Une fois, cela peut s’apparenter à un accident, deux fois, il y a interrogation, forcément, et sérieuse… Si nous n’irons pas jusqu’à qualifier les joueurs du Stade Rennais, comme l’a fait leur coach, de « touristes », les « Rouge et Noir » ont livré une inquiétante copie dans l’Aube face à un adversaire qui ne pourra guère ambitionner mieux qu’un laborieux maintien en Ligue 1. Une occasion a ainsi suffit aux Troyens, après 14 minutes de jeu et une défense mise en difficulté sur un coup de pied arrêté lointain, dont profita Ugbo pour marquer sur le seul tir cadré du match côté troyen. 13 minutes plus tard, pour une grosse semelle sur Lovro Majer, Yoann Salmier recevait un carton rouge mettant, comme à Monaco, Rennes dans un fauteuil pour faire la différence en supériorité numérique. Comme à Monaco, Rennes parviendra, péniblement, à marquer un but, très beau, par Baptiste Santamaria d’une frappe sèche aux 18 mètres mais pas plus, malgré 6 tirs cadrés sur 19 tentatives. Peu, trop peu, pour mettre à mal Gautier Gallon, meilleur gardien de Ligue 2 il y a deux ans, et brillant en seconde période devant Benjamin Bourigeaud de la tête à bout portant puis face à Arthur Theate, de nouveau de la tête, dans les arrêts de jeu. Un nul, comme à Monaco, face à une adversité à des années lumières de l’équipe de la Principauté, c’est insuffisant, à l’image d’une première période sans révolte ni éclat (mt,1-0).
Ce Stade Rennais, qui ne compte que huit points après six journées sur le 18 distribués en ayant affronté Lorient, Ajaccio, Brest et Troyes, est en retard sur son tableau de marche et le fait d’avoir également raté le début de saison passée n’apporte rien au débat. Il permettra peut-être d’en rassurer certains, convaincus que la même saison que la dernière se déroulera sous nos yeux ébahis cette saison mais rien, absolument rien ne l’assure ! Bruno Genesio n’a de cesse de le répéter, conférence de presse après conférence, ce n’est plus le même championnat, ni la même histoire. Ce ne sont surtout plus les mêmes hommes… Quoi qu’on en dise, l’absence de Nayef Aguerd est criante et l’équilibre défensif est à trouver, rapidement. Les progrès d’Arthur Theate sont évidents et le joueur devrait rapidement s’imposer comme incontournable dans l’axe rennais. Il n’en est pas de même, pour le moment, pour son comparse gallois, à la relance souvent latérale et pas irréprochable sur le but troyen. Le jeu de relance courte, de lecture du jeu demandé par Bruno Genesio nécessite des qualités largement montrées par Warmed Omari dont le retour fera forcément beaucoup de bien, notamment. Au milieu de terrain Flavien Tait est à la peine pour accélérer le jeu et jouer simple, comme il le fit si bien la saison passée. Guère plus en réussite, Lovro Majer n’est pas encore dans le bon tempo et sa qualité à la dernière passe doit rapidement revenir pour une attaque orpheline hier de l’agressivité de Gaëtan Laborde, en dépit du talent évident du duo Martin Terrier-Amine Gouiri, à qui du temps sera nécessaire pour trouver sa (bonne) place. Pour les joueurs de côté, Jérémy Doku est une nouvelle fois blessé et Kamaldeen Sulemana en courtant alternatif. L’attaque, hier pétrie de certitudes, est à reconstruire, tout comme le secteur défensif.
Il faudra du temps pour carburer de nouveau, sans forcément exiger 100 buts inscrits cette année et accepter d’être d’abord dans l’ombre avant de retrouver la lumière d’un podium déjà à 7 points… Le doute peut s’immiscer dans des esprits secoués par les mots de leur coach et désireux de se racheter dans une semaine à deux matchs capitaux, d’abord à Larnaca pour lancer la saison d ‘Europa Ligue face à l’adversaire le plus faible du groupe puis en recevant l’imprévisible Auxerre de Jean-Marc Furlan et Benoît Costil dimanche. Le marathon de septembre est lancé, avant celui d’octobre, encore plus long et intense, le Stade Rennais n’a plus de temps ni de points à perdre et à défaut d’être beau, doit désormais gagner, qu’importe la manière…