Foot – SRFC : Bilan : Le Stade Rennais a confirmé son statut…en attendant mieux !

Le discours, qu’il émane de Florian Maurice, Bruno Genesio ou Nicolas Holveck, est le même, parfaitement synchronisé : le stade rennais, en se qualifiant pour la quatrième année consécutive pour une compétition européenne, a rempli ses objectifs. A-t-il pour autant réussi sa saison ? Le débat restera sans fin et surtout, il est déjà temps de se tourner vers 2021-2022. Avec l’envie de mieux !

Inévitablement, à la longue, on y prend goût… Ces soirées européennes privilégiées, parfois bafouées par certains, pour cinq ou six clubs de l’élite à l’issue d’un championnat long et éreintant. Le dernier a livré son verdict dans une dernière journée folle à tous les étages, du titre de champion, finalement revenu logiquement à Lille, jusqu’à la relégation à laquelle le voisin nantais a échappé d’un rien. Rennes, dans cet emballage final, a pu bénéficier du nul de Lens contre Monaco pour récupérer la sixième place et arracher son billet pour la toute nouvelle Ligue Europa Conférence. Un classement final presque « heureux » dans une saison où les « Rouge et Noir » auront été classé sixièmes et au-delà à 24 reprises, pour 14 présences dans le Top 5 dont deux en tant que leader (5ème et 6ème journées), deux fois seconds et quatre fois troisièmes. De quoi faire rager les « Sang et Or » mais c’est aussi là la beauté du sport. Aujourd’hui, l’heure est au bilan, à fructifier ce qu’il y a eu de bon l’an prochain mais aussi prendre acte des erreurs et difficultés vécues au cœur d’une année pas comme les autres. Première participation à l’éprouvante Ligue des Champions, tant émotionnellement que sportivement, gestion de la crise sanitaire au quotidien avec des séquelles tout simplement indéniables (comme pour tout le monde en ligue 1), fin de mercato délicate avec deux cadres qui partent sur le gong ou presque et départ de Julien Stéphan au cœur de l’hiver. Autant de moments délicats qu’il a fallu négocier, analyser, comprendre et surmonter, tantôt avec du cœur, tantôt avec talent. La réussite et la solidarité auront aussi été au rendez-vous mais dans la qualité de ses productions, le Stade Rennais ne pouvait guère prétendre à mieux. Et puis sixième, c’est plutôt correct non ? Trop de revers dans son Roazhon Park vidé de ses fidèles, six, pour seulement 31 points récoltés. Le manque du douzième homme fut flagrant et rédhibitoire pour espérer mieux, y compris en Ligue des Champions où un Roazhon Park plein et non à 5000 spectateurs aurait eu probablement raison de Krasnodar. Huitième attaque, troisième défense, le Stade Rennais est la seconde équipe du championnat en terme de possession du ballon (59,48 %) et aussi la seconde en nombre de passes (22 126) mais fut trop souvent à court d’idée pour le fructifier en points.

MANQUE D’EFFICACITÉ MALGRÉ UNE VRAIE QUALITÉ TECHNIQUE

Le regret principal est là : rarement, le Stade Rennais aura été absent des débats, baladé ou dominé outrageusement par un adversaire mais trop souvent, il ne sut pas accélérer le jeu, faire mal à l’adversaire, changer de rythme et forcer son destin. C’était sans doute là la faiblesse de ce Stade Rennais version 2020-2021, qui n’avait peut-être pas le caractère et la haine de la défaite de ses prédécesseurs, non sans avoir moins de qualités. Des qualités mentales incarnées hier par Benjamin André, Ramy Bensebaïni, Joris Gnagnon, non remplacés selon beaucoup de supporters sur la notion d’impact mental sur les événements. Trop gentil, ces chers « Rouge et Noir » ? Le terme serait fort mais certains exemples corroborent l’idée : ce pénalty sifflé puis finalement annulé à raison au Vélodrome, où personne ne vient défendre le fautif ou hurler à l’injustice. Les décisions d’arbitrages contraires, sujettes à polémiques, ont aussi eu leur place dans la chronologie de cette saison éprouvante nerveusement dans le contexte que l’on sait. Peu contestataire, plus intéressée par le jeu et la circulation de balle que par la provocation ou la contestation, cette équipe a aussi accusé un manque certain de vice, précieux pour accrocher quelques points et faisant partie du jeu. A corriger l’an prochain, tout comme la nécessité d’aller plus vite et plus agressivement vers le but adversaire. Anesthésier l’adversaire avec une possession intense fut à la mode dans la première décennie de ce siècle avec le Barça mais ceci était allié à un pressing tout terrain jamais revu depuis. Julien Stéphan avait cette obsession de la qualité de passe, de tenir le ballon pour détenir les clés d’un match. Ses joueurs auront perdu l’art de crocheter les serrures adverses, au point de pousser le créateur de ce jeu à rendre le trousseau.

VISER UN BEAU PARCOURS EUROPÉEN ?

Bruno Genesio en arrivant, avait donc le challenge de passer de la dixième place à la cinquième place, même si les points séparant les deux demeuraient restreints. Mission accomplie, parfois avec la manière, parfois sans mais peu importe… Le groupe récupéré à l’époque, triste aux dires du coach rennais, a retrouvé du pep’s et su se définir autrement. Pour autant, l’équipe devrait être en partie changée pour la saison prochaine (lire en pages 10 à 14). Si le secteur défensif, qui a plutôt donné satisfaction, devrait rester à 80 % intact, il n’en sera pas du tout de même au milieu de terrain, véritable chantier de la saison à venir, surtout si Steven N’Zonzi et Eduardo Camavinga s’en allaient. Devant, un apport supplémentaire serait le bienvenu, dans l’axe mais surtout sur les côtés où l’équipe a affiché trop peu de solutions de rechange derrière les titulaires. Une fois le mercato effectué, si possible avant le 31 août, vœu pieu de chaque formation du championnat, les challenges seront nombreux : rester dans le top 5, s’offrir un nouveau parcours en coupe de France et découvrir avec appétit la nouvelle compétition européenne, l’Europa Ligue Challenge. Cette fameuse compétition, jugée fantaisiste ou au rabais par certains, doit au contraire élever les ambitions sur la scène continentale pour le Stade Rennais qui fera partie des formations pouvant prétendre à un parcours intéressant derrière l’AS Roma, Tottenham, Bâle, le PAOK Salonique, Anderlecht ou le Feyenoord, en attendant les futures équipes reversées de l’Europa Ligue. Vibrer de nouveau, vivre des émotions, tous ensemble, public, club, partenaires, joueurs, médias, pérenniser la place du Stade Rennais désormais parmi les meilleurs clubs français et pourquoi pas, retrouver l’Europa Ligue l’an prochain voire plus si affinités : voici donc autant de défis pour lesquels le club travaille déjà dur à tous les étages. Le retour du public aidant, l’anniversaire des 120 ans encore au programme et la statue de Jean Prouff, toujours invincible depuis son arrivée au cœur de la tribune Super U, seront les attractions d’un mois d’août qui a rarement été autant attendu par une communauté privée de sa passion une saison durant. Viendront ensuite le barrage pour la qualification des poules européennes puis les retrouvailles avec les ex à qui l’on n’a pas pu dire au-revoir, Julien Stéphan et Damien Da Silva en premier lieu, lors des venues futures de Strasbourg et Lyon. Espérons que dès août, avec toutes ces belles promesses, le foot sera de nouveau au cœur du jeu, histoire d’y reprendre goût, définitivement