Restant sur 14 matchs sans défaite (10 victoires et 4 nuls toutes compétitions confondues, 7 victoires et 2 nuls en L1), soit la meilleure série de son histoire en L1, le Stade Rennais est inarrêtable au moment de boucler sa phase de Ligue Europa et de se déplacer à Lille, avant de recevoir Toulouse pour la dernière avant la trêve. Candidat au podium, le Stade Rennais doit-il ambitionner encore plus ?
N’en déplaise aux pseudo-experts de notre championnat, rarement croisés en bord pelouses et peut-être fatigués de devoir inventer chaque soir des débats, la présence de Lens ou du Stade Rennais sur le podium n’est pas une mauvaise nouvelle pour la Ligue 1, bien au contraire. La question, posée dans un débat de « l’Equipe du soir », souligne à quel point la performance d’Hamari Traoré et de ses coéquipiers est mésestimée, du moins loin des contrées bretonnes. Cette question n’a même pas lieu d’être, Lyon étant à la rue depuis plusieurs saisons déjà et l’OM trop irrégulier pour être considéré comme un cador. Monaco, lui, s’affaire dans des montagnes russes indigentes malgré des moyens colossaux. Et les « outsiders », comme le Racing et le SRFC ici, s’installent logiquement aux premières loges. Bien plus convaincants et brillants qu’opportunistes, Lensois et Rennais sont à leur place.
Rennes, équipe de série, va connaître un creux ? Pas si sûr !
Il faut d’ailleurs remonter au déplacement dans le Nord chez les hommes de Franck Haise pour trouver la trace du dernier revers pour Bruno Genesio et ses hommes. Ce soir-là, certains doutaient des capacités rennaises à vivre une saison équivalente à la précédente, moquaient Joe Rodon et croisaient encore les doigts pour le club conserve Gaëtan Laborde, auteur de son dernier but rennais ce soir-là. Certains demandaient même à Benjamin Bourigeaud de partir, ou a minima un séjour sur le banc. Et virer Bruno Genesio, tant qu’on y est ? Que le foot va vite ! Deux mois plus tard, changement total pour le décorum d’une saison aux contours de plus en plus historiques. Amine Gouiri est arrivé et marche sur l’eau depuis début octobre, l’international gallois a fait le job puis un nouveau jeune prometteur est apparu en défense, en la personne de Christopher Wooh. Dans le but, Steve Mandanda a rassuré tout ce petit monde derrière, avec la complicité d’Arthur Theate, de plus en plus séduisant. En attaque, enfin, l’infernale machine ayant atteint la barre des 100 buts la saison passée semble partie pour récidiver, avec des animations où le danger peut venir de partout. Oui, très bien, mais Rennes est une équipe de séries et va connaître un creux ? Pas si sûr !
A force de franchir des paliers année après année, le groupe « Rouge et Noir », fort de certitudes, ne semble pas être de ceux qui s’écroulent dans le doute et l’inefficacité. Tous les postes sont doublés, voire plus, les jeunes Wooh, Doué, Abline ou Ugochukwu viennent taper à la porte sans complexe avec talent et détermination. Partants cet été, Hamari Traoré et Benjamin Bourigeaud sont de nouveau au top de leur forme et influent sur les résultats, Adrien Truffert « l’international » a clairement passé un cap tandis que Xeka, à peine arrivé, a presque déjà fait digérer aux supporters l’absence de Baptiste Santamaria, pourtant auteur d’un très bon début de saison. Lovro Majer, en difficulté lui aussi sur les premiers matchs de championnat, retrouve son meilleur niveau au fil des victoires, histoire de ne pas être en reste. Et que dire du trio Terrier-Gouiri-Kalimuendo, complémentaire à souhait, heureux d’évoluer ensemble et terriblement efficace, ayant inscrit 16 des 20 derniers buts rennais ! Loin du débat équipe de France, légitime, les attaquants rennais roulent sur toutes les défenses se présentant à eux, avec le plaisir du jeu, trop souvent oublié, et évident, maillot « rouge et noir » sur les épaules. L’euphorie est savoureuse, jamais les supporters n’ont été aussi bien servis depuis deux ans et Rennes devient incontestablement l’une des « Place to be » du foot français. Pour preuve, la Ligue a même sanctionné le RCK pour jets de fumigènes, signant ainsi l’entrée du magnifique public rennais dans la cour des plus grands, avec une tribune partiellement fermée. Un incontournable chez les grands cols français d’aujourd’hui, n’est-ce pas ! Mais ceci pourra et devra-t-il est validé par un titre en fin de saison ?
Une coupe pour valider une période exceptionnelle
Comme l’évoque dans nos colonnes ce mois-ci Jimmy Briand, le titre de champion de France semble loin, le PSG disposant d’un attirail lui interdisant un autre classement que la première place. La seconde, en revanche, tend les bras à un Stade Rennais qui se doit d’être ambitieux et a les moyens de l’être. Lens sera un rival teigneux, sans contestation possible, l’OM n’est pas loin et Monaco et Lyon, si attendus de nos chers chroniqueurs nationaux quotidiens, ont pour devoir de revenir dans la course. Mais pour le moment, ni Monaco, ni Marseille, ni Lyon n’ont vaincu le Stade Rennais cette saison. En Ligue 1, le SRFC sait y faire, balaie les adversaires supposés moins forts, accroche les gros et avance sur un rythme de points jamais atteint par un coach avant Bruno Genesio.
L’Histoire peut aussi s’écrire au gré des coupes, 2019 l’a largement prouvé. Une finale de coupe de France, un Stade de France tout habillé des couleurs rouge et noir viendrait valider l’exceptionnelle période rennaise, tout comme un long parcours européen, dépassant enfin les huitièmes de finale.
Le plateau européen du printemps prochain risque de valoir le détour, avec les mauvais élèves de Ligue des Champions (Barcelone, Juventus, Atletico Madrid ou Ajax) reversés, s’ajoutant à Manchester United, Arsenal, l’AS Rome ou Villareal. L’occasion rêvée de grands soirs européens, à l’image d’Arsenal ou Séville en 2019 ou de Leicester l’an passé. L’occasion aussi de regarder droit dans les yeux ces grands noms du football européen, de prouver la nouvelle dimension prise depuis quatre ans par le Stade Rennais. A condition, bien sûr, que cette dynamique ne soit pas cassée d’abord par cette coupe du monde dont on se demande toujours ce qu’elle fait là, à cheval sur novembre-décembre puis par un mercato où les talents rennais vont bien finir par faire tourner la tête des plus grands, à défaut d’intéresser ou de faire vibrer les chroniqueurs du lundi soir, trop passionné par l’historique PLM (Paris-Lyon-Marseille) pour constater qu’il faudra peut-être désormais faire avec le PRL.