitude, ces gars-là se battront jusqu’au bout !
La faute à pas de chance ? Non, trop facile. L’arbitrage ? Sans doute pénalisant à de nombreuses reprises cette saison, parfois incompréhensible, il ne peut être tenu pour responsable de tous les maux récistes. Une question de niveau ? Il y a forcément de cela… Pas, en tous cas, au niveau de l’investissement et du travail d’un staff et de ses joueurs ne comptant pas les efforts, les coups et parfois, la souffrance physique ou mentale pour être enfin récompensés : « Sincèrement, si il y a bien une chose qu’il est impossible de reprocher aux gars, c’est leur volonté de bien faire, leur implication totale dans le travail, dans le projet. C’est peut-être ça le plus dur, voir ces mecs ne pas être récompensés, semaine après semaine… » Les mots de Kévin Courties sont directs, sans fard ni pommade. Le REC ne gagne pas certes, mais pourtant, il ne feint pas de se faire mal pour y parvenir !
Après avoir manqué la gestion des ultimes secondes contre Suresnes pour le premier match retour, les Rennais ont malheureusement récidivé à la maison contre Tarbes, après deux premiers revers en janvier contre Albi puis à Valence-Romans, avec le bonus défensif ramené de la Drome : « A la 76ème, nous sommes devant puis nous prenons cet essai qui gâche tout…, se remémore le manager réciste. A la sortie de janvier, oui, la situation est critique, elle l’était déjà avant sur le plan du classement, tout le monde le sait, on ne se voile pas la face mais pas question de se morfondre. Il y a énormément de frustration générée par de nombreux matchs où les points étaient là, tout près… Après, il y a des points de jeu où nous devons être meilleurs. Dans l’enchaînement conquête-lancement par exemple, d’où nous ne tirons pas assez de situations dangereuses à notre faveur. Il faut aussi être meilleur dans notre conquête aérienne. Ce constat, oui, nous pouvons le dresser mais il y a aussi du positif. »
Loin de faire dans méthode Coué, le coach explique : « Dans les mauls, nous sommes performants, nous avons réussi à jouer sans pilier gauche disponible contre Tarbes sans nous faire cabosser et nous proposons une grosse défense, où tout le monde s’envoie. Alors oui, nous avons perdu beaucoup de matchs mais nous avons pris très peu de raclées. J’entends, bien sûr, des experts dans les tribunes qui appuient sur tel ou tel domaine, qui vont critiquer joueur ou staff. Pas de soucis, qu’ils sachent que je suis preneur des critiques des gens, joueurs ou autres, ayant déjà évolué à ce niveau-là. Je leur donne mon numéro sans problème… »
Le REC pourrait être abattu, touché qu’il est par les blessures régulières, ces défaites cruelles, mais il ne compte pas lâcher l’affaire. Pas le moins du monde, peu importe qui se dresse face à lui : « La réalité, c’est qu’il y avait au coup d’envoi de la saison a minima 12 équipes plus fortes que nous. Nous sommes passés d’une place dans les 100 meilleures équipes françaises à une dans les 44. C’est ça, notre vérité. Pour autant, monter à ce niveau-là ne se refuse pas, c’est source d’enrichissement et jusqu’à preuve mathématique du contraire, nous sommes toujours en National… »
« Quand tu vas jouer à Bourg, à Dax ou à Tarbes, tu comprends l’histoire et le vécu de ses clubs là au plus haut niveau. Nous avons logiquement un vrai retard sur ces clubs-là et tout le monde travaille dur pour le combler. »
Une division où d’anciens membres du Top 14 sont aujourd’hui en reconstruction, mais avec des fondations auxquelles rêve sûrement l’ensemble du club rennais, qui est encore en apprentissage, pour sa part, de ce qu’est un club de très haut niveau : « Quand tu vas jouer à Bourg, à Dax ou à Tarbes, tu comprends l’histoire et le vécu de ses clubs là au plus haut niveau. Bourgouin, il y a quinze ans, accueillait une finale de coupe d’Europe. Nous avons logiquement un vrai retard sur ces clubs-là et tout le monde travaille dur pour le combler, mois après mois mais cela prend du temps. Comme sur le terrain. Tout le monde veut faire grandir le club et le projet du club ne se résume pas une simple saison en National. L’idée, c’est d’être installé dans le milieu de tableau de ce même championnat à trois ans. Il faut avoir un cap, c’est le plus important. Parfois, en course à la voile, une tempête peut te ralentir en pleine course, te faire perdre des places au classement, mais l’objectif reste d’arriver de l’autre côté, quoi qu’il arrive… La vision du club, dans son développement, sa structuration et sa progression s’inscrit ainsi. Si une descente casserait tout cela ? J’espère que non, ce serait un frein oui, mais pas un arrêt. »
Sur le reste de la saison, le plus simple restera sans doute de ne pas sortir la calculatrice, de s’abstenir d’hypothèses bancales et de foncer dedans, avec l’esprit d’un petit poucet en coupe de France jouant un gros à chaque match.
« Personne ne lâche, conscient de la marche à franchir et je reste convaincu que les gars vont finir par être récompensés en maintenant le niveau. »
Advienne que pourra : « Aujourd’hui, nous bénéficions du soutien du public, qui, même s’il ne plait visiblement pas à tout le monde, du moins pour les jeunes arrivés en 2023, a le mérite de se bouger, de faire beaucoup de bruit, de mettre une vraie ambiance à laquelle les gars ont envie de répondre sur le terrain par des résultats. Nos bénévoles sont aussi là, comme nos jeunes qui sont là, à ramasser les ballons, nos partenaires, qui ont toujours un mot pour nos joueurs. Personne ne lâche, conscient de la marche à franchir et je reste convaincu que les gars vont finir par être récompensés en maintenant le niveau. »
Que faire pour cela, sur le terrain ? « Gommer les erreurs qu’on ne peut pas faire à ce niveau, évidemment et faire non pas encore plus, mais mieux. Staff, joueurs, nous devons tous nous inscrire en cela, pas plus, car c’est presque impossible, mais mieux. Que l’on gagne ou que l’on perde, ce que je veux, c’est qu’à la fin du match, on ait tout donné, avec nos armes, sans se renier, en étant nous-mêmes. Ce groupe vit bien, malgré les résultats et c’est aussi sa force. Que l’on aille à Bourg ou que l’on reçoive Chambéry, l’ambition sera strictement la même, gagner. »
On ne demande pas mieux et si possible, le plus vite possible.