Auteur d’une saison remarquable, le CRMHB, d’ores et déjà assuré de son maintien, tient une occasion unique d’écrire son histoire dans les semaines à venir mais devra surmonter un calendrier très costaud. L’occasion de répondre aux interrogations restantes à deux mois de la fin du championnat.
Se poser cette question, déjà, place le niveau du débat. Loin de s’imaginer pareille possibilité en début de saison, Cesson, à force de performances et de régularité à domicile, s’offre le droit de réfléchir à une possibilité jamais évoquée dans son Histoire. Si le top 4 PSG, Nantes, Aix, Montpellier est désormais clairement identifié et lancé à toute allure vers des strapontins européens taillés à leur mesure, la cinquième et sixième place, pouvant ouvrir le droit à l’Europe, demeurent beaucoup plus ouvertes. Chambéry et Toulouse semblent favoris, Cesson outsider total et Nîmes, très en retard, capable d’une remontada dans les ultimes journées. Avec deux matchs de retard, Saint-Raphaël reste aussi un possible candidat.
Que de beau monde autour des Bretons, invités surprise à l’habituelle fête des prétendants. S’ils ne doivent pas se voir trop beaux et se permettre de relâchement, comme en ont attesté les défaites à Limoges ou contre Aix, en coupe de France, les Cessonnais n’ont pas non plus de complexes à nourrir face à des équipes qu’ils ont chahutées sur la phase aller, à l’image de Toulouse (27-27 à la Glaz) et Nîmes (24-24).
Au Phare de Chambéry, ce fut plus difficile mais le CRMHB ne fut pas non plus largué mais trop irrégulier. Avec six équipes du TOP 8 au programme (PSG, Aix, Chambéry à la maison, Nantes, Toulouse et Nîmes à l’extérieur) sur ces huit derniers matchs de la saison, qui se joueront essentiellement en mai-juin, le 7 de Sébastien Leriche va pouvoir s’étalonner et passer une sorte de test longue durée sur ses acquis de la saison jusque-là écoulée. « Pour moi, terminer au-delà de neuvième ou dixième, ce serait avoir un peu gâché la fin, surtout après toutes les belles choses réalisées jusque-là », rappelait le coach dans les colonnes de Ouest France. « On a forcément envie de faire durer le plaisir, on insiste sur l’état d’esprit et le jeu, et la possibilité qui en découlera de marquer l’histoire du club car on ne sait pas où l’on peut s’arrêter. » Jusqu’à accrocher une place dans le top 6 ? Et pourquoi pas ! En gardant la même force à domicile, avec la troisième défense du championnat et une hargne cultivée par un public de plus en plus fidèle et un état d’esprit très souvent irréprochable, il n’est pas interdit de l’imaginer. Gagner à Chartres le 1er avril, prendre les points à Istres puis contre Dunkerque en toute fin de championnat et s’offrir quelques exploits contre les six nommés précédemment, à commencer par Toulouse le 28 avril puis Chambéry à la maison, ouvrirait ce chemin. Gare cependant, à ne pas s’y voir trop vite et à oublier ce qui fait l’ADN cessonnais entre humilité, combat, dépassement de fonction et don de soi. Parfois, des petits cailloux dans la chaussure se sont immiscés et gare au relâchement et autres manques coupables, punis immédiatement à ce niveau. Après l’élimination en coupe de France à la maison contre Aix, le coach adjoint, Yann Lemaire, très agacé après la rencontre, nous glissait : « Nous avons de très bons résultats, ok, mais nous sommes sur un fil, comme beaucoup d’équipes. S’il manque un ingrédient, nous tombons du mauvais côté et il faut donner énormément, aller au dépassement de fonction, pour enquiller tous ces points. Nous avons besoin des gars à 150 %, concentrés et impliqués, pour réussir. Et là, le programme qui arrive est très, très costaud ! Notre classement est bon, évidemment, mais nous n’avons pas de marge sur des équipes comme Chartres, Créteil ou Dunkerque qui ont pourtant bien moins de points que nous. »
Préparation de match et vidéo aidant, tout le monde en Starligue a repéré ce poil à gratter breton audacieux et combatif et travaille désormais sur ses points forts, cherche à briser les relations à Hugo Kamtchop-Baril en attaque ou à bloquer les shoots à distance de Robin Molinié. Non, l’effet de surprise, s’il a existé, n’existe plus et cela rend la tâche de fin de saison cessonnaise aussi ardue que passionnante. Dur, aussi, de terminer la saison à 100 % physiquement au vu des sollicitations des 8-9 joueurs les plus utilisés, avec une profondeur de banc encore un peu limitée mais surtout encore irrégulière pour regarder droit dans les yeux l’ambition européenne.
L’Europe… Ce mot est encore tabou dans les travées de la Glaz Arena lorsque l’on est raisonnable ou que l’on s’affiche comme l’étant, comme si en parler allait attirer le mauvais œil ou plonger l’équipe dans une spirale négative infernale. Pourtant, s’il est bien une année où les Bretons ont une petite chance de découvrir le handball hors des frontières hexagonales, c’est bien maintenant, comptablement parlant, avec de jolis coups à jouer dès avril une fois l’ogre PSG passé, avec notamment un déplacement très intéressant en fin de mois à Toulouse, après la trêve internationale.
Prendre chaque match de mai et juin comme un défi, en regardant l’adversaire droit dans les yeux, voilà le challenge pouvant mener l’ouvrage collectif toujours plus haut. Ce serait résolument un chemin raisonnable, ambitieux, sur lequel semer les regrets ne doit pas être une option. Une bonne manière aussi, quand il faudra refermer le livre de la saison en juin prochain, quel que soit le classement, de clore le débat avec la satisfaction du devoir accompli.