Au moment de coucher les équipes-type il y a un mois pour cette saison, certains ont même oublié sa présence dans l’effectif. La faute à de trop nombreuses et répétitives blessures, ayant gâché jusque-là l’aventure bretonne du joueur formé à montpellier. Buteur face à clermont puis titulaire à bordeaux, qu’on se le dise, Jonas Martin est de retour.
Dis, quand reviendras-tu ? Dis, au moins le sais-tu ? Pour s’ambiancer, c’est certain, il y a mieux que Barbara. La mélodie du bonheur, Jonas Martin, 31 ans, ne l’avait plus entendue résonner à ses oreilles depuis de longs mois. Alors ce délice de coup-franc déposé par Benjamin Bourigeaud sur son crâne à la demi-heure de jeu face à Clermont a forcément envoyé un shoot d’adrénaline peu commun : « J’ai ressenti beaucoup de joie, de la délivrance aussi par rapport aux étapes que j’ai passées. Ça m’a soulagé », confiait-il en conférence d’après-match. Comment aurait-il pu en être autrement ?
Arrivé à l’été 2019 au Stade Rennais au sortir d’une très belle saison réalisée avec Strasbourg, dont il était capitaine, le milieu de terrain longiligne jouit alors d’une vraie belle cote sur le marché français des milieux axiaux. Formé à Montpellier, il n’est pas champion de France en 2012, car prêté à Amiens cette saison-là, mais s’impose ensuite dans l’Hérault après le départ de Rémy Cabella. Joueur technique, puissant et bon de la tête, sa capacité à enchaîner les courses et à se projeter vers l’avant en font une valeur sûre de Ligue 1. Après trois saisons titulaire au MHSC, il rejoint l’Espagne et le Bétis Séville où l’expérience est contrariée par quelques blessures, déjà, dont une à l’épaule. Malgré tout, il dispute une vingtaine de matchs en Andalousie mais se voit prêté la saison suivante en Alsace, où il s’imposera comme un taulier et se fait transférer définitivement l’année suivante.
Rennes, convaincu par le profil du capitaine du Racing pose 3,5 M€ pour recruter son nouveau milieu de terrain mais hélas, la première saison vire au cauchemar. Avec seulement 3 matchs disputés avant l’interruption de la Ligue 1 en mars 2020, Jonas Martin, qui découvre une nouvelle région, vit des moments compliqués. En deux ans, le milieu de terrain à l’accent du sud ne participe qu’à 21 matchs, dont la majorité sans public, et passe près de sept mois écartés des terrains par sa cuisse puis sa cheville, finalement opérée au début d’une préparation pourtant prometteuse la saison passée : « Tu passes par des moments de doute quand ton corps ne va pas comme tu le souhaites pendant des semaines. On peut être abattu, mais ce n’est pas dans mon caractère. On essaie de regarder le positif et d’être bien entouré. J’ai cette chance. Et d’avoir l’expérience pour gérer ces moments- là. » Bis repetita cette saison, avec de nouvelles contrariétés physiques faisant louper le premier mois de compétition à l’ancien Héraultais.
« Il n’a pas lâché, il s’est accroché. J’ai été clair avec Iui » B.GENESIO
Et si tout cela était enfin derrière lui ? En marquant puis se muant en passeur décisif contre Clermont, après être entré en jeu la semaine précédente contre Tottenham, Jonas Martin a retrouvé le plaisir d’être présent sur le terrain de Ligue 1, puis décisif. Titulaire contre Bordeaux, sa prestation complète a convaincu et voilà que le numéro 28 rennais rentre de nouveau pleinement dans la rotation au milieu de terrain, où les organismes, en 4-3-3 ou 4-4-2 vont être très sollicités. Avec son expérience, sa maturité mais aussi sa soif de jeu et une certaine fraîcheur, Jonas Martin est presque une recrue dans un milieu de terrain qui s’était un peu construit sans lui au fil des mois : « Cela faisait très longtemps que j’étais écarté des terrains, ce n’est pas facile mais quand le coach fait appel à nous, il faut répondre présent. C’est ce que j’ai essayé de faire, cela s’est bien passé et je suis content », ajoutait-il, toujours après Clermont.
« Je savais que j’allais revenir »
Bruno Genesio, en conférence de presse, confirmait le retour dans la rotation de son joueur, dont il n’était, dans son esprit, jamais vraiment sorti : « Il n’a pas lâché, il s’est accroché. On a eu une discussion en début de saison, tous les deux. J’ai été très clair avec lui, il n’a pas lâché, il a été récompensé. Je suis content pour lui, mais c’est lui qui a provoqué ça par son comportement. Car ce n’est pas facile de se retrouver dans cette situation. Il est un bon exemple pour tous ceux qui vivent ça ». Jonas Martin, en tout cas, préférera à coup sûr être un exemple sur le terrain, qui lui a tant manqué et sur lequel il veut enfin donner vie à son projet rennais, avec la continuité au programme : « Je savais que j’allais revenir. Maintenant, il faut faire en sorte que les problèmes physiques ne reviennent pas. C’est une routine qui s’installe au quotidien, de faire plus de soins que la normale, plus d’étirements, bien s’échauffer. Et éviter les rechutes. »
Avec l’enchaînement Ligue 1- Europa League Conférence, les opportunités de retrouver le terrain qui lui a tant manqué vont s’enchaîner. A force d’abnégation et travail, avec l’appui du staff médical, Jonas Martin a su revenir, reprendre sa place dans la ronde, le tout avec le sens du rythme pour revenir au bon moment, à huit mois de la fin de son contrat. Reste désormais à durer et à se faire plaisir et surtout, à ne pas hésiter à allumer le feu comme face à Clermont. un programme tout de même bien plus réjouissant que celui de cette sympathique Barbara.