Avant de partir en vacances, Bruno Genesio a accepté de faire un bilan de fin de saison avec la presse locale en petit comité dans les salons du Domaine de Cicé-Blossac. L’occasion pour le coach rennais de retracer une saison un peu folle et de se projeter sur la suite, dès le 28 juin prochain, date de la reprise. Voici donc l’heure des conclusions d’un exercice riche d’enseignements.
Quelles conclusions tirez-vous de cette saison riche en couleurs, terminée à la quatrième place ?
Avant toute chose, nous avons ce que nous méritons. Sur 38 journées, notre place reflète la saison. Nous avons eu des moments exceptionnels. Nous avons battu un record de buts inscrits, de points, de victoires pour le club. Nous avons aussi sans doute un peu surperformé si l’on compare notre classement sportif et celui des budgets, où nous sommes septièmes. La saison reste très positive.
Pouviez-vous faire encore mieux ?
Nous pouvons toujours faire mieux, progresser. Nous avons eu des moments faibles qui nous ont empêché d’aller voir plus haut. On ne s’est jamais reniés, nous avons continué à jouer avec la même philosophie. C’est peut-être aussi ce qui a pu nous coûter des points, parfois car il faut être capables de s’adapter, d’être plus solides. Sur les douze défaites que nous avons enregistrées, je reste convaincu qu’avec plus de maturité dans certaines situations, nous serions parvenus à en convertir au moins cinq en matchs nuls et nous aurions sans doute fini un peu plus haut au classement.
Le bilan serait-il le même si Serhou Guirassy avait trouvé la barre plutôt que marqué et l’équipe terminé à la cinquième place ?
Sur le contenu, le jeu, oui, nous aurions eu les mêmes enseignements, très positifs avec beaucoup de satisfactions. En revanche, sur l’objectif d’être européen, non, nous aurions échoué. Or une saison est réussie si l’on atteint ce que l’on s’est fixé. C’est le juge de paix. Avec la manière, bien sûr, c’est encore mieux. Je reste convaincu que l’enjeu et les points sont et doivent être une conséquence du jeu et non l’inverse.
Le manque de rotations sur certains postes est-il aussi l’une des causes de ces défaites, à regret ?
Je ne sais pas si ce sont les rotations qui ont pesé. Je constate en revanche que nous avons enregistré nos meilleurs résultats lorsque nous jouions tous les trois jours, avec des onze de départ quasi-similaires. Derrière, oui, sans doute qu’il nous a manqué une rotation, notamment lorsque Nayef Aguerd a été absent.
Classée première au classement du fair-play, votre équipe a-t-elle été trop gentille et l’a-t-elle payé sur certains matchs par manque de vice ?
Je ne pense pas que l’on puisse lier cette place au fair-play à un côté trop gentil, faisant perdre des points. Il s’agit peut-être plus d’une question de mentalité, d’être capable de se faire encore plus mal pour gagner un duel, batailler sur un ballon.
Le mercato va agiter les semaines à venir. On vous imagine déjà au boulot avec Florian Maurice…
Notre premier gros travail est de conserver nos meilleurs joueurs. Cela passe par des discussions avec ceux qui vont être sollicités. A nous de les convaincre qu’ils ont un rôle à jouer au Stade Rennais, qu’ils peuvent encore progresser ici et être heureux et épanouis plus qu’en signant ailleurs. En Angleterre, par exemple, il y a des managers qui ne connaissent même pas le nom des joueurs et les appellent par leur numéro. Dans un transfert, il y a trois parties : nous, le joueur et les éventuels clubs acquéreurs et tout le monde doit y trouver son compte. Il y a forcément des choses avec lesquelles on ne peut, ou ne pourra pas lutter mais à nous d’être convaincants, de prouver qu’être Rennes, ce n’est pas rien. Une cinquième qualification d’affilée en Europe, ça commence à parler, le club est dans une phase ascendante, en progression constante. Ce n’est pas toujours le meilleur choix de vouloir partir et il faut se dire que l’on peut toujours progresser, même en restant dans le même club. Surtout quand celui-ci aspire à aller encore plus haut.
Le poste de gardien sera-t-il une priorité en vue du mercato ?
Plusieurs secteurs et postes sont ciblés et une réflexion est en cours sur le poste de gardien. Sur d’autres postes aussi, cela fait partie de notre travail avec Florian d’anticiper sur ce que l’on peut faire ou améliorer pour l’équipe.
Vous avez apprécié votre trophée de meilleur entraîneur de Ligue 1 ?
Je n’accorde pas plus d’importance qu’il ne le faut aux récompenses individuelles, ce n’est pas trop mon truc même si cela fait bien sûr plaisir mais pour moi, c’est avant tout le collectif qui est récompensé, du staff aux joueurs en passant par tous ceux qui œuvrent au quotidien auprès de l’équipe.
Votre management est ainsi salué. Continuerez-vous à le dispenser de cette même manière, participative, avec les joueurs ?
Il n’y a pas de raison de changer, nous avons bien fonctionné, tous ensemble. Je reste convaincu qu’il vaut mieux être au milieu des joueurs qu’au-dessus mais attention, cela induit des règles à respecter, sur lesquelles je suis intransigeant. Personne n’a jamais lâché cette saison et les joueurs ont été capables de prendre leurs responsabilités, comme après Marseille où nous avons dialogué et où j’ai reconnu m’être trompé sur mes choix, mon approche. La réponse contre Clermont, avec des joueurs qui n’étaient pas forcément attendus, a lancé la dynamique que l’on sait. Le groupe porte les individualités, c’est comme cela que l’on peut réussir à durer.
S’il jouera probablement de nouveau le Top 5 l’an prochain, le Stade Rennais va-t-il également nourrir des ambitions en Europa League ?
J’ai toujours affirmé mon avis d’aller le plus loin possible en coupe d’Europe. Nous l’assumons, sereinement, et je reste convaincu que nous aurions pu aller plus loin cette saison, s’il y avait eu la VAR… Cette compétition a un format qui nous convient bien et nous y serons ambitieux.
Ce dernier but de la saison, signé Serhou Guirassy, avait tout de même des allures de symbole, celui d’un groupe ne lâchant rien, uni…
C’est tout à fait cela. Serhou nous qualifie pour l’Europa League, nous offre cette récompense et cette quatrième place. Il est entré à une demi-heure de la fin, aurait pu faire la « tronche » ou se dire pourquoi tout donner avec un entraîneur qui ne m’aligne pas d’entrée… Non, il est entré avec son envie, sa gnaque, est allé mettre ce coup de tête avec détermination. Les joueurs dans ce groupe n’ont pas eu d’états d’âme, ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Nous nous appuierons sur ces valeurs, ce groupe pour poursuivre dans cette lignée la saison prochaine.
Vous serez en fin de contrat en 2023. Où en êtes-vous de votre prolongation et y pensez-vous beaucoup ?
Je suis encore sous contrat un an, je n’ai pas de raisons d’être plus préoccupé que cela. Je me sens très bien à Rennes, je l’ai déjà dit, je prépare la saison prochaine comme il se doit, en étroite collaboration avec Florian, avec qui nous avons le luxe d’avoir une excellente relation qui permet de travailler sereinement, en pouvant se dire les choses. J’ai le privilège de travailler dans un cadre très positif, avec beaucoup d’ambition, un club en pleine progression avec des propriétaires passionnés, à l’écoute et à nos côtés. Comme pour les joueurs, les sollicitations peuvent exister mais je sais aussi ce que j’ai ici. Je ne suis pas carriériste, le sportif et l’humain sont prioritaires pour mon épanouissement et je les ai ici. Démarrer la saison prochaine avec un an de contrat restant ne me dérange pas.