Après seize saisons passées dans le handball professionnel, dont cinq à Cesson, Jérémy Suty a décidé de raccrocher. De retour en Bretagne pour s’y installer, l’originaire de Dijon revient sur sa riche carrière et sur son passage au CRMHB.
Après une dernière année à Limoges, tu as décidé de mettre un terme à ta carrière. Comment se passe l’après-handball ?
Avec ma famille, nous sommes revenus nous installer en Bretagne, à Saint-Hélen, juste à côté de Dinan. Ça a mis un peu de temps à se concrétiser car ce n’est pas facile d’acheter à proximité du bord de mer. Nous sommes arrivés en juillet et depuis, nous n’arrêtons pas. Il a fallu trouver une école pour les enfants, ma compagne a rapidement repris le travail à la suite de sa mutation et il y a encore pas mal de travaux à faire dans la maison. Concernant la suite, je ne suis pas encore fixé. J’ai des diplômes dans l’éducation, mais je suis aussi attiré par la restauration ou la création d’entreprise. Cependant, je suis pleinement focalisé sur notre installation pour l’instant.
Tu es resté très attaché à la Bretagne…
Nous avons beaucoup aimé notre passage dans la région, lorsque je jouais à Cesson. Ça n’a pas été facile au moment de partir. Nous étions bien ici, mais le projet de Nîmes était intéressant. Dès que nous sommes partis, nous savions déjà que nous allions revenir. L’idée était de s’installer sur la côte nord, pas trop loin de la mer, avec toutes les activités qui en découlent. Nos enfants sont nés à Rennes et c’était une évidence de revenir en Bretagne.
Le moment de la retraite est, en général, un passage compliqué pour un sportif. Ce fut ton cas ?
Pour ma part, tout va bien. J’étais très pris par les réflexions sur la maison et ça m’a permis de basculer immédiatement sur autre chose. De plus, lorsque j’ai resigné pour un an avec Limoges, je savais déjà que ça serait ma dernière année et je pense que ça m’a aidé à franchir ce cap. J’ai pu profiter de chaque instant sur les parquets et me préparer à cette fin d’aventure. J’ai arrêté au bon moment. Depuis, je me suis inscrit au tennis et au foot. Ça me permet de me dépenser et je savoure les bons côtés du sport, sans les contraintes du haut niveau. Je dois admettre que ça m’a un peu titillé quand je suis allé à Cesson voir jouer le CRMHB, mais encore une fois, je connais trop les sacrifices pour être au cœur de l’arène et ça n’a pas duré longtemps.
« Je garde en mémoire les matches au Liberté »
Avec un peu de recul, quel regard portes-tu sur ta carrière ?
Honnêtement, je suis fier de ce que j’ai accompli. Je n’étais pas forcément prédestiné à faire du handball de haut-niveau, en n’ayant pas fait de centre de formation. Je dirais que j’ai eu un peu de chance et j’ai été un bon endroit, au bon moment. Je monte en Proligue avec Dijon et je passe d’un statut de semi-professionnel à joueur professionnel. Je me suis épanoui dans ce sport et je n’ai jamais essayé de tricher. J’ai toujours gardé en tête l’éducation du handball que j’ai reçu, avec des valeurs comme le collectif et la solidarité. Bien que je n’aie gagné aucun titre, je me sens privilégié.
Tu as croisé beaucoup de joueurs. Certains t’ont-ils particulièrement marqué ?
J’ai eu la chance d’évoluer au même moment qu’une génération incroyable de handballeurs et je ne pourrais pas en garder qu’un seul. Instinctivement, je pense à Daniel Narcisse et Michaël Guigou. Ils respiraient le hand et, je ne vous apprends rien, avaient des qualités hors-normes. Je garde aussi un bon souvenir de Nikola Karabatic. Un joueur plus dur mais toujours respectueux. J’ai toujours eu le sentiment qu’il nous considérait d’égal à égal, même les soirs de grosses défaites (rires).
Tu as passé cinq ans au CRMHB. Quels souvenirs en gardes-tu ?
Ce sont cinq très belles années. Je me souviens encore de l’accueil que j’ai reçu quand je suis arrivé, c’est comme-ci j’avais toujours été au club. Les régionales de l’étape, Romain Briffe et Sylvain Hochet, m’ont tout de suite mis à l’aise. Excepté lors de ma dernière saison à Cesson, nous avons réussi à nous maintenir relativement tranquillement à chaque fois, avec un budget plutôt modeste à l’époque. Je garde aussi forcément en mémoire les rencontres au Liberté. La Glaz Arena n’existait pas encore et nous allions disputer les matches de gala là-bas. Certes le sol n’était pas parfait mais l’ambiance était superbe, avec une forte résonnance.
« J’espère que l’équipe pourra dépasser le niveau que nous avions atteint »
La Glaz Arena, justement, qu’en penses-tu ?
C’est un outil formidable, tant pour les joueurs que pour les supporters. Je n’ai pas eu la chance d’y jouer avec le CRMHB mais je suis venu trois fois en tant qu’adversaire. C’était le tout début de la salle et l’ambiance n’était pas ce qu’elle est maintenant. C’était aussi en raison des résultats sportifs à ce moment-là et c’est beaucoup mieux maintenant. Pour être honnête, si la salle avait été annoncée avant que je parte, ça aurait peut-être changé la donne, mais il y a eu tellement de projets de nouvelle salle que je n’y croyais plus forcément.
Plus globalement, que penses-tu de l’évolution du club ?
Il faut que le CRMHB continue dans ce sens. Il renaît d’une période délicate et c’est toujours compliqué de confirmer dans la durée. La frontière entre une bonne saison, une saison moyenne et une mauvaise saison est souvent assez mince. Il faut trouver le bon équilibre. En tout cas, le club se donne les moyens de ses ambitions. Il y a un jeune entraîneur, un bel outil de travail avec la Glaz Arena et des transferts malins ces dernières années. J’espère que l’équipe pourra dépasser le niveau que nous avions atteint et faire un peu comme le foot en se rapprochant du « Top 6 ».
Es-tu toujours en contact avec des membres de l’équipe d’aujourd’hui ou d’anciens coéquipiers ?
Oui, avec Maxime Derbier, qui est devenu un ami après avoir joué ensemble à l’époque. Il habite juste à côté de chez moi et je fais du foot avec lui. Il a facilité notre arrivée en Bretagne en visitant plusieurs maisons pour nous, et nous éviter des allers-retours. Je n’ai pas encore eu le temps de relancer les contacts avec mes anciens coéquipiers comme Sylvain Hochet, Romaric Guillo ou Romain Briffe mais ça ne saurait tarder. Nous allons essayer d’organiser des barbecues l’été prochain.
T’imagines-tu revenir un jour dans le milieu du handball ?
Pas obligatoirement. J’ai toujours voulu couper à la fin de ma carrière, même pour jouer à un niveau plus bas. Le handball m’a beaucoup donné, mais je veux d’abord souffler et éviter l’indigestion. Cependant, je ne ferme pas la porte. Il y a plein d’éléments qui peuvent rentrer en compte, notamment mes enfants, et dans ces conditions-là, pourquoi ne pas remettre un pied dedans.