Il est l’un des nouveaux visages du CRMHB mais aussi l’un des incontournables de Starligue. Arnaud Tabarand, 36 ans, formera le nouveau binôme de gardiens avec Miguel Espinha pour cette saison 2022-2023. La rencontre entre la Bretagne et ce basque amoureux de la nature et des animaux sonnait comme une évidence. Et le début d’une belle histoire…
« Surtout, on ne répond pas à Arnaud Tabarand… ». Tel est le mot d’ordre des coachs du championnat de Liqui Moly Starligue au moment de croiser le chemin de celui qui gardera désormais les buts du CRMHB : « La consigne est connue ! » se marre l’intéressé, 36 ans, plein sourire et bien conscient de l’image qu’il véhicule : « C’est mérité ! C’est vrai, sur le terrain, je deviens quelqu’un d’autre. Jamais méchant mais oui, je peux devenir très pénible, voire un peu con en provoquant, en parlant et en essayant, finalement, d’activer d’autres leviers que ceux de la performance sportive pure. Je ne veux jamais quitter un match sans avoir rien essayé pour impacter le scénario d’un match. Et si on me branche, on me donne des munitions. Ça reste un jeu, bien sûr mais j’adore ça ! ». Arbitres, joueurs et afficionados du hand français le savent déjà, les autres vont bientôt le découvrir.
Cette image de « tête brûlée » ou de provocateur, c’est selon, reste néanmoins à l’opposé total de la tranquillité et de la gentillesse hors terrain du Biarrot. Calme, avenant et chaleureux, l’ancien portier d’Istres, attaché viscéralement à sa région, semble avoir trouvé la terre parfaite pour continuer de « jouer à la baballe », comme il le dit lui-même, deux ans et demi et une année de plus, si affinités : « Je mesure chaque jour mon privilège. Je suis payé pour faire du sport avec des gars qui deviennent des potes. Combien sommes-nous à l’heure actuelle à avoir cette chance ? Du coup, si je suis à fond dans mes entraînements, mes matchs et que je fais tout le nécessaire au travers de la vidéo pour bien me préparer, je coupe aussi dès que je suis chez moi de tout cela. Je n’ai pas vraiment non plus le temps de regarder la télé et les matchs une fois à la maison… »
L’arche de « Nono » en Bretagne !
Et pour cause ! Grand amoureux de la nature et des animaux, le néo-Cessonnais a déménagé sa famille recomposée de Vinka, sa femme et de leurs quatre enfants, mais aussi de ce que nous nommerons « l’arche de Nono » : trois chèvres angora, des poules, des canards, l’âne « Titane », des chiens et chats, rien que ça ! « Ils me prennent beaucoup de temps mais me donnent beaucoup de joie, de bien-être. Ma compagne m’a transmis la passion des animaux. Moi, j’avais celle de la nature, du voyage. Quand j’ai négocié avec Cesson, ma priorité n’était pas telle voiture ou telle prime mais de pouvoir trouver une maison avec suffisamment de terrain et d’espace pour toute ma petite famille et nos bêtes ! ». Désormais installé, Arnaud Tabarand regarde la saison à venir avec de belles ambitions et beaucoup d’appétit : « Déjà, quand j’ai signé trois ans à Istres, c’était du bonus de pouvoir retrouver l’élite après cinq ans passés à Billère. Nous avons vécu une belle aventure, avec des maintiens, des copains et beaucoup d’émotions. Alors Cesson, aujourd’hui, au sortir de la saison qu’ils ont réalisée, c’est super. J’avais le choix avec Limoges et Chartres mais je n’ai pas hésité très longtemps. Le projet était aussi familial et l’avis de ma femme et de mes enfants primordiaux. La Bretagne a remporté tous les suffrages. »
Côté terrain, le projet présenté par Sébastien Leriche et Yann Lemaire enchante également le colosse basque : « Il va falloir faire aussi bien que l’an passé, en étant attendus. J’ai hâte de découvrir la Glaz, cette salle fait partie pour moi du top 5 français et y évoluer va peut-être me pousser à tenter encore plus de trucs (rires)… » Avant d’entrer dans l’arène cessonnaise, Arnaud Tabarand a vu bien du pays. Habitué d’Aguilera et du rugby le dimanche du côté de Biarritz avec papa, il est formé du côté d’Irun, en Espagne, où il évoluera jusqu’à ses 21 ans, il ne prend conscience que le hand peut devenir un métier qu’autour de ses 18 ans. Il découvre ainsi le championnat espagnol, proche de chez lui, tout en amenant plusieurs potes avec lui de l’autre côté de la frontière, devenant un précurseur à Irun. Mais pour autant, il n’hésite pas à 21 ans à rallier Paris : « Un autre monde ! Je n’étais pas prêt, clairement, dans ma vie d’homme et ce fut compliqué à vivre. Au Paris Handball, à l’époque, tout s’est bien passé mais la capitale, ce n’est pas pour moi… ». Homme des terres, de campagne et de calme, Arnaud Tabarand choisit rapidement de partir et se fait prêter à Vernon, où il dispute trois saisons, avec une descente en N1 puis une remontée immédiate en D2 : « De belles années là-aussi, les copains, une progression niveau handball et le plaisir de participer pleinement au projet sportif. ». Progressant sereinement, il rejoint ensuite l’US Créteil et retrouve l’Elite pendant trois saisons. Epanoui sur le terrain, il connait néanmoins une année 2014-2015 qui va changer sa vie, sur et en dehors du terrain : « Côté terrain, en novembre, je connais ma première grave blessure avec une rupture des ligaments croisés du genou. Un mal pour un bien cependant, puisque je rencontre, en rééducation, Vinka, ma compagne, elle aussi blessée au genou ! ». Si l’amour répare un corps meurtri par la « blessure du handballeur », la vie frappe fort Arnaud qui perd sa sœur jumelle, Anabelle, partie vivre au Canada et emportée en quelques mois à peine par la maladie, à 28 ans : « C’est une épreuve très difficile, qui m’a beaucoup appris, où j’ai essayé d’être le plus présent possible pour ma maman et mes sœurs. Tout est allé très vite mais c’était comme si je savais la partie perdue d’avance dès le départ. Il a fallu se reconstruire de ce moment-là et ma femme a été un pilier, une force incroyable pour vivre un nouvel élan… »
Désireux de se rapprocher de ses proches, Arnaud choisit de quitter Créteil, en commun accord avec le club et rejoint le club de ses terres, Billère. Là-bas, place aux retrouvailles avec Arnaud Villedieu, présent tout au long de la jeunesse du gardien mais surtout, à une formidable époque handball : « Le hand m’a permis, aux côtés de mes proches, de me recentrer, d’envisager aussi l’après-carrière. Sur le terrain, j’ai évolué en D2 et Nationale mais nous avons pris beaucoup de plaisir. En dehors, nous avons acheté une maison qui sera au centre de notre futur projet de vie visant à réussir à cultiver notre potager, à vivre en auto-suffisance. Nous en reparlerons en temps voulu avec les enfants mais c’est une idée qui fait son chemin. »
« Un Tabarand dans l’effectif, c’est suffisant ! »
Atypique, dirons certains, au regard de son parcours et de son style de jeu, le Biarrot n’arrive pas à Cesson en pré-retraite et entend bien aussi démontrer ses qualités, dont la principale, une régularité lui octroyant une moyenne d’arrêt régulièrement autour des 30 % : « Je ne suis pas un gardien qui va envoyer un 50% régulièrement mais j’évite aussi les 10 %. Je suis exigent et quand je fais 25 ou 28 %, je suis rarement satisfait. Après, si je fais un 5% mais que l’arrêt permet une victoire, on oublie vite le chiffre pour l’occasion. Le hand est avant tout collectif et n’importe quelle stat doit être mise en perspective. » Le nouveau binôme sur ce poste si capital de gardien sera donc scruté et l’ancien Istréen se sait attendu et impatient de mieux connaître son nouveau compère des buts : « Miguel est un gars réservé mais très sympa. Nous parlons ensemble en espagnol et en français. Nos styles sont différents mais, je pense complémentaires. Si je vais le pousser à chambrer les adversaires ? Non, non, chacun son style, un Tabarand dans l’effectif, ça suffit (rires) ». Un nouveau dernier rempart qui devrait plaire à une Glaz Arena qui, si elle avait adopté le showman Jozé Baznik, devrait tout autant apprécier le volcanique Arnaud Tabarand, pour une rencontre évidente entre le feu et la Glaz !