Non, nous n’avons pas envie de vous parler 107 ans de Nicolas Fauvergue, encore moins du sinistre stade de Villeneuve d’Asq de l’époque. Plus rien, en dehors des noms d’équipes, ne ressemble au séisme de l’époque par rapport à l’affiche au programme ce soir, si ce n’est peut-être, le fait que Rennes joue très gros dans le Nord au contraire de son adversaire, déjà contraint ou presque aux vacances !
L’atmosphère du dernier match des Lillois donnent d’ailleurs la tendance : des supporters déguisés en vacanciers improvisant un volley dans les tribunes, des sifflets permanents et une hostilité peu propice à motiver les joueurs. Ceux-ci, pourtant, viennent de s’imposer à Nice, privant ou presque les Niçois d’Europe pour l’an prochain et pourraient avoir l’envie de soigner leur sortie, la plupart des joueurs étant amenés à changer d’horizon l’an prochain, tout comme, probablement, leur coach. Nous parlons là de Renato Sanches, José Fonte, Sven Botman, Burak Yilmaz, Jonathan David ou encore Jonathan Bamba ou Zeki Celik pour ne citer qu’eux. Une saignée à venir chez l’ancien champion de France qui devra se réinventer sous la houlette d’Olivier Létang…
Côté rennais, pas d’états d’âmes sur l’état du chantier lillois, les Bretons ont déjà fort à faire. Quatrièmes au coup d’envoi, les joueurs de Bruno Genesio doivent, à minima, conserver ce rang synonyme de qualification directe pour l’Europa Ligue et d’une cinquième participation européenne de rang. Pas un mince exploit qui passe par un point pris minimum au stade Pierre Mauroy, et plus si affinités. Car oui, Rennes peut encore boucler l’affaire à la seconde ou troisième place, s’il s’impose et que Monaco ou Marseille, voire les deux, s’inclinent face à Strasbourg pour l’OM et à Lens pour les Monégasques. Des scénarios totalement fous qui peuvent aussi mener les « Rouge et Noir » à une année blanche, si d’aventure Lille s’imposait et que Strasbourg et Nice, dans le même temps, gagnaient à Marseille et Reims. De la folie, on vous dit, à tous les étages qu’il faudra canaliser, contrôler et maîtriser de bout en bout, avec un groupe quasiment au complet. L’embarras du choix donc, pour Bruno Genesio, ou du « non-choix », à savoir reconduire les vainqueurs solides de l’OM samedi dernier, avec les dynamiteurs Jérémy Doku et Kamaldeen Sulemana sur le banc en possible joker en cours de partie. A moins de ne brusquer un onze qui a les arguments pour avoir le ballon au milieu avec le trio Tait-Santamaria-Majer mais qui s’appuiera une nouvelle fois sur sa force de frappe offensive afin de passer la barre des 100 buts inscrits toutes compétitions confondues cette saison, une première… La dernière aussi, ce soir, possiblement, pour plusieurs joueurs rennais, courtisés ou ayant des envies d’ailleurs, comme Nayef Aguerd, Hamari Traoré ou Benjamin Bourigeaud pour lesquels le classement final, dans ces destins-là, aura surement un impact non négligeable.
Quelle que soit l’issue ce soir, aux alentours de 23 heures, après de probables nombreuses émotions, le peuple rennais pourra garder la tête haute, lui qui remplira les travées de la tribune Groupe Rose pour la diffusion sur écran géant de la partie. La tête haute oui, car fort d’une saison pleine, enthousiasmante, parfois irrégulière mais très souvent spectaculaire, portée vers l’avant avec du jeu, du talent, des buts somptueux et quelques raclées et démonstrations au passage. Le rendez-vous européen de semaine est désormais un rituel pour les « Rouge et Noir » mais il convient de ne pas oublier que cela reste très frais dans l’Histoire du Stade Rennais. Ce ne fut pas toujours le cas, comme ce ne fut pas non plus toujours la régalade Route de Lorient en spectacle et en but. Il n’y a pas si longtemps de cela, sévissaient les Romero, Montano, Kana-Biyik et consort dans la capitale bretonne. Une nouvelle ère fut lancée sous Sabri Lamouchi, puis Julien Stéphan, bonifiée et plus par Bruno Genesio, qui tient une magnifique occasion de faire honneur, ce soir, à son titre de meilleur entraîneur de Ligue 1. Le « kif », les émotions, la fierté et la légitimité désormais actés pour ce Stade Rennais qui doit aussi traduire tous ces points positifs par des titres, des épopées européennes et d’autres nombreuses émotions à venir, si possible contre d’autres adversaires que des anglais. Pour cela, défaite interdite ce soir et victoire souhaitée, pour prolonger une dernière fois le plaisir afin de faire d’un cru exceptionnel un millésime historique !