Voilà un transfert sous forme d’échange qui avait laissé bon nombre de supporters incrédules… Fin août, le board rennais choisissait de se séparer de Gaëtan Laborde, pourtant prolifique et adoré des supporters, pour recruter Amine Gouiri, en perte de confiance totale à Nice. Deux mois plus tard, bien des vestes se sont retournées et hier semble déjà si loin, y compris pour le néo-Rennais !
« Prendre les matchs les uns après les autres » ou « l’essentiel, c’est les trois points ». Ces poncifs de nos chers joueurs très souvent raillés des supporters ou journalistes ne sont pas leur priorité exclusive et peuvent aussi se muer en « Prendre les joueurs les uns après les autres » ou « l’essentiel, c’est les trois buts ou les trois de devant »… Prenez ce qui vous ira, toujours est-il que « tout va très vite dans le football ». Cet état de fait, Amine Gouiri commence à en bénéficier, en prenant, au gré de ses buts et de son adaptation express, la place dans le cœur du peuple « Rouge et Noir » de Gaëtan Laborde, bien à la peine pour le moment sur la promenade des Anglais. Oui, tout va très vite…
Sacrifié par Christophe Galtier au profit du fantomatique Kasper Dolberg
En marquant face à Nantes, le natif de Bourgoin-Jallieu est devenu le premier buteur français né en 2000 ou après à atteindre la barre des 25 buts en Ligue 1, ce sur les cinq grands championnats européens. Une prouesse s’expliquant par la précocité du joueur formé à Lyon, où il rencontra Bruno Genesio. Celui-ci, récemment, confirmait savoir où il mettait les pieds avec son attaquant : « C’est un garçon que je connais très bien, que j’ai eu la chance de côtoyer à ses débuts à l’OL. Je connais ses qualités. Je pense qu’il avait besoin de retrouver un climat de confiance et un jeu qui lui convient mieux avec deux attaquants et avec une position plus proche du but. » La problématique niçoise du joueur est sous-entendue mais parfaitement mise en relief. Balancé côté gauche par Christophe Galtier la saison passée, au profit du fantomatique Kasper Dolberg, Amine Gouiri a perdu ses sensations et petit à petit, son efficacité puis son plaisir du jeu. Auteur de douze buts lors de sa première saison sous Patrick Viera, avec quelques pépites au passage, le joueur en inscrivit 10 lors de la seconde, dont huit lors de la phase aller avant de décliner. A l’aise techniquement, fin, très fort dans ses déplacements et doté d’un vrai sens du but, il connaît une année civile très compliquée avec deux petits buts en janvier avant un désert d’efficacité. Pas vraiment dans les plans de Lucien Favre, ni d’INEOS, dont le projet de jeu (et global) reste toujours, trois mois après le début de saison, illisible, le joueur n’allait pas se priver de « filer à l’anglaise » si l’opportunité se présentait. Nice n’en demandait pas tant et ainsi l’échange avec Gaëtan Laborde a pris forme, laissant d’abord circonspect compte tenu des dynamiques opposées, Laborde inscrivant deux buts avec le SRFC en ce début de saison tandis que le nouveau numéro 19 rennais traînait sa peine à Nice. Quand Rennes valide le mouvement, le joueur ne cache pas, dans la foulée, le plaisir de retrouver des têtes bien connues : « J’ai connu le coach Bruno Genesio et Florian Maurice à Lyon. Ça ressemble à Lyon. J’aime le style de l’équipe, qui me convient parfaitement. Le coach me connaît bien, mes points forts et mes points faibles. Je sais que je vais progresser et m’épanouir. La présence de Florian Maurice et Bruno Genesio a beaucoup compté. J’avais beaucoup d’opportunités et j’ai beaucoup réfléchi »
Capable de jeu de remise sans avoir pour autant un profil « #TeamPivot », le joueur sait et aime se sacrifier au profit du jeu collectif.
Positionné en deuxième attaquant, soit aux côtés d’Arnaud Kalimuendo, soit aux côtés de Martin Terrier, le joueur propose une palette très intéressante et différente de celle de son prédécesseur en attaque. S’il ne presse pas avec la même intensité, les déplacements n’en sont pas moins intéressants, à l’image du but inscrit face à Auxerre, son premier avec le Stade Rennais, libérateur. Capable de jeu de remise sans avoir pour autant un profil « #TeamPivot », le joueur sait et aime se sacrifier au profit du jeu collectif. Qu’il soit à la conclusion comme à Angers, sur un but exceptionnel collectivement, ou à la dernière passe, comme face à Nantes et Auxerre, le joueur formé à l’OL transpire le foot, le vrai, le beau, celui où l’on se lève même s’il n’y a pas but, celui prôné par son coach, Bruno Genesio ainsi que par ses partenaires, tous enclins à l’aider à briller sans se départir de la notion de collectif. A Rennes, l’ambiance, le cadre, le jeu et la tactique permettent à l’un des attaquants les plus prometteurs de sa génération de donner sa pleine mesure. Agé de seulement 22 ans, quand Gaëtan Laborde arrive à proximité de la trentaine, le joueur est à l’évidence un vrai pari gagnant sur le présent, avec une détermination affirmée de s’imposer mais aussi un pari assuré ou presque d’être gagnant sur l’avenir, sur le plan des finances du club. Acheté pour près de 15 M€, Amine Gouiri ne va cesser de prendre expérience et valeur, surtout s’il continue sur sa lancée. S’il entend bien durer en Bretagne, le joueur n’échappe ni à sa génération, ni à son milieu et un plan de carrière, tant côté club que côté entourage du garçon, est sans doute déjà en place. Rien d’anormal ou d’immoral à cela, et pour l’heure, le Roazhon Park est le lieu idéal pour continuer de progresser et de s’affirmer parmi les meilleurs, avec la promesse de « régalades » en série dans les semaines à venir et pourquoi pas, d’un avenir international à court ou moyen terme en poursuivant une progression régulière et exponentielle ultra-intéressante.