Incontournable sur le circuit où elle officie depuis près de dix ans, Jennifer Travers fait partie des quatre arbitres féminines internationales françaises tout en arbitrant aussi des négociations souvent palpitantes et gagnantes sur le marché immobilier brétillien. Rencontre avec une Rennaise au cœur du jeu !
Vous n’êtes que quatre Françaises arbitres internationales de tennis. Comment monte-t-on sur la fameuse chaise haute pour y faire carrière à si haut niveau ?
Il y a plusieurs « grades » à franchir, qui sont de plus en plus exigeants, bien sûr. D’abord, les grades nationaux : le A1 (niveau local), le A2 (niveau régional) et enfin le A3, le plus haut grade français. Ensuite, il y a les grades internationaux, sous la forme de « badges » : aujourd’hui, je suis Badge Bronze, ce qui constitue le deuxième niveau international (après le Badge Blanc, et avant l’Argent et l’Or), que j’ai validé à Hambourg en 2018, qui me permet d’arbitrer toutes les catégories de tournois, jusqu’aux grands chelems. Nous sommes à ce jour six arbitres français à ce grade-là. La formation française, sur le plan de l’arbitrage, est considérée comme la meilleure au monde et nous permet d’être très bien préparés à ce qu’implique le haut niveau. J’ai pu officier tant sur le circuit ITF que sur les « challengers » ATP, comme l’Open de Rennes par exemple au niveau local, et les tournois WTA (circuit féminin) ainsi que sur les tournois du grand chelem, à l’Open d’Australie et Wimbledon.
Quels sont les rapports entre les différents acteurs du tennis et arbitre-t-on sereinement ?
Il y a toujours de l’enjeu, et très souvent de la pression, bien sûr, c’est une composante du haut niveau mais aussi du respect, réel, entre joueurs et arbitres. Sur le circuit masculin comme sur le circuit féminin, il est tout de même rare de faire face à des manques de respect sur le court. À de très rares exceptions près, les rapports restent cordiaux. Nous parlons principalement en anglais et le tutoiement est employé dans les échanges, qui restent au service du jeu. Le tennis a aussi ses codes et ses règles : l’arbitre de chaise est là pour veiller à leur respect, tout en faisant en sorte que le match se déroule pour le mieux. La communication entre les différents acteurs est primordiale. Au tennis, le rapport à l’arbitre n’est pas du tout le même que dans le foot par exemple, que je suis de près.
Quels sont vos plus grands souvenirs d’arbitrage ?
Il y en a beaucoup, impossible d’en ressortir un. Croiser tous ces sportifs de très haut niveau est un privilège. Les souvenirs, c’est aussi ce qui se passe autour des tournois, l’arrivée la veille à l’étranger, parfois seule à 22 heures, dans des pays que l’on ne connait pas, comme par exemple en Pologne, ou des escales mémorables dans les aéroports lors de longs déplacements comme au Japon ou en Australie. Il y a eu des moments parfois angoissants mais c’est aussi l’aventure du haut niveau. J’ai toujours aimé le voyage, rencontrer les gens et ce « métier passion » me l’a permis, bien plus que ce que j’aurais pu imaginer au départ !
Etre une femme dans ce milieu est-il parfois compliqué ?
Honnêtement, dans l’exercice des fonctions, non. Il y a du respect. Après, lors de nombreuses semaines, je suis la seule femme de l’équipe et, quand cela est trop souvent le cas, cela peut être pesant, même lorsque tout se passe bien. Il peut parfois y avoir des remarques comme « tu as pu arbitrer ce match parce que tu es une femme » ou l’inverse, mais tout cela reste largement supportable et je ne laisse pas cela m’affecter.
Un second métier anime votre quotidien depuis deux ans, avec le réseau immobilier Capifrance. Comment cette opportunité est-elle arrivée ?
En parallèle de l’arbitrage, j’ai poursuivi mes études et obtenu un Master en Droit des affaires et j’ai toujours été très intéressée par l’immobilier. J’avais ce projet, qui a été mis au goût du jour plus tôt que prévu, notamment en raison de la crise sanitaire. J’ai décidé de me lancer en indépendante avec l’appui de Capifrance et l’aventure se déroule vraiment bien, avec un équilibre entre indépendance et autonomie de mon action et accompagnement et soutien, par des conseils ou supports, quand cela est nécessaire. C’est un travail d’indépendant en équipe, qui ressemble en bien des points à l’arbitrage.
Quelles sont les qualités nécessaires pour y réussir ?
Comme dans l’arbitrage, il faut de l’écoute, de la persévérance, de l’adaptabilité et aussi savoir prendre les décisions. Chez Capifrance, nous accompagnons nos clients du début à la fin, qu’ils soient vendeurs ou acquéreurs, avec des outils de grande qualité. Il faut comprendre et cerner précisément chaque projet, c’est un travail d’écoute et de partage avec le client. J’y retrouve d’ailleurs certaines valeurs du sport comme l’abnégation à toujours faire le maximum, l’honnêteté, la transparence et l’humilité. Une remarquable équipe de collègues m’aide précieusement dans le suivi de mes dossiers lorsque je dois m’absenter pour l’arbitrage. J’espère mener les deux de front encore un bon petit moment avant, une fois la retraite des courts venue, de me tourner définitivement vers l’immobilier.