Une première demi-heure de rêve, de plaisir de plénitude, puis une dernière de gestion timide, de mauvais choix et d’immaturité due à l’attitude et non à l’âge… Si tout le monde aurait forcément signé pour un résultat nul dans l’enfer d’Istanbul, le scénario a de quoi décevoir tant Rennes devait gagner un match qu’il n’a pas su contrôler jusqu’au bout en seconde période, face à des Turcs loin d’être irrésistibles.
La première période est pourtant exemplaire. Rennes ne perd pas de temps pour entrer dans son match et marque sur sa première offensive. Adrien Truffert côté gauche déborde et centre pour Amine Gouiri qui coupe parfaitement au premier poteau pour mystifier Baynidir. Le départ est idéal et les « Rouge et Noir » ne s’arrêtent surtout pas en si bon chemin. Lovro Majer pense bien d’une superbe frappe en lucarne doubler la mise sur une belle passe d’Amine Gouiri mais l’international croate voit son but refusé pour un hors-jeu de Benjamin Bourigeaud au départ de l’action. Fenerbahçe réagit enfin dans la foulée mais la frappe de Kahveci, buteur à l’aller, passe juste à côté (14′). Rennes répond illico avec Hamari Traoré qui d’un délice de passe, trouve Martin Terrier au cœur de la surface. En pleine confiance, le buteur rennais ne tremble pas et marque le but du KO. Rodon empêche le Fener de revenir en sauvant un ballon mal jugé par Steve Mandanda (20′). Les locaux, poussés par une très grosse ambiance, ont le ballon mais Rennes est clinique sur chaque sortie. A la demi-heure, le coup est parfait avec cette fois-ci Benjamin Bourigeaud à la passe et de nouveau Amine Gouiri à la conclusion. 0-3, les Bretons ont un pied et neuf orteils en huitièmes de finale. Sauf que, hélas, Ener Valencia redonne l’espoir aux « Jaune Bleu » en marquant de la tête à la 42′ et permet aux siens de rentrer aux vestiaires encore vivant, d’autant plus avec une ultime occasion avortée pou Gouiri juste avant la pause.
La seconde période est hélas aux antipodes de la première. Premier coup dur, Steve Mandanda, dont l’expérience est évidemment précieuse dans un contexte pareil, sort sur blessure, laissant sa place à Dogan Alemdar. Rennes joue moins haut, presse moins fort mais gère avant l’heure du coaching. Celle-ci intervient à l’heure de jeu et à ce petit jeu, Jorge Jesus tape fort. Zajc, Batshuayi et Emre Mor entrent en jeu. Huit minutes plus tard, Bruno Genesio coache lui aussi et choisit de sortir Benjamin Bourigeaud et Lovro Majer pour Lorenz Assignon et Désiré Doué. L’expérience et la maîtrise collective contre la jeunesse et une tendance à trop chercher l’exploit individuel. Cela va se payer cash, ajouté à la sortie de Martin Terrier pour Kamaldeen Sulemana (84′)… Valencia, puis Batshuayi manquent l’occasion de réduire le score, au contraire de Zajc qui expédie son coup-franc en lucarne (82′). Le stade entre en fusion, Rennes en décomposition, incapable de tenir le ballon ou de mettre la pression au milieu et Kamaldeen Sulemana, déjà coupable de dribles inutiles dans le camp adverse, en fait de même devant sa surface, en parfaite dilettante. La sentence est immédiate : Crespo récupère et trouve Emre Mor, qui fait « revivre » son équipe (88′, 3-3), revenue de nulle part. Les arrêts de jeu sont interminables mais plus rien ne bouge au tableau d’affichage… Rennes vient de lâcher deux points, la première place du groupe et donc, un billet direct pour les huitièmes de final, pourtant largement à sa portée et mérité, avec un peu de recul, sur l’ensemble de la double confrontation où les Bretons auront mené 2-0 à l’aller puis 3-0 au retour, avant d’être rejoints. Preuve d’un manque, d’un véritable cap à franchir, et vite.
Au micro de RMC Sport, Benjamin Bourigeaud ne décolérait pas : «Ce n’est pas un excès de confiance. On fait le match qu’il faut au départ. On est parfait au début. On gagne 3-0 à l’extérieur. On a un temps faible en de première période. Après, on a essayé de faire le maximum. En fin de match, on doit faire mieux. Aujourd’hui, c’est une faute professionnelle de ne pas gagner. On est des imbéciles parce qu’à 3-0, on doit fermer la boutique et là on prend 3 buts. Franchement, on n’a pas le droit. Je ne sais pas ce qui s’est passé. On fait des touches en trop, on essaye de dribbler alors qu’on doit prendre zéro risque, et dégager. On avait dit qu’on avait appris, mais on démontre qu’on doit encore apprendre. Il va falloir arrêter et se poser les bonnes questions. On n’a pas le droit de faire ce qu’on a fait aujourd’hui. On aura une finale à la maison maintenant. On s’est gâché la fête.» Difficile de trouver meilleure conclusion… Pour la réponse, reste désormais à faire mieux que le Fener lors de la dernière journée, en battant le plus nettement possible jeudi prochain les coriaces chypriotes de Larnaca. Un défi à portée d’une équipe qui néanmoins, égale ce jeudi soir sa série record de 13 matchs sans défaite.