Avec son look de surfeur, l’habitude de dédramatiser en toute circonstance et un balluchon rempli d’histoire venues de longs voyages, Yvan Leroyer est l’un des expérimentés du groupe REC cette saison. C’est aussi pour partager tout cela qu’il a effectué son retour à Rennes, dix ans plus tard, tout en ayant aussi encore à apporter sur le terrain.
Je suis quelqu’un de réservé, discret, oui. Mais quand il faut glisser une connerie, que j’ai envie de rebondir sur un bon mot, je ne me prive pas. En pleine causerie ? Oui c’est déjà arrivé… » Il est comme ça, Yvan Leroyer. Pas du genre à se prendre trop au sérieux tout en étant parmi les plus rigoureux et appliqués, de par son expérience, du groupe réciste. Arrivé l’été dernier en provenance du Stade Métropolitain, ex-ASVEL, dans la banlieue lyonnaise, le demi d’ouverture n’a pas résisté à la tentation d’un retour en terres saintes !
Le rugby s’invite dans la vie d’Yvan, pour ne plus en sortir : « J’ai toujours pris le rugby comme un jeu, où je voulais trouver le plaisir de partager avec mes potes mais aussi celui de progresser, d’organiser le jeu, d’esquiver ou de frapper entre les poteaux. »
Parallèlement à une scolarité tranquille, le jeune Angevin prend ses marques et se découvre de vraies belles aptitudes. Le destin – et le boulot du papa, l’amène à ses quinze ans, du côté de Rennes. La route chaque jour conduit la famille à rallier la Bretagne et Yvan à trouver un point de chute. Ce sera le REC. Intégré aux U15, il se fait une nouvelle bande de potes, toujours présents aujourd’hui, et vit une vie de lycéen gravée à jamais. Il est aussi coaché par Gustan Omnès, avec qui il coache aujourd’hui les Juniors U18 du club. Séquence nostalgie : « Le temps passe oui, c’est marrant de se retrouver là ensemble aujourd’hui ! » A Rennes, les progrès sont manifestes, au point d’être repérés par un coach du LOU qui l’invite à faire un test à Lyon, pour intégrer les équipes jeunes. Après quatre jours passés dans la capitale des Gones, bingo pour l’Angevin qui n’hésite pas un instant à partir tenter l’aventure.
La plus longue page de l’histoire d’Yvan s’écrit alors dans le Rhône. D’abord au LOU, dans les équipes jeunes dont de nombreux joueurs sont sortis pour devenir pros. Pas vraiment un grand souvenir : « Sur le plan rugby, bien sûr, c’était très intéressant mais j’ai compris que je n’étais pas fait pour ce monde pro, la concurrence exacerbée, passer au-dessus de l’autre coûte que coûte ou faire copain avec les coaches. L’exigence du haut, voire très haut niveau, c’est quelque chose, et clairement, pas mon truc. »
Alors qu’il pense raccrocher à l’issue de ces trois années passées dans le giron des pros, à 22 ans, Yvan Leroyer est appelé par l’équipe de rugby à XIII de Lyon. La tentation est là et le pari relevé, avec la possibilité de passer les concours d’éducateur en parallèle : « Nous évoluions en Elite 2, au deuxième niveau national et ce fut une super expérience. Je jouais aussi parfois avec l’équipe à XV, je me suis éclaté. En fin de saison française, j’ai pu rejoindre un club partenaire, Fassifern Bombers. » Direction l’Australie, de mai à octobre, près de Brisbane. Là-bas, c’est « un kif total, surtout le plan humain et dans le quotidien. J’ai découvert un autre mode de vie, des paysages exceptionnels, une culture différente. J’ai visité, les gens étaient accueillants et bienveillants et le rugby pratiqué, assez libre et créatif, me correspondait. »
La parenthèse refermée, retour en banlieue lyonnaise pour une nouvelle saison française puis nouveau prêt, de six mois, chez nos amis anglais cette fois. En D3, à Gloucester, toujours en treiziste : « L’Angeleterre… Niveau vie en dehors du terrain, j’étais dans une toute petite ville, un village, il n’y avait pas grand-chose. En revanche, question jeu, quelle claque ! Il y avait des internationaux gallois, irlandais et autres partout, du jeu, de l’impact, une grosse culture du travail sans pour autant se prendre pour d’autres. Je me suis vraiment régalé ! »
« Ce groupe peut s’adapter à tout ! »
L’aventure à XIII se termine et laisse la place à Rillieux la Pape, en Fédérale 3. Trois nouvelles saisons à XV et à XIII sous les couleurs de la formation de la banlieue lyonnaise avec une montée en Fédérale 2 à la clé. Avant qu’un vieux copain, Julien Lestang, ne fasse appel à son ancien coéquipier du LOU pour intégrer le Stade Métropolitain, en Fédérale Une : « Je n’ai pas hésité. Le projet était top, je me suis éclaté en Féd 1. Nous nous maintenons la première saison puis restons dans le ventre mou la seconde. La troisième, place au COVID… »
La pandémie sera en grande partie l’une des raisons poussant Yvan à réfléchir à son avenir, peut-être loin de Lyon et de la vie citadine : « Sincèrement, j’ai éprouvé un besoin de revenir à un peu plus de verdure, de tranquillité. Je me suis posé et quand l’appel de Kévin Courties est arrivé, je n’ai pas hésité un instant. J’avais évoqué avec Kévin Aparicio, que j’avais connu en Angleterre, mon envie de rentrer en Bretagne. Entre notre échange et l’appel du coach, il y a eu du temps mais l’appel est venu… »
Les valises sont vite faites et le numéro 10 devenu un peu Lyonnais rentre au bercail, à Rennes, où sa famille est installée. Son rôle, au sein du REC, est clairement défini avec le staff, sans ambiguité : « Le deal était clair. Je pouvais continuer de me former sur mes diplômes d’éducateur et venir donner un coup de main à l’équipe, en doublure de Jacob, qui est l’indiscutable titulaire du poste. J’essaie de mettre à profit de l’équipe, des coéquipiers, mon expérience, si ceux-ci me demandent quoi que ce soit. Je ne suis pas du genre à aller donner des leçons ou reprendre un mec sur le terrain mais suis toujours à l’écoute si besoin. » Avec quatre titularisations et dix apparitions dans le groupe, pour 362 minutes de jeu et 8 pénalités, l’ancien de Rillieux prend une part réelle dans la première partie de saison réciste, réussie : « Nous avons trois défaites, ok, mais celles-ci s’expliquent et s’analysent bien. Tout n’y était pas à jeter, notamment contre Limoges et Niort, des matchs où nous avons eu l’opportunité de gagner sans y parvenir. Pour le reste, nous avons tout gagné, c’est plutôt très intéressant. L’équipe a un gros potentiel et de la qualité pour aller chercher les phases finales. Ensuite, nous verrons bien jusqu’où tout cela nous mène. Ce groupe peut s’adapter à tout et parfois, est même en dessous de ses capacités en se mettant à un niveau inférieur au sien. Nous avons des mecs chez nous qui peuvent aller plus haut, j’en suis convaincu.»
Jusqu’à la division nationale, ambition du club ? « Ça ne sera pas simple, il faudra aller en finale des play-offs. Ensuite, cette division est très relevée, avec beaucoup de joueurs passés par le monde pro, le Top 14. Après, je crois en la capacité d’adaptation de ce groupe, quel que soit le niveau. Rennes porte un superbe projet et je suis heureux de le vivre au quotidien. »