Pour parer au départ de Pierre Le Meur vers Nantes, où il s’occupera de la réserve (N1), le Cercle Paul Bert Handball a fait le choix de la promotion interne et a ainsi misé sur Emmanuel Marty, jusque-là coach des Seniors féminines 2 et 3 et ancien membre incontournable de la GreenTeam. A seulement 26 ans, voilà un beau défi pour « Manu », parfait connaisseur de la maison Géniaux.
A quelques semaines de la reprise, comment prépares-tu la prochaine saison ?
Nous reprenons le premier août avec un championnat qui commence le 3 septembre. Au haut niveau, généralement, il faut entre cinq et six semaines de préparation en amont du début de la compétition. Là, nous allons avoir moins de temps donc j’ai travaillé un programme de six séances pour les joueurs, à faire avant leur retour. Ça va leur permettre de se remettre en route de plus en plus intensément et de ne pas perdre de temps sur le mois de préparation. Nous sommes surtout sur du travail d’endurance, de vitesse et de prévention des blessures.
Vas-tu transposer tes méthodes travaillées avec les féminines à la N1 masculine ?
Je m’adapte aux personnes que j’ai face à moi mais je pense que tout entraîneur a ses convictions. J’ai envie d’approfondir sur certains points car le niveau va être plus élevé. J’ai envie de mettre ma patte !
Que souhaites-tu mettre en place cette saison ?
J’ai des volontés de changement sur certaines choses, par exemple, sur les jeux d’échauffement. Le projet de jeu ne sera pas si différent, je ne vais pas révolutionner le CPB Handball ! Dans les grandes lignes, le projet de jeu va s’appuyer sur trois axes. D’abord sur l’aspect défensif. Quand on regarde nos statistiques, on voit que nous marquons beaucoup plus de buts mais malheureusement, nous en encaissons aussi beaucoup ! Il faut retrouver une défense agressive. Ensuite, je veux continuer de développer le jeu de transition. Le dernier point c’est le jeu extérieur. Il faut une grosse amélioration sur nos ailes, à la création et à la finition.
« Entraîner, c’est ce qui me transcende »
Tu es arrivé en tant que joueur au CPB en juillet 2016. Comment as-tu basculé sur vers le banc alors que tu es en pleine force de l’âge pour un joueur ?
Lorsque je jouais au CRMHB, j’avais passé mon Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport. Je suis arrivé au CPB en tant que joueur mais aussi en tant qu’éducateur salarié. Mon rôle était de rendre accessible le sport pour tous, notamment dans les quartiers. J’ai ensuite évolué du côté du « hand performance » mais être coach, c’est ce que j’ai toujours voulu. J’ai dû prendre mon mal en patience car ce n’est pas facile de trouver des financements pour créer un poste. Entraîner, c’est ce qui me transcende, j’y prends beaucoup de plaisir ! Le terrain me manque malgré tout. J’ai fait quelques entraînements l’année dernière avec la N1, ça fait du bien de retoucher le ballon.
Comment as-tu vécu ta nomination ?
Ça été une surprise ! Les dirigeants savaient depuis quelques temps que Pierre Le Meur allait partir mais nous les salariés, nous ne l’avons pas su tout de suite. En tout cas, ça s’est fait assez naturellement. Pierre a appuyé, Franck Prouff aussi. Il y a de bons retours sur mon travail au sein du club. J’ai des objectifs, je sais où je vais. Mais je ne pensais pas que ça allait arriver aussi vite.
D’autant plus que tu n’as que 26 ans ! Que penses-tu de la confiance que les dirigeants t’accordent ?
Le CPB est un club qui ne ment pas, qui fait confiance. J’ai de la chance ! A moi maintenant de donner satisfaction. Je ressens de l’excitation mais aussi un peu de pression, je l’admets !
« Le CPB est un club qui ne ment pas, qui fait confiance. J’ai de la chance !
Tu vas coacher des joueurs avec qui tu as évolué. Comment appréhendes-tu cela ?
C’est difficile de répondre à cette question tant que je ne l’ai pas vécu. En tout cas, je n’appréhende pas. Je me demande quand même où je vais m’asseoir dans le bus ! (rires). Il y a une hiérarchie entre nous maintenant et j’espère qu’elle sera respectée. Les garçons sont intelligents, ça devrait bien se passer. J’ai quelques fois été dur avec les Seniors féminines cette saison, ça sera pareil avec eux. Je dois réussir à trouver ma place.
Le recrutement a-t-il déjà commencé ?
J’arrive dans un monde que je ne connais pas mais nous allons déjà faire confiance aux jeunes du club. Geoffrey Minel va nous rejoindre, Grégoire Guégan, du club d’Hennebont, aussi. Je peux aussi vous dire qu’il y aura 7 départs, soit un tiers de l’équipe. Si je peux passer en même temps une annonce, nous sommes à la recherche d’un gardien pour la N2 ! Il sera le 3e dans la hiérarchie en N1.
Le message est passé ! Comme, il n’y pas de montée à l’échelon supérieur en N1, comment motiver les troupes ?
C’est une frustration pour tout le monde mais nous ne sommes pas capables de monter financièrement. On ne peut pas trouver la motivation dans cet objectif impossible. Ce qui est sûr, c’est que les jeunes ont la dalle ! Ils veulent jouer, ils vont arriver aux entraînements en ayant faim et ça va donner une bonne dynamique ! C’est tout de même dommage qu’il n’y ait pas de Coupe de France. Après, même sans montée, il faudra déjà assurer le maintien ! Cette saison, il y aura plus de descentes. Cinq clubs sur quatorze ne vont pas se maintenir, il ne faut donc pas se louper.
Il va y avoir dans le futur l’obligation d’avoir un joueur pro dans l’effectif et ce dans tous les clubs de N1. Comment comptes-tu gérer cela ?
Nous allons avoir deux joueurs professionnels mais ils seront à mi-temps. Le contraire m’aurait embêté ! Pour moi, c’est une plus-value d’avoir un professionnel dans l’effectif mais à 35 heures, c’est compliqué. La question c’est : mais qu’est-ce que je peux lui faire faire ? Je n’ai pas plus de temps à lui consacrer et s’entraîner seul, c’est limitant. Les deux joueurs ont donc un contrat de 17,5 heures et vont pouvoir faire les entraînements, des séances de musculation et les matchs. Il y a un joueur de l’extérieur et un joueur en interne à avoir ce statut. Nous avons déjà fait une réunion avec tous les joueurs pour leur dire, nous avons été très transparents avec eux. Ils le prennent bien, ils sont bien conscients que c’est une obligation de la Fédération, ce n’est pas de notre fait. Professionnels ou pas, il n’y aura pas de différences entre eux et tout le monde participera aux temps conviviaux de la même façon.
Quel est l’objectif du CPB à terme ?
Le statut VAP va a priori disparaître de la N1 Elite. Nous verrons si nous pouvons y accéder, si budgétairement ça peut le faire. On doit être patients. La D2 est inenvisageable pour une association comme le CPB. En plus, on pourrait se marcher dessus avec Cesson au niveau des partenaires et ce n’est pas le but ! Retourner en N1 Elite, c’est l’objectif que l’on peut se fixer et c’est notre plafond de verre. Aujourd’hui, ce que l’on peut nous souhaiter ce sont de bons résultats bien sûr, mais aussi prendre du plaisir !
Recueilli par Mélanie Durot