Le président de l’Union Rennes Basket a sans doute pris un petit coup de vieux lors du lever de rideau du dernier match de la saison, entre le Rennes PA, promu en N2 et les U18 de l’URB champions de France il y a dix ans. Une façon de mesurer le chemin parcouru tout en regardant vers demain, avec une historique troisième saison de rang à disputer l’an prochain en Nationale Une. Entretien.
Le rideau est tombé sur une saison compliquée pour votre équipe fanion. L’heure est-elle au soulagement ?
Je suis content de terminer avec le maintien et une belle fête partagée avec le Rennes Pole Association, dont nous partageons la joie suite à sa montée mais je suis aussi soulagé que ça se termine, pour être franc. Nous nous maintenons à l’issue d’une saison très dure, c’est le verdict du terrain, qui est en-deçà des ambitions initiales, c’est vrai. Mais au regard de l’adversité, du niveau de la N1 et des péripéties qui ont fait que les choses n’ont pas tourné dans le bon sens, je suis aussi heureux de voir l’unité qui a caractérisé le club à tous les étages. Personne ne s’est désolidarisé, nous sommes restés unis et c’est un marqueur important pour l’avenir !
Comment expliquez-vous cette phase régulière au regard de la saison précédente réussie ?
Le sport, c’est l’incertitude et c’est ce qui fait son charme. Quand nous avons construit l’équipe, les systèmes et tout ce qui appartient à la théorie, nous étions convaincus d’être dans la capacité de poursuivre sur la lancée de l’an passé mais les blessures, les méformes et aussi, moins de qualité dans notre construction collective ont fait que non. Peut-être que nous n’avons pas su créer l’ambiance, les émotions, l’entourage, ce petit plus en terme d’atmosphère qui permet aux joueurs de donner sa pleine-mesure, et plus. Nous n’avons pas perdu nos valeurs mais n’avons peut-être pas su transcender l’équipe et l’environnement pour chercher plus.
Le recrutement fut-il en partie la raison de cette saison compliquée ?
Non, je le répète, c’est un tout, hors de question de stigmatiser tel ou tel joueur. La blessure précoce de Rémi Dibo, sur qui nous fondions de très gros espoirs, a fait mal. Certains autres joueurs ont mis le temps avant de pouvoir donner leur pleine-mesure. Les profils étaient ciblés, les choix validés et totalement assumés mais voilà, ça n’a pas fonctionné autant que nous l’aurions voulu.
« La Nationale Une a fortement progressé ! »
Avez-vous douté un instant de votre staff et imaginé une autre solution quand l’équipe enchaînait les défaites ?
Sincèrement jamais. Ce n’est pas du tout dans la mentalité du club. Quand nous gagnons, c’est ensemble, et quand nous perdons également. Nous avons plutôt, avec le comité directeur, réfléchit aux meilleures solutions pour aider le groupe, staff et joueurs, à sortir des mauvaises spirales. Nous ne sommes pas dans l’immédiateté du résultat mais sur une construction à long terme sur toutes les strates du club. Sur ce plan-là, nous continuons d’avancer.
C’est-à-dire ?
Nous avons un club partenaire qui fonctionne et évolue très bien, la communication et nos équipes de bénévoles, sur l’organisation des rencontres, travaille également très bien. L’idée, à terme, reste d’accéder à la Pro B à moyen terme. Nous savons que beaucoup veulent s’y inviter et que nous ne sommes pas les mieux armés pour le moment, financièrement ou en structuration, mais l’idée est d’avancer, de ne pas être à des années lumières de ce qui est nécessaire pour y aller et c’est le cas. Ça travaille, sûrement, étape par étape et quand nous parviendrons à cet objectif, le club sera prêt à évoluer ou s’adapter expressément sur ce qui lui manquera pour aller au-dessus. Je le répète, la Nationale Une a vraiment fortement progressé cette saison et seule deux équipes, une en haut et l’autre en bas, n’étaient pas dans l’homogénéité de l’ensemble. Confirmer est le plus difficile et je suis certain que nous n’avons pas tant perdu que cela cette année mais surtout appris pour la suite. On a vécu une sorte de crash-test et surtout, constaté que l’on y a résisté !
Les ambitions pour l’an prochain seront-elles concentrées sur un maintien ou résolument ambitieuses ?
Pour le staff, les joueurs, une direction se doit de mettre le cap vers des objectifs ambitieux, donnant l’envie d’aller gagner le plus de match, de prendre confiance en ses moyens. Je ne parlerai pas de montée pour l’an prochain avec la saison que nous venons d’achever, bien sûr, mais j’ai l’envie que notre groupe, qui sera majoritairement conservé dans notre idée directrice actuelle, aille chercher le mieux. Jouer les Play-offs serait une formidable réussite et atteindre la poule intermédiaire, sans se faire peur, une belle satisfaction. Mais comme je le dis souvent, les résultats seront avant tout la conséquences du jeu, de l’environnement que nous aurons su mettre en place et des émotions, aussi, que nous aurons partagé tous ensemble, dirigeants, partenaires, joueurs, staff et public.
« La fréquentation post-Covid du public est toujours là, ce n’est pas le cas partout »
La montée du Rennes PA, club socle de l’URB, est une excellente nouvelle à l’heure de boucler 2021-2022…
Oui, on est vraiment très heureux pour eux, ils la méritent ! Cela va permettre aux meilleurs joueurs du RPA de toucher à la N1 et inversement, à ceux qui sont un peu à la peine ou en manque de temps de jeu d’aider l’équipe réserve sur la N2. Le niveau va se hisser un peu plus et tout le monde doit en tirer un vrai bénéfice.
A titre personnel, votre poste de président reste-t-il, malgré cette saison difficile sur les résultats, un plaisir ?
Ce fut compliqué, parfois, cette saison car personne n’aime perdre mais j’aime être dans la construction du projet, travailler avec toutes nos équipes dévouées, nos bénévoles. Le club, dans cet après-Covid, n’a pas perdu ses supporters, la fréquentation est toujours là, ce qui n’est pas le cas partout, et l’envie d’avancer et de progresser de chacun également. A partir de là, je veux continuer d’apporter ce que je peux, tout en préparant l’avenir avec les jeunes dirigeants qui ont intégré les équipes sur différents postes. Un jour nous leur transmettrons les clés mais cela devra se faire avec un club stabilisé et parfaitement opérationnel.
Le sport rennais vit une très belle année, avez-vous eu le temps de le savourer ?
Nous sommes tous un peu focus sur nos saisons respectives mais j’ai bien sûr beaucoup d’admiration pour ce qui est réalisé par le Stade Rennais, qui ne cesse de progresser dans la hiérarchie du foot français, mais aussi pour nos amis du REC Rugby notamment, dont le projet est dans le même esprit que celui que nous portons. Je suis très heureux pour eux, comme je le suis pour Stéphane Clémenceau et Cesson, qui vit aussi une très belle année. A Rennes, c’est aussi cela qui est appréciable et sécurisant, cette notion de construction, de patience et de laisser le temps au temps pour amener un projet à maturité. J’espère ainsi que nous donnerons encore beaucoup de bons moments en regardant vers le haut dès l’an prochain à notre public et nos partenaires. Ils le méritent amplement !
Recueilli par Julien Bouguerra