Neuf buts sur les 26 de la victoire obtenue contre clermont pour démarrer les playdowns, voilà qui fait du bien ! comment juges-tu ta performance face à clermont ?
Personnellement, je considère que c’est mon premier match complet. avant j’étais bien, soit sur le côté personnel, soit dans la gestion du collectif. Mais c’est la particularité du poste de demi-centre, il faut être performante sur les deux aspects ! je n’avais pas encore réussi à allier les deux ensemble et là, ça a fonctionné. ce match contre clermont, il me fait vraiment plaisir ! aussi bien individuellement que collectivement.
Considères-tu que qu’il te fallait du temps pour t’intégrer à ta nouvelle équipe ?
Il y a de ça mais c’est aussi la conséquence de la crise sanitaire. nous avons pris du retard dans la préparation, dans la construction du collectif. nous avons également connu plusieurs départs, il a fallu se réadapter à chaque fois. je suis arrivée sur un poste où je touche tout le temps la balle, où je gère tout ; donc il a fallu aussi, personnellement, me mettre la tête à l’endroit. ça a pris du temps mais l’important, c’est que ça arrive .
Vous avez quelque fois déjoué cette saison, comment expliques-tu que tout a fonctionné sur ce premier match de playdowns ?
sur l’aspect défensif, nous avons toujours été carrées. c’est la gestion de l’attaque qui était problématique et j’avais une grande part de responsabilité. c’était frustrant, on reproduisait toujours le même schéma, avec un temps de latence par moments, sans trop savoir pourquoi. nous avons eu des résultats décevants mais sur les matchs où nous n’étions pas favorites, nous étions plus libérées. au final sur notre poule, ça ne s’est pas joué à grand-chose… pour ce premier match de playdowns, nous avons fait une semaine d’entraînement monstrueuse ! nous avons élaboré avec les coachs une stratégie. nous nous sommes toujours investies sur la saison mais là… nous étions toutes très concernées, avec l’envie d’aller dans le même sens. De lundi à vendredi soir, nous avons mis tous les ingrédients pour gagner ce match avec aussi beaucoup de vidéos. Il y a eu un temps faible aujourd’hui mais ça a été mieux géré. on était quand même là et on a continué d’essayer de marquer ! en tant que demi-centre, tu as beaucoup de responsabilités sur le terrain. ton entraîneur olivier Mantès dit que tu es une joueuse intelligence qui distribue bien le jeu mais que tu n’as pas assez confiance en tes capacités.
Est-ce que tu es d’accord avec ce constat ?
Ce n’est pas que je n’ai pas confiance en mes capacités mais j’ai un jeu assez atypique. j’ai un physique qui me permet d’aller au duel alors qu’encore face à clermont, je ne tire que de loin ! auparavant, j’ai longtemps été cantonnée au rôle de « tu fais des duels et c’est ta copine à droite ou à gauche qui va tirer de loin ». Mon jeu est plus complexe que ça. Maintenant, j’ai des moments où je manque de confiance. j’ai beaucoup d’informations à gérer et des fois, il faut être honnête, je ne vois pas quand l’angle est ouvert !
Est-ce l’axe de progression que tu dois avoir ?
Oui ! ça mais aussi mon jeu avec mes arrières, quand elles s’engagent. Il y a toujours pleins de choses à travailler. après, j’ai la chance d’avoir olivier qui m’aide beaucoup. nous échangeons autour du hand et des matchs. si tu veux progresser, apporter à ton équipe, il faut pouvoir parler. olivier m’encourage depuis le jour où je suis arrivée. Même quand j’ai eu ma blessure à l’épaule, il me disait par exemple que j’avais le droit de tirer de loin.
Comment va ton épaule aujourd’hui ?
J’ai eu beaucoup de rééducation, on m’a beaucoup accompagnée. nous avons réalisé un gros travail avec le kiné et le préparateur physique du club. j’ai joué strappée jusqu’en décembre pour m’assurer un maintien supplémentaire. aujourd’hui, je n’en ai plus besoin et je me sens bien.
Tu viens d’octeville mais tu as aussi joué à Fleury, au centre de formation puis en D1. Qu’est-ce que cela t’a apporté ?
J’ai été bien utilisée sur ma saison en D1. j’étais jeune et sur certains matchs, j’arrivais à rentrer une quinzaine de minutes. les années précédentes au centre, c’était au moment de la grosse époque de Fleury. Il y avait beaucoup d’internationales. Quand on a 18 ans et qu’on s’entraîne avec des Marta Mangue (internationale espagnole) des estelle nzeMinko et gnonsiane niombla (internationales françaises) … c’était une très bonne expérience. Même si je servais de plot à l’entraînement, ça m’a servi, j’ai adoré ça ! (rires) on apprend le rôle qu’on doit avoir dans une équipe. Mes expériences, bonnes ou mauvaises, font que je peux apporter quelque chose. as-tu des joueuses ou des joueurs références au handball ? stine oftedal ! c’est une internationale norvégienne et elle joue en club à győri. c’est un génie pour moi, tant sur le côté handball pur et dur, la technique, que sur la mentalité. elle explique notamment que dans son équipe nationale, leur entraîneur les incite à prendre le hand comme un jeu d’enfant, à se faire plaisir avant de penser aux résultats. tout en étant très exigeante sur la qualité du travail donnée pour être la meilleure équipe mondiale.
Est-ce que tu regardes beaucoup de matchs de handball ?
Plus tu manges du hand, plus tu perfectionnes ton jeu ! je suis une passionnée de sport en général et une passionnée de handball. je regarde beaucoup de matchs. j’adore faire de la vidéo, voir d’autres styles de jeu. c’est important pour s’améliorer de s’imprégner de ce que font les autres. on se dit : « ça, j’ai envie d’essayer de le faire ! » au club, nous avons la chance de pouvoir tenter ! l’entraineur des jeunes, Valentin Boulaire, fait du spécifique et nous pouvons y participer. personne ne nous fixe de limites. Ici, il y a une vraie place pour l’expression individuelle. c’est aussi le cas avec olivier, malgré l’exigence de résultats. Il cherche à ce que chacune donne le maximum. Il n’est pas dans la restriction. avoir des entraîneurs comme ça, c’est ce qui permet aussi de faire avancer le handball en général.
Est-ce que tu trouves qu’il y a des avancées dans le sport féminin ?
Clairement, on avance. nous avons la chance d’avoir maintenant un syndicat, l’ajph, avec des représentantes dans chaque club. nous, c’est lili par exemple. la D2 commence à se professionnaliser, nous sommes semipros. les hommes, eux, sont professionnels en D2… Il y aura toujours des disparités dans l’égalité salariale mais nous ne faisons pas ça pour l’argent. notre sport est différent de celui des hommes mais il n’y a pas de mieux ou de moins bien. au moins ici, on a la chance d’exister, d’être visible et soutenues.
Comment te sens-tu personnellement ?
J’adore être dans ce club, c’est très familial ! nous avons des conditions de travail parfaites malgré cette crise sanitaire qui plombe tout. nous sommes très chanceuses de faire parties du sgrMh et d’être très bien accompagnées par les bénévoles, le staff, les dirigeants et les médias ! c’est la première fois que je vois une équipe de D2 autant mise en valeur. ce sont notamment les raisons qui m’ont donné envie de venir ici. j’ai en plus mon travail à côté où je me sens vraiment très bien. je suis très famille et la mienne est à rouen donc pas si loin. Mes parents viennent me voir à chaque fois que je joue à domicile !
Quelles sont tes ambitions aujourd’hui ?
J’adorerais aller au plus haut niveau avec le sgrMh. j’ai signé pour le projet du club qui est de tenter l’accession en D1 à moyen terme. j’espère y prendre part. je me suis engagée pour deux ans mais j’ai envie d’aller encore plus loin. j’ai la chance d’avoir un travail à côté qui me plait et le cadre est super, on est bien mis en condition. je n’ai aucune raison de partir !
On vous imagine toutes enthousiastes en vue d’un éventuel retour du public le 29 mai prochain ?
J’ai très hâte ! je pense que sur certains matchs, ça nous aurait fait basculer du bon côté. lorsque nous avons des temps faibles justement. le public nous manque beaucoup. en plus, je n’ai jamais vu la ricoquais pleine ! tout le monde espère que le 29 mai, nous retrouverons un peu de public. si possible pour fêter le maintien !