Les émotions. C’est ça le sport. Chaque année, il replonge chacun de nous dans les contradictions, les débats, les coups de gueule, les euphories. Ces mêmes émotions, au soir de défaites ou de victoires, qui vous font presque oublier tout le reste : masques, crise sanitaire ou couvre feu. Ce samedi soir à la Ricoquais, elles étaient de retour, ces fameuses émotions, bien connues des habitués des lieux. La jauge permettant aux quelques privilégiés d’être présents en témoigneront aisément. Entre adieux pour certaines filles quittant le club, dénouement terriblement stressant sur le terrain et aussi, justice faite après un imbroglio administratif passé tout près de renvoyer injustement le club en N1. « Sincèrement, j’ai vécu une semaine terrible, vraiment… Sur le jeu, c’était crispé, évidemment pas un match abouti mais franchement, on s’en fout, non ? L’essentiel, c’était que les filles soient récompensées, obtiennent ce maintien et enchaînent, pour la première fois de l’histoire du club, une troisième année en D2. Un grand bravo à elles, elles ont été fortes dans la tête, ont fait le boulot. C’est une superbe récompense pour tout le monde, surtout après une telle année… « Olivier Mantès n’est pas du genre à montrer ses émotions mais là, celles-ci transparaissent. Et il y a de quoi !
Le « Thread » du jour est simple et limpide : il faut gagner pour passer devant Le Pouzin, adversaire du jour, qui se sera vu maintenu sans avoir à gagner jusqu’à vendredi et l’appel reçu des Bretonnes redonnant au match son enjeu crucial. Avant la partie, les joueuses, passées par toutes les émotions durant la semaine, sont concentrées et confiantes. De la rage donc, un peu de rancune sans doute et l’envie, surtout, d’entrer dans l’histoire du club, avec une troisième année en D2 en vue, dans un format beaucoup plus excitant (poule unique prochain). Avec le retour des protocoles d’entrées des équipes et du public, la Ricoquais revit, retrouve son âme qui fit tant défaut dans ces horribles mois de huis-clos de l’année écoulée.
D’entrée, les Roses ne font pas de détails avec une Manon Sol autoritaire et décisive. Pas dans le coup, les filles du Pouzin encaissent les premiers buts sous l’impulsion d’Apolline Feuvrier en contre-attaque. Pourtant, les buts se font rares, même si Manon Sol, dans son but, permet un premier écart (5-1,15′). L’enjeu prend le pas sur le jeu et les filles du SGRMH se compliquent la tâche, avec d’abord une première panne sèche (5-4, 20′) avant de se détacher avant la pause (10-6). Le matelas n’est pas assez épais pour s’endormir, les Roses le savent bien…
Après le repos, elles redémarrent mal et crispent l’assistance. Sans y crier gare, Le Pouzin, pourtant auteur d’un match très faible, recolle, dabord à 10-8, à la 32′, puis à 14-12 à la 42′. Manon Sol s’emploie alors à stopper plusieurs tentatives de retour à une unité et enfin, les filles d’Olivier Mantès se libèrent à 10 minutes du terme. A 17-15, à la 50′, elles vont finalement lâcher les chevaux pour terminer la rencontre sans trembler sur un 5-1 identique à celui de l’entame du match.
L’explosion de joie qui s’en suit alors est à la hauteur de la tension vécue toute la semaine. Les larmes sont évidemment au rendez-vous mais finalement pas si nombreuses et surtout, cette fois-ci, accompagnées de sourires. Les adversaires du jour, qui joueront l’an prochain en N1, s’éclipsent rapidement. Place alors à une petite « cérémonie » avec remise de cadeaux et mots touchants et bien sentis pour tous. Ainsi, Sabrina Betzer (qui rentre dans sa région du côté d’Achenheim, D2), Anne-Gaëlle Chevalier, Laura Villeger, Laure Buclucua et Maureen Racz (arrêts) sont saluées une dernière fois par Jean-Luc Bosse, président, et Olivier Mantès. Pierre Dubois, qui rejoint la Fédération est aussi honoré pour son gros travail réalisé ces dernières années. C’est aussi le cas pour Gisèle, fidèle bénévole depuis plus de 20 ans fortement éprouvée pendant dix jours suite à l’imbroglio du match donné perdu puis René Le Bihan, vice-président et bénévole historique des Roses, toujours éloigné des salles pour raison de santé mais bien présent dans les coeurs « roses ». Après avoir remercié le public et les fidèles partenaires, présents ou non, Jean-Luc Bosse conclut : « J’ai aussi une penée pour Murielle et Vincent Guyomard, à qui l’on doit tant et qui seront toujours les bienvenus ici. On ne vous oublie pas ». Tout comme cette saison, que personne ne risque d’oublier de sitôt.