Les sportifs de haut niveau sont-ils des professionnels comme les autres ? Ils sont avant tout des individus avec une vie sociale et familiale. Et pour eux aussi l’arrivée d’un bébé est un grand bouleversement dans leur vie de femme et d’homme.
Annoncer un désir d’enfant ou une grossesse à son employeur est très souvent délicat. Aussi bien pour un club sportif que pour une entreprise, la grossesse d’une salariée est synonyme d’une longue absence et, potentiellement, de priorités mises ailleurs. Après une absence de la jeune maman de plusieurs semaines, le retour au sein de l’équipe peut être difficile selon le contexte de la structure qui peut avoir évolué, et de la fatigue accumulée notamment avec les nuits fractionnées du bébé. Dans certains sports, l’équipe est restreinte, tout comme dans une petite entreprise, et le remplacement n’est pas toujours possible. Les autres membres de l’équipe doivent s’adapter pour pallier l’absence de la joueuse. Un vrai défi à relever.
La saisonnalité des championnats sportifs et une fin de carrière qui dépasse rarement les 40 ans font du sport un secteur particulier. Contrairement au monde de l’entreprise « classique », les joueurs et joueuses salariés des clubs sont recrutés pour une saison. Ainsi, quand une joueuse s’absente lors de sa grossesse, non seulement elle manque de nombreux matches avec ses coéquipières, mais en plus son niveau de jeu risque de baisser. Comme après une longue blessure ? Oui, à la différence près qu’une blessure ne peut généralement pas être anticipée, ce qui est beaucoup moins souvent le cas d’une grossesse.
Difficile de mettre en place un protocole type à suivre en cas de grossesse ou de congé parental, chaque situation étant particulière
Une situation analogue se présente avec les congés paternité, d’une durée légale d’un mois. Un sujet encore tabou dans le sport. Récemment, un rugbyman professionnel de Grenoble, Tomici Nagusa, a pris son congé paternité à l’arrivée de sa fille. La nouvelle a été mal accueillie par le milieu, jugée trop pénalisante pour ses coéquipiers et pour le club. Certes il s’absente un mois des terrains, mais lui faudra encore quelques semaines supplémentaires pour retrouver son niveau.
Mais qu’en serait-il s’il avait continué la saison sans interruption ? Fatigue par manque de sommeil, absence du foyer lors des déplacements à l’origine de potentielles tensions au sein de sa famille… Autant de facteurs pouvant aussi nuire aux performances du joueur.
Selon le contexte, le niveau sportif, ou encore la taille de l’équipe, l’absence d’un joueur ou d’une joueuse n’a pas le même impact. Difficile de mettre en place un protocole type à suivre en cas de grossesse ou de congé parental, chaque situation étant particulière. L’adaptabilité et la bienveillance sont alors les maîtres mots pour optimiser la gestion de ces événements.
Le club de Saint-Grégoire Rennes Métropole Handball a bien compris que les joueuses peuvent être amenées à avoir des enfants pendant leur carrière et que cela fait partie du jeu. Laure Bulucua, ancienne joueuse du SGRMH, aujourd’hui responsable du développement, a très bien été accompagnée par le club.
A son retour de congés elle a pu retrouver progressivement le chemin de la compétition grâce à une préparation physique spécifique, le suivi d’un kiné et la reprise adaptée des matchs. Le club lui a ainsi permis de vivre cette période sereinement, et de redevenir performante au sein de l’équipe. Son retour à la compétition, en mai 2021, a aidé le SGRMH à se maintenir sportivement en D2. Preuve s’il en est que, si la communication est sincère, parentalité et sport de haut niveau demeurent compatibles !