Si vous êtes supporter du Chartres Métropole Handball, ou même joueur, le sommeil fut forcément difficile à trouver, voire impossible. Un cauchemar, un dénouement injuste et cruel, et ce sentiment que cela ne pouvait pas arriver. Et pourtant… Même quand il ne se passe rien de notable sur le terrain, ce qui fut un peu le cas ce jeudi, il se passe toujours quelque chose avec ces Irréductibles, auteur hier d’un improbable hold-up dans leur Glaz Arena, avec un casse chiffré à deux points mais sans doute bien plus dans la cohésion de groupe, l’état d’esprit et l’amour encore un peu plus renforcé entre cette équipe et son public, qui ne l’avait pas vu venir.
Pas plus que les Chartrains, d’ailleurs, tranquillement installés en début de partie devant au tableau d’affichage, avec l’efficacité de Figueras dans le jeu et de Julien Meyer dans les buts. Poussifs et peu inspirés offensivement, incapables de proposer leur jeu fait de dynamisme, de vitesse et d’agressivité, les Irréductibles n’y sont absolument pas et subissent les événements. Au crédit des joueurs de Sébastien Leriche, un écart maintenu difficilement autour des deux à trois buts d’écart, avec d’innombrables possibilités de (-1) loupées.
On imagine alors un scénario identique à Aix, avec une révolte totale en seconde période et une équipe métamorphosée, secouée par son staff. Menée de trois buts à la pause, la bande de Sylvain Hochet ne parvient pas à renverser le match même si elle recolle à 14-15 (38′) avant de replonger dans la foulée à -4 (44′, 16-20). Sans idée et surtout sans la folie qui la caractérise, la formation brétillienne semble partie pour subir sa première défaite à domicile de la saison. Et pourtant… A force de patience, d’arrêts de Jozé Baznik entré au bout de 20 minutes en première période, encore une fois monstrueux avec 10 arrêts (42 %), Cesson remonte, sans y crier gare… Lors des dix dernières minutes, ça ne passe plus dans la défense locale et l’adresse est enfin de nouveau au rendez-vous devant. Devant à 22-24 à la 55′, Chartres va perdre pied sans pour autant être submergé de vagues mais en laissant Cesson croire en sa chance. Erreur fatale avec ces gars-là, qui s’ils n’avaient pas le talent et les ressources hier, avaient une fois de plus le cœur et la hargne, refusant la défaite ensemble. 59’39 », les deux équipes sont à égalité, 24-24 et Jozé Baznik repousse le tir d’Onufriyenko… Le temps mort est posé, 15 secondes pour la victoire ou un point déjà très heureux au vu du contenu et voilà un coup-franc sifflé pour Cesson sur le buzzer. Coup-franc aux neuf mètres, avec un mur érigé devant Florian Delecroix, passé comme beaucoup, à côté de son match. La main ne tremble pas, le missile de l’arrière droit cessonnais transperce mur et gardien et pour la première et dernière fois du match, Cesson passe devant !
Flo Delecroix, en héros très lucide après la partie, nous lâche : « Franchement, j’ai réalisé un très mauvais match, je été bidon mais voilà, ça bascule la dessus… Ok, je marque ce but mais si je mets tous mes shoots avant, nous n’avons pas besoin de ce dénouement-là… » A ses côtés, Hugo Kamtchop-Baril recadre : « Arrêtes un peu (rires) ! Nous n’étions pas devant à ce moment et tu marques LE but donc oui, tu es le héros du soir ! » Nous l’avons déjà écrit : peu importe le parfum, pourvu qu’il y ait l’ivresse. A notre micro, Robin Molinié (réaction en vidéo à venir ce soir) le confirme : » C’est la plus moche mais c’est peut-être la plus belle… » Point de fine bouche pour ce soir, Cesson avec 13 points, se recale confortablement dans le TOP 6. Le reste n’est que littérature, même s’il faudra une autre prose pour réussir un joli coup à Chambéry avant la réception d’Istres, le 10 décembre prochain.