Que cela fasse office d’avertissement. S’il avait imaginé que cette année, tout coulerait de source dans la lignée des meilleurs moments de l’an passé, le Stade Rennais en a eu pour ses frais cet après-midi avec une très grosse désillusion. Perdre un derby peut arriver mais de la sorte, face à un adverse aussi faible, cela ne peut pas être classé dans le tiroir de la simple anecdote. Non. Pas de quoi tirer sur l’ambulance mais de quoi, en revanche, remettre l’église au milieu du village et confirmer que sans efforts synchronisés, sans débauche d’énergie ou dépassement de fonction et surtout, sans inspiration, rien ne sera donné aux « Rouge et Noir » dans une Ligue 1 où aucun match n’est facile, sauf quand on se nomme PSG.
Dans un onze-type sans surprise, si ce n’est peut-être la titularisation de Joe Rodon, arrivé cette semaine, en lieu et place de Loïc Badé, le Stade Rennais a d’abord (plutôt bien) répété ses gammes, avec une grosse intensité lors des vingt premières minutes de jeu. Une volée pour Truffert d’entrée de jeu, puis deux cafouillage avec Martin Terrier à l’origine de ces belles situations laissaient à penser à un match qui va être dominé et maîtrisé par les Rennais. A la 20′, Martin Terrier enroule mais Laporte dévie en corner. Rennes a les cartes pour accélérer mais ce n’est pas le cas… Sans être inquiétés par des Merlus ultra-attentistes, les Rennais peinent à changer de rythme, à surprendre et font parfois preuve de suffisance dans les courses ou les choix tactiques. Le déchet technique est inhabituel, les grigris superficiels mal venus et les occasions rares. Pour ne rien arranger, l’excellent Mvogo dans le but lorientais, réussit parfaitement son match (mt, 0-0).
Le premier quart d’heure du second acte donne bon espoir de voir Rennes enfin passer devant mais il manque la détermination, l’envie de faire mal dans le dernier geste. Lovro Majer (47′), Gaëtan Laborde (50′) puis Martin Terrier (55′) sont à l’œuvre mais ne parviennent pas à tromper le portier lorientais. A l’heure de jeu, Ouattara donne un premier frisson aux supporters du Roazhon Park, avec une frappe échouant dans le petit filet. Quelques minutes plus tard, Rennes est puni par son nouveau défenseur belge Arthur Theate qui voulant détourner un centre de Gédéon Kalulu, trouve la lucarne de son propre gardien (64′, 0-1)… On pouvait imaginer mieux, forcément, pour démarrer à domicile en Ligue 1 dans une rencontre pourtant très tranquille pour les défenseurs rennais. Piqués, le SRFC se rue alors à l’attaque. Bruno Genesio envoie du coaching avec les rentrées successives de Serhou Guirassy puis Désiré Doué, Kamaldeen Sulemana et Jérémy Doku. Avec ce vent frais, l’attaque bretonne retrouve du peps et du dynamisme mais Lorient, armé pour bétonner, ne lâchera rien, et surtout pas son précieux pécule ! Désiré Doué est la très belle satisfaction du jour, confirmant son énorme potentiel technique entrevu en préparation. Hélas, cela ne suffit pas. Serhou Guirassy, à deux reprises mais surtout Jérémy Doku, à l’ultime minute d’une magnifique frappe enroulée, butteront à leur tour sur l’épatant Mvogo, grand bonhomme du match côté lorientais, et garant des trois points !
Voilà dix ans que les Lorientais n’avaient plus gagné en Ille-et-Vilaine tandis que le Stade Rennais, de son côté, n’avait plus connu pareil match depuis un long moment, surtout à domicile… S’il ne s’agit que d’un match d’ouverture de championnat, cette équipe, qui jouera à Monaco dimanche prochain, voit tous ses concurrents déjà trois points devant mais devra surtout remettre les bons ingrédients, et vite, pour retrouver et enclencher une belle dynamique d’entrée et ne pas connaître un trop long retard à l’allumage. Le mercato, lui aussi, risque d’être au centre des préoccupations, la nécessité d’un milieu de terrain athlétique et d’un attaquant rapide et puissant, capable de prendre la profondeur, ayant été frappante sur la vérité de ce derby perdu. S’il n’est qu’une première photographie de reprise, nul ne doute que personne, à commencer par les joueurs, ne souhaitera s’éterniser dessus sans pour autant oublier la piqure de rappel reçue. Première réponse attendue à Louis II, dans sept jours…