La liste est trop longue à citer tant Arnaud Le Berre multiplie les casquettes. Basculant du costume de joueur à celui d’entraîneur et inversement, l’ailier de 27 ans jongle entre ses différentes missions. Entretien avec un véritable mordu d’ovalie.
Tu officies dans plusieurs clubs en tant qu’entraîneur et aussi en tant que joueur. Comment réussis tu à gérer ton emploi du temps XXL ?
Pour l’instant, j’y arrive. J’essaie de bien m’organiser, même si ce n’est pas toujours facile. En juin dernier, j’ai dû mettre en place des priorités. L’année dernière, je priorisais mon emploi à plein temps au lycée Joliot-Curie à Rennes, avec de temps en temps des interventions au Stade Rennais Rugby, et des matches avec le REC ainsi qu’à Saint-Malo. Cette année c’est un peu différent, je privilégie mon poste d’entraîneur au pôle espoir de la Fédération Française de Rugby et celui des arrières au Stade Rennais.
En quoi consiste ce poste au pôle espoir de la FFR ?
Ça fait maintenant trois ans que je suis avec le pôle espoir et j’étais avant cadre technique. J’ai toujours travaillé avec des jeunes. Maintenant, j’entraîne uniquement des joueuses, ce que je n’avais jamais fait précédemment. Nous avons axé la formation sur le rugby bien sûr, mais aussi sur le double projet des filles. Elles ont des cours normaux et à côté, entre dix et douze heures d’entraînements par semaine. Nous faisons aussi en sorte qu’elles aient régulièrement des intervenants issus du milieu de l’ovalie. C’est un choix payant puisque j’ai dix-huit joueuses au pôle espoir et ce sont les dix-huit meilleures joueuses du grand-ouest.
Justement, est-ce que tu gères différemment un groupe de filles d’un groupe de garçons ?
Même si je ne m’étais encore jamais occupé d’une équipe féminine, je me suis dit dès le départ que je ne ferai pas de différences. Je fonctionne comme si j’entraînais des garçons et ça serait pareil dans l’autre sens. Pour l’instant, tout se passe très bien, les filles sont réceptives et ça me conforte dans mon choix.
Est-ce que ça a changé ta vision des choses sur le métier d’entraîneur ? Et est-ce que tu te vois continuer après ta carrière de joueur ?
Je ne sais pas si c’est la meilleure idée que j’ai eu de vouloir entrainer (rires), mais plus sérieusement, je prends beaucoup de plaisir et c’est l’essentiel. Ça me sert surtout quand je suis sur le terrain, j’assimile plus vite les consignes et ça me permet aussi de les transmettre à mes coéquipiers. Concernant l’après, oui, j’y pense forcément. Aujourd’hui, entraîner, c’est mon quotidien. J’ai passé des diplômes avec la Fédération et j’entraîne tous les jours entre trois et six créneaux.
« J’ai vécu des moments incroyables avec le REC »
En plus de tout cela, tu arrives à faire quelques matchs sur le terrain avec le REC et l’équipe de Saint-Malo…
C’est une passion, je suis animé par le rugby. Il y a quatre ou cinq ans, j’ai rencontré Jordi Rougé en stage de sélection, avec qui je me suis lié d’amitié, et qui est aujourd’hui manager du XV Corsaire Saint-Malo. En jouant au REC Rugby, j’ai aussi côtoyé pas mal de joueurs qui sont allés à Saint-Malo. Je pense que nous avons envie de jouer à tout âge et j’essaie tout simplement d’en profiter tant que je peux.
Et comme si ça ne suffisait pas, tu joues également avec l’équipe de France universitaire à sept… Quelles sont les différences avec le rugby à XV ?
C’est très intense. Individuellement, il y a beaucoup plus d’actions à jouer et les contraintes en match sont différentes. Ça se joue en deux fois sept minutes, donc il n’y a pas de temps mort et très peu de temps de récupération. Un tournoi dure entre deux ou trois jours, avec plusieurs matches par journée. Ça demande une préparation particulière. J’ai représenté l’équipe de France aux Jeux Olympiques Universitaires à Naples en 2019, et même si nous n’avons pas décroché la place souhaitée, ça reste l’un de mes meilleurs souvenirs.
Tu as tout connu avec le REC Rugby, de la Fédérale 3 à la Nationale. Comment juges-tu l’évolution du club ?
Pendant neuf ans, j’ai vécu des moments incroyables avec le REC et c’est une immense chance. Nous sommes encore quatre dans le navire à être partis de la Fédérale 3. Nous avons un peu pris le train en route et nous avons suivi. L’écart de niveau est assez stupéfiant par rapport à ce que nous avons connu avant mais malgré tout, le club s’est donné les moyens d’être là où il est aujourd’hui, que ce soit au niveau de son organisation ou des joueurs qui ont rejoints l’équipe.