A une époque, être supporter du Stade Rennais s’apparentait à un chemin de croix où la déception guettait après chaque « enflammade », si éphémère soit-elle. Aujourd’hui, et sans doute demain, ce n’est et ne sera plus le cas. Le Stade Rennais est un des gros bras de ce championnat, capable de terrasser à domicile Paris, Lyon et Marseille dans la même saison, même s’il ne su pas le faire face aux présumés « seconds couteaux » Monaco, Nice ou Lille. Axe de progression identifié… Le Stade Rennais est surtout devenu symbole de ferveur, de passion, d’un public devenu un redoutable douzième titulaire alors qu’il fut parfois moqué, à tort, dans le passé. Il est généreux, génial dans ses idées et réalisations, à l’image de son tifo exceptionnel spécial dédicace aux actionnaires et ne nécessite pas une armée de force de l’ordre pour savoir se tenir en place sans faire preuve de violence ou de stupidité absolue, contrairement à d’autres ici et là en France…
Contre Marseille, comme précédemment cette saison face à Lyon ou Leicester, les Rennais n’ont pas laissé l’ombre d’une chance à leurs adversaires d’exister grâce à un pressing tout terrain d’entrée. On dira ce que l’on veut, le SRFC avec ou sans Nayef Aguerd n’est pas le même ! Avec son leader défensif à la baguette et Baptiste Santamaria de retour à son poste préférentiel au milieu de terrain, l’équilibre, dans un bon jour, est impossible à remettre en question pour un adversaire, qu’il soit l’OM ou le Variété Club de France !
Avec panache, les Rennais ont ainsi fait la différence, le plus logiquement du monde, en convertissant leurs occasions dès la première période. Martin Terrier, sur lequel Didier Deschamps est obligé de plancher actuellement, sous peine d’afficher une fâcheuse incompétence ou malhonnêteté, a cette fois-ci troqué son costume de buteur pour celui de passeur, tout aussi soyeux ! D’abord sur un magnifique débordement à gauche et un centre parfait en diagonale à l’angle opposé de la surface pour Benjamin Bourigeaud, chirurgical à la conclusion (12′) puis pour Lovro Majer suite à un bon décalage de Flavien Tait, avec une finition parfaite (30′). KO debout, l’OM ne sera jamais en mesure de réagir, bien trop faible dans son animation de jeu et orpheline de Dimitri Payet, impuissant en tribune présidentielle. Réduit aussi à la figuration par un Stade Rennais récitant à merveille sa partition en « Lovro » Majeur , le croate multipliant les gestes techniques et passes intelligentes avec son meilleur compère, Flavien Tait (mt, 2-0).
La seconde période sera moins enlevée mais tout aussi intéressante, avec une démonstration de gestion des Bretons, mis en danger à une seule reprise sur un face à face Dieng-Gomis cafouillé par l’attaquant olympien. En face, plusieurs escarmouches et une occasion franche pour Lovro Majer dans le dernier quart d’heure, une nouvelle fois mis sur orbite par Martin Terrier mais stoppé par Steve Mandanda. Gaëtan Laborde, généreux dans les pressings mais de nouveau muet, tentera bien sa traditionnelle bicyclette, sans succès. Derniers moments forts de la seconde période, la dernière rentrée au Roazhon Park pour Jonas Martin, non conservé la saison prochaine et la sortie de Benjamin Bourigeaud, saluant le public comme sur son but, donnant à la scène un sérieux air d’aurevoir avant un long et beau tour d’honneur ponctué d’un feu d’artifice pour prolonger le plaisir.
Celui-ci devra néanmoins trouver confirmation pour ne pas faire retomber le peuple « Rouge et Noir » dans un profond désarroi la semaine prochaine à Lille, où tous les scénarios restent ouverts. Un nul qualifierait à minima les Rennais pour l’Europa League, via la quatrième place. Une défaite laisserait les hommes de Genesio à portée de Strasbourg (en déplacement à Marseille) et Nice (du côte de Reims) et une victoire, enfin, maintiendrait quoi qu’il arrive la quatrième place et pourrait même offrir la troisième voire la seconde en fonction des défaites de Monaco et de l’OM, respectivement à Lens et face au Racing de Julien Stéphan. Incroyable dénouement à venir donc, avec des scénarios fous en perspective. Quoi qu’il arrive cependant, il ne faudra pas oublier que ces Rennais auront offert une saison exceptionnelle de qualité à domicile, des émotions sur la scène européenne, des joueurs offensifs aux rendements épatants (Terrier, Laborde, Bourigeaud, Majer) et une position quasiment permanente dans le top 5. Des buts, des émotions, des ambiances de folie, avant toute conclusion mathématique, déjà, merci pour cela messieurs. Tout n’était pas parfait comme face à l’OM mais c’est aussi pour cela que ce Stade Rennais est tant aimé, aussi génial que perfectible par instant. Optons pour la première solution samedi prochain mais en attendant, savourez, peuple breton, la conclusion à domicile d’un millésime exceptionnel !