Pour sa première saison en Lidl Starligue, l’ancien coach de la JS Cherbourg a eu l’occasion de passer par toutes les émotions pour terminer le championnat épuisé mais satisfait d’avoir rempli l’objectif maintien. S’il prendra bien quelques jours de vacances en famille, le technicien cessonnais est déjà plongé dans la saison qui démarre le 11 septembre.
S ouvent, en juin, on dresse les bilans, on distribue les points mais vous ne tenez pas à le faire. Pourquoi ?
Pour une raison très simple : dans ma tête, la page de la saison 2020-2021 est tournée, je suis passé à autre chose et nous avons tout dit au sujet de cette saison où la mission confiée par les dirigeants en début de saison, le maintien, a été réussie. Je suis aujourd’hui tourné à 200 % vers le championnat à venir, avec un effectif à construire et beaucoup de joueurs à intégrer.
Le CRMHB renouvelle en grande partie son effectif. Etait-ce un choix de longue date ou la conséquence de la saison ?
Nous savions que nous arrivions à la fin d’un cycle, avec des garçons qui choisissent de partir pour certains et d’autres avec qui nous arrêtons l’aventure. Nous leur souhaitons à tous le meilleur pour la suite et passons désormais à un nouveau cycle, avec la construction du Cesson de demain. Les profils que nous avons choisis vont apporter leurs qualités et caractéristiques. Nos moyens, qui restent ceux de l’avant-dernière masse salariale du championnat, ne nous permettent pas de folies et notre recrutement est fait de paris sur le moyen et long terme et de projet autour de joueurs expérimentés pouvant parfaitement s’adapter.
Pour vous rejoindre, il faut être « Cesson-Compatible ». Comment définir l’idée ?
Ici, nous ne sommes pas forcément les plus talentueux alors nous devons compenser par d’autres arguments, en phase avec nos valeurs et celles de notre territoire. Il y aura un projet de jeu qui sera tourné autour de la générosité, de la défense et de l’idée d’offrir du spectacle à nos supporters. Le profil type défini était celui d’un joueur connaissant déjà bien le championnat de Lidl Starligue et ses particularités, idéalement parlant français avec déjà un vécu à ce niveau. Il nous fallait des joueurs tout de suite « adaptables ». Ensuite il y avait les possibilités de faire des « coups » sur des garçons dont le potentiel est avéré pour lesquels le cadre cessonnais pourrait être le bon afin de s’imposer. Enfin il faut le bon état d’esprit, être un bon camarade pour le groupe mais nous ne recrutons pas des mecs juste sympas. Il faut des gagneurs, des mecs qui veulent se mettre la tête par terre. On souhaitait aussi injecter dans ce groupe du leadership, tant dans la voix que dans le jeu. Tout ne peut pas reposer sur la durée d’une saison sur seulement deux ou trois joueurs.
Etait-ce le cas l’an passé ?
On ne va pas se cacher, nous avons souvent entendu que nous dépendions de Romain Briffe sur le plan offensif, de ses inspirations et de sa forme. C’est lui qui prenait les décisions sur le terrain, qui était trop souvent à l’origine de nos temps forts et ça, la saison prochaine, je veux que ça change. Romain est évidemment un leader technique et le restera mais il ne doit pas être le seul à porter les responsabilités. Elles seront partagées et je veux des joueurs capables de les prendre et de les assumer. Parmi nos nouveaux joueurs, certains auront un rôle à jouer sur ce plan-là, c’est certain.
On peut penser à Robin Molinié pour cela, au vu de ses performances à Créteil et de son vécu ?
Robin arrive à Cesson avec son expérience, à Chartres ou Créteil et c’est un profil qui va beaucoup nous apporter, c’est certain. Il peut évoluer arrière gauche comme demi-centre et possède des qualités de leadership sur le terrain. Avec lui, il n’y a pas de surprise, nous savons exactement quel joueur il est et là où il nous apportera le plus. Déjà, à l’époque où j’étais à Cherbourg, j’avais souhaité travailler avec lui. C’est un mec intelligent qui va se plaire ici, je n’en doute pas un instant. On a également vu sa capacité d’adaptation à Créteil, quand le projet de jeu a changé et qu’il a repris le poste de demi-centre. Sa prestation contre nous lors du dernier match montre l’étendue de son talent. Après il ne sera pas le seul à devoir mettre de la personnalité. J’attends aussi beaucoup de Ludwig Appolinaire en la matière.
Quel est son profil ?
C’est un joueur important pour un collectif, une assurance tous risques, un mec qui va au combat et sur qui l’on peut compter en toute circonstances. Je peux vous dire qu’à Pontault, on le regrette déjà… Il est polyvalent et peut jouer sur tous les postes de la base arrière, avec beaucoup de maitrise. Je vais m’attacher à l’intégrer du mieux possible dans notre groupe et lui offrir un rôle prépondérant dans l’équipe, il doit devenir un de nos leaders, comme il l’était à Pontault. Il aura des tâches précises, une importance dans notre projet de jeu, défensif comme offensif.
Sur la base arrière, toujours, deux autres joueurs arrivent, Louis Despréaux et Rudolf Faluvégi. Dans quels rôles ?
Louis est un joueur qui évoluait au PSG avec la réserve, où il a été notamment meilleur buteur de N1. Il a un profil prometteur et très intéressant, même s’il ne connait pas encore le niveau de la Lidl Starligue. Néanmoins, s’entraîner au PSG et côtoyer de tels joueurs fait forcément apprendre et nous suivons ce garçon depuis deux ans. Il est même venu faire une semaine d’essai l’hiver dernier qui s’est très bien déroulée sur tous les plans, sportif comme humain. C’est un pari, car « un top joueur » sur le poste d’arrière droit reste aujourd’hui inaccessible pour des finances comme les nôtres alors il faut travailler en amont et donner sa chance à de jeunes prometteurs, comme Louis. Nous sommes convaincus que nous allons réussir à lui permettre de franchir les caps. Concernant Rudolf, tout le monde le connait déjà ici…
Son premier passage n’avait pas été des plus simples. Pourquoi avoir choisi de le faire revenir ?
Il est arrivé à l’époque dans une équipe en grandes difficultés et avait essayé d’apporter ce plus manquant, quitte peut-être parfois à forcer son jeu. Il revenait de blessure et peut-être lui en a-t-on alors beaucoup demandé. Humainement, son passage n’a laissé que d’excellents souvenirs et il était un peu écrit qu’il reviendrait. Lui le souhaitait aussi. Pour être franc, quand le profil a été étudié, je n’ai regardé les vidéos que de ses deux dernières années à Stuttgart, dans un championnat d’Allemagne qui reste une référence et il m’a convaincu. Il jouait libéré, épanoui, avec un impact important offensivement et des tirs à mi-distance intéressants. C’est un gars attachant, avec des valeurs, qui arrive certes blessé au genou, mais qui aura un rôle prépondérant à partir de l’hiver prochain. Nous lui laisserons le temps de revenir à son meilleur niveau, la largeur de notre effectif, avec nos jeunes comme Corentin Lorvellec et Marco Mengon, doit aussi permettre cela.
La base arrière apparaît très fournie. Est-ce un choix délibéré ?
Oui, il faut de la densité et de la concurrence. L’an passé, nous n’avions peut-être pas jugé à sa juste valeur la longueur du championnat avec le passage à 16 clubs. Il est important de disposer de nombreuses solutions pour garder tout le monde avec un peu de fraîcheur, concerné. L’an passé, nous avons terminé la saison avec seulement 13 professionnels. Il fallait donc densifier notre effectif et la base arrière, tout en permettant à ceux qui restent avec nous de se relancer et de pouvoir prétendre à gagner du temps de jeu. L’an prochain, personne ne pourra se dire qu’il va jouer tous les matchs ou refuser la concurrence. Celui qui pensera ainsi s’exclura de lui-même. Avec le retour des coupes de France et de la Ligue, il y aura du temps de jeu pour tout le monde et plus de solutions pour le staff…
Sur l’attaque, Junior Tuzolana vient doubler le poste avec Sylvain Hochet. Là aussi, il fallait recruter…
Sylvain a beaucoup donné, est impliqué fortement dans notre projet défensif mais doit parfois se gérer pour pouvoir mener également les contreattaques. Le poste d’ailier gauche est bien plus compliqué à pourvoir qu’onne le pense. Certains se disent qu’en tapant dans une corbeille, 5 ailiers gauches vont en sortir mais c’est bien plus complexe ! Il faut des buteurs sur ce poste, des « tueurs » et les stats du championnat montrent que les « monstres » sur le poste ne sont pas légion. L’arrivée de Junior entre dans l’idée de permettre à Sylvain de ne plus avoir à se gérer, de pouvoir tout donner tout en sachant qu’il n’aura pas obligatoirement 50 ou 60 minutes à jouer. Il a l’expérience de la LSL, a déjà évolué à ce niveau et un profil de puncheur sur le jeu grand espace. Il complètera parfaitement le poste avec Sylvain et sera aussi impliqué sur le projet défensif. Derrière eux, Sébastien Poirot aura bien sûr encore son mot à dire mais devra surtout jouer avec la N1, au maximum, pour valider tout ce qu’il a pu apprendre lors de cette première année avec les pros. Côté droit, un second joueur confirmé est attendu pour faire la paire avec Youenn Cardinal. Il est identifié, veut venir mais il reste encore quelques détails à régler avec la direction du club.
Dans le but, enfin, Miguel Esphina fera la paire avec Jozé Baznik…
Là aussi, c’est un garçon qui nous suivions depuis un moment. L’an passé, cela n’avait pas pu se faire. Il possède des qualités très intéressantes, différentes de celles de Jozé avec qui il va constituer un binôme très complémentaire. Il a à cœur de s’imposer en LNH après avoir réussi une belle saison l’an passé à Huesca, où Marca (quotidien sportif espagnol, ndlr) l’a qualifié de révélation de la saison et classé parmi les cinq meilleurs gardiens du championnat. Il était à 32 % environ de réussite, comme Jozé chez nous. Concernant ce dernier, il nous semblait important de le conforter après la très belle saison qu’il a réussie chez nous. Nous avons bénéficié de son acclimatation réussie en France après ses passages à Aix et Nîmes et on l’a senti libéré, investi et épanoui ici. C’est un leader, quelqu’un qui va emmener la salle avec lui l’an prochain, spectaculaire mais surtout efficace. Avec Miguel, nous disposons de deux gardiens qui offrent de nombreuses solutions.
Sur le banc, vous serez aussi rejoint par Yann Lemaire et Thibault Minel. Est-ce une évolution qui vous plait ?
Forcément, il y a toujours le besoin et l’envie d’étoffer un staff. Je suis quelqu’un qui croit beaucoup au travail en staff. J’en profite pour remercier Mehdi Boubakar pour tout ce qu’il a fait, son aide, sa disponibilité au quotidien, sa compétence et sa simplicité. Ses compétences vont être précieuses pour le club dans son ensemble, équipe première y compris, à la tête du centre de formation, sur lequel nous allons continuer de nous appuyer. Yann, je le connais depuis pas mal de temps et je suis ravi qu’il arrive chez nous. Il aura un œil nouveau, peut-être différent et va apporter de grandes compétences dans le projet, mais aussi dans les relations humaines. Sur l’aspect physique, l’arrivée de Thibault, très compétent et motivé, va également nous permettre d’optimiser nos performances et d’avoir un œil d’expert dans le domaine de la préparation physique et de la charge d’entrainements.
La préparation mentale sera-t-elle également toujours d’actualité, avec Gérard Vaillant et Frédéric Damato ?
Ils ont eu un impact évident et important la saison passée avec ceux qui ont souhaité bénéficier de leur expertise et de leurs méthodes. J’ai vu certains buts inscrits dans le money-time ou des performances très fortes dues en direct avec ce travail, c’est incontestable. Je suis convaincu que le domaine de la préparation mental va devenir une donnée importante de la performance autant que le physique ou la tactique… En France, nous sommes en retard à ce niveau mais beaucoup de joueurs étrangers (qui sont d’ailleurs souvent les meilleurs) l’ont compris. Nous souhaitons mettre à disposition des joueurs la possibilité de les solliciter de nouveau, si les besoin s’en fait sentir. En revanche, un club comme nous n’a aujourd’hui pas la possibilité d’intégrer un préparateur mental quotidiennement au staff. Mais nous savons qu’ils sont là, avec nous au besoin, et c’est évidemment un renfort précieux.
Le plus gros renfort de la saison à venir ne sera-t-il finalement pas le public, si cruellement absent cette saison ?
Evidemment. Nous n’allons pas revenir sur tout ce contexte, ces huis-clos, nous l’avons évoqué toute l’année. Je regarde devant, avec cette envie de voir la Glaz vibrer, exulter. Je ne l’ai pas encore vue pleine depuis que je suis arrivé, je veux connaître les grosses ambiances, partager de nouveau avec notre public. Il va aussi falloir, pour nous, pour les joueurs, se réhabituer à évoluer avec du public, chez nous et à l’extérieur, gérer les émotions, redevenir des pourvoyeurs de spectacle. J’ai ce sentiment de frustration terrible d’avoir vécu cette année sans eux. Je dis souvent aux joueurs que la Glaz Arena est sortie de terre mais pas encore entrée en éruption. J’espère que ce sera pour bientôt. Le club travaille aussi là-dessus, sur l’animation, l’ambiance. Lors des matchs, au-delà de ce qu’il se passe sur le terrain, il faut réussir à créer un véritable show.
L’objectif reste le maintien, à tout prix ou viserez-vous un peu plus haut ?
Comptablement, nous viserons avant tout de nous maintenir, oui. Cette année, il aura fallu 18 points tout de même ! Le challenge restera élevé car si nous nous sommes renforcés, les autres équipes l’ont aussi fait, parfois dans des dimensions bien plus importantes ! Le championnat est très compétitif et nous sommes lucides sur nos possibilités. Il faut s’appuyer sur ce qui a été réussi cette année, puis saupoudrer petit à petit avec nos nouveaux ingrédients pour parvenir à une recette réussie. Le plus important sera de parfaitement bien intégrer tout le monde dès la reprise, afin d’avoir un groupe uni vers un seul et unique objectif dès septembre. Développer la formation, valoriser et faire grandir des joueurs à potentiel et afficher nos qualités de solidarité et de combat, tout en ajoutant du spectacle, voici autant de challenges s’offrant à nous.