Les Irréductibles sont en bonne voie pour se maintenir. Quel regard portez-vous sur votre parcours jusqu’ici ?
Il reste encore un gros coup de collier à mettre pour bien terminer. Nous avons fait de belles choses, il y a eu des matchs aboutis, de vraies belles performances, d’autres beaucoup moins bonnes et quelques claques. Maintenant, j’estime, avec ce que l’équipe a montré, que nous ne devons pas nous satisfaire de nous maintenir ou de finir douzièmes. Aujourd’hui, une saison réussie pour moi, ce serait la dixième place. Nous en avons les moyens. Je n’accepte pas que l’on s’auto-satisfasse de ce que l’on a et qu’on se limite à être douzième ou treizième. Nous avons battu deux fois Chartres qui est devant nous et devons rivaliser avec Istres ou Dunkerque, sans manquer de respect à quiconque. Les gars doivent avoir l’ambition de terminer le plus haut possible et ne pas se contenter d’un maintien. En cas de mois de mai catastrophique, que je n’imagine pas, finir quinzième ou seizième en serait tout simplement catastrophique et inadmissible avec la qualité du groupe en place !
Pensez-vous être à l’abri d’une telle déconvenue ?
Les gars et le staff ont pris leurs responsabilités, ont su enchaîner une belle série et donner beaucoup d’air à tout le monde. Nous étions au pied du mur, il fallait réagir. Nous avons une belle défense, jouons bien et développons par séquences un jeu séduisant. Il manque cependant encore un petit quelque chose, collectivement mais aussi individuellement pour certains – et d’autres moins -, pour faire encore plus et mieux. Quand on est Cesson et que l’on rentre sur le terrain, avec les possibilités qui sont les nôtres, on doit tout mettre sur le terrain, le coeur et tout le reste… Notre ADN, c’est de voir les mecs sortir du terrain en ayant tout laissé sur le parquet, s’étant arraché et cela n’induit pas n’offrir que ça ! Le meilleur exemple de cela est la saison exceptionnelle réalisée par Hugo Kamtchop-Baril. Il est arrivé jeune ici, a travaillé dur, connu de gros pépins mais aujourd’hui, quel guerrier ! A son image, cet état d’esprit est revenu, au travers de certains et dans certains moments mais pas encore totalement. Il est pourtant la clé avant toute considération tactique ou technique, pour exister dans le Top 10 du championnat, ce qui doit être notre objectif.
Plus petit budget du championnat, le club semble en tous cas bien décidé à s’affranchir pour de bon de cette étiquette de petit chez les grands. Est-ce une nécessité pour grandir ?
Clairement, oui ! ok, nous n’avons pas 4 ou 5 M€ de budget et aujourd’hui encore, la situation financière reste critique eu égard la crise sanitaire, comme pour une bonne partie des clubs du championnat. L’Etat a demandé au sport professionnel de continuer, coûte que coûte, mais financièrement, cela a de très lourdes conséquences et répercussions que ces mêmes clubs vont payer… Ici, nous devrons continuer de ne pas nous tromper dans nos choix, nos recrutements. Chez nos dirigeants, il faut saluer l’exceptionnel travail de Michel Lebreton, directeur général du club, et stéphane Clémenceau, qui donnent tant et tellement pour permettre au club de rester à flot, d’être cohérent et parfaitement géré. un énorme travail est fait pour permettre de continuer l’histoire. A partir de là, sur le terrain, dans l’attitude, le combat, le jeu, nous ne devons baisser la tête devant personne. Hormis Paris, Nantes et Montpellier qui sont au-dessus du lot, personne, dans ce championnat, ne doit nous faire complexer. L’état d’esprit que nous attendons, qui revient et qui doit être celui du club dans les années à venir, est celui d’une formation capable d’aller s’immiscer sans complexe dans le Top 10, puis 8. Mon rôle est de préparer le CrMHB du futur, à trois, cinq ans. L’ambition collective doit être au service de chacun pour toujours s’améliorer, ne pas se mettre de limites ! Nous sommes au début d’une nouvelle histoire et c’est à nous, anciens, de donner l’impulsion et de tout faire pour que cela se passe bien.
Au niveau des ambiances dans ces salles vides, des résultats parfois étonnants, quel regard portez-vous sur ce championnat ?
Sincèrement, ces huis-clos sont d’une tristesse absolue. Tout sportif de haut niveau joue, fait les efforts, le boulot, pour jouer dans des ambiances survoltées, avec du public, du bruit. C’est le moteur du compétiteur et là, sans, forcément, ce fut difficile, bien sûr. Et je trouve que malgré cela, il y a des choses intéressantes, des beaux matchs et le mérite en revient aux joueurs. Maintenant, à l’évidence, audelà des conséquences financières évoquées juste avant, je pense surtout que ce championnat ne devrait pas sanctionner d’une descente les deux derniers, idem en Proligue. Il y a eu des équipes beaucoup plus touchées que d’autres par les absences, les reports. Aujourd’hui, certains clubs ont encore quatre ou cinq matchs de retard et le classement est illisible. Quels que soient les malheureux élus, les descentes auront clairement un goût d’injustice
La jeunesse pointe le bout du nez cette saison, cela doit également être une grosse satisfaction ?
Dans notre projet, le développement de nos jeunes est primordial. Ils doivent prendre une place prépondérante au fil des années. Notre vision n’est pas à un an, mais sur le long terme. Dès aujourd’hui, nous construisons le CrMHB de demain. Nous avons vu sébastien Poirot, Tanguy Le fur, Mathéo Briffe ou Julien Luciani découvrir la Lidl starligue, jouer leurs premiers matchs ou minutes. Corentin Lorvellec est lui aussi apparu et même entré ces dernières semaines dans les rotations. J’ai le souvenir d’un match où nous avions six garçons sur sept passés par la formation cessonnaise sur le terrain. Pas mal pour un club qui ne formerait pas assez selon Monsieur Berthelet, de la fédé. Il faut accompagner ces garçons, qu’ils n’aient pas trop de pression et qu’ils tirent leur épingle du jeu, sans oublier qu’ils sont encore en formation et ont aussi à apprendre, mais sans complexe non plus. Plus ils joueront libérés, plus ils pourront montrer ce qu’ils valent.
Vous avez été longtemps l’entraîneur du CRMHB. Arrivez-vous, dans ce costume de directeur sportif, à garder une distance avec le terrain, les choix et la vie de groupe ?
Il le faut, c’est absolument indispensable pour que le club fonctionne bien. Personne ne doit faire d’ombre à l’autorité du coach vis-à-vis de son groupe. sébastien Leriche est notre entraîneur et nous sommes convaincus qu’il est l’homme de base de ce projet. Aujourd’hui, quand quelque chose m’interpelle vraiment, je peux en parler avec lui et je suis aussi évidemment à son entière disposition s’il a besoin d’un avis. Je suis aussi là pour trouver les joueurs répondant à ses besoins et à nos possibilités. Mais je me refuse à toute ingérence, ce n’est pas mon rôle et je me mets des limites. Nous ne sommes pas à Nîmes où le président s’autorise à le faire. Mon rôle m’amène à parler aux joueurs pour les contrats et parfois, pour féliciter ou secouer un gars. J’avoue ne pas prendre de gants pour cela, ni de plaisir particulier mais c’est ma tâche. Je suis là pour soulager sébastien. Avec l’âge, je suis détaché de l’avis que les gars peuvent avoir de moi. Que l’on m’aime ou pas, je m’en fous, je ne suis pas là pour être aimé mais faire avancer le club.
Dans le choix des joueurs justement, peut-on parler du recrutement à venir et de celui de l’été passé ?
Pour le recrutement à venir, comme je le disais, nous naviguons pour le moment à vue… Difficile de savoir ce que nous pourrons faire dans la situation actuelle…
Sur le recrutement de la saison passée alors, êtes-vous satisfait ?
A une exception près, oui. En faisant revenir Romain Briffe et Romaric Guillo, nous savions à qui nous avions affaire. Ils ont été tous les deux victimes de blessures qui nous ont pénalisé mais on voit tout de même leur apport quand ils sont à 100 %. Romaric est revenu physiquement et tient notre défense. romain est notre leader technique. Et dire qu’il termine certains matchs avec un but sur deux tirs. Le seul reproche que nous pourrions lui faire serait d’être trop généreux, obsédé par la passe. Il a une telle qualité au shoot, un jump exceptionnel. Je suis sûr qu’il peut encore passer un palier mais il pèche par générosité… Marco Mengon connaissait le hand français, formé à Montpellier, et est encore jeune. Il a une belle marge de progression et bosse dur. Jordan Camarero avait devant lui Youenn Cardinal. Rudy Séri, c’est une déception, lui qui arrivait pour le tir, le shoot, mais n’a pour le moment pas donné satisfaction et le sait ! Il doit passer un cap. Jozé Baznik, enfin, est un guerrier comme on les aime, qui emmène tout le monde avec lui, public, coéquipiers. J’adore ce type de joueur, qui refuse la défaite même à l’entraînement
L’exception semble être Rok Zaponsek…
Exactement, nous nous sommes trompés sur lui. Il a signé avec nous avec un agent pour une saison plus une seconde avec possibilité réciproque de stopper au bout d’un an. A peine était-il arrivé qu’il avait déjà changé d’agent. La vérité ensuite, c’est qu’après des débuts plus que difficiles, où il faisait la « gueule » car il ne jouait pas assez à son goût, il a sorti trois ou quatre gros matchs et a demandé en décembre à nous revoiravec son nouvel agent. Malgré le contexte de pandémie que l’on sait aujourd’hui et les difficultés du club, il s’est cru légitime de nous réclamer quasiment le double de son salaire pour continuer l’an prochain avec nous. Dans le même temps, nous avons un joueur comme florian Delecroix, qui a spontanément accepté de baisser un peu le sien pour prolonger ! rok, c’était « tout pour ma gueule », un mec égocentrique, qui n’a rien à faire dans un sport collectif. Des mecs comme ça, mercenaires, nous n’en voulons pas à Cesson !
Un dernier mot sur Sébastien Leriche, qui vit sa première année en Lidl starligue ?
Sébastien a les avantages et les petits inconvénients de sa jeunesse. Il découvre ce niveau. Nous sommes sur la même longueur d’ondes, dirigeants et staff technique, et nous savons où nous voulons aller pour le club. Il est parfois confronté à des coaches ayant plus de 1000 matchs sur un banc en D1 et forcément, peut être piégé mais il apprend vite et bien. C’est un garçon ouvert, avec qui le dialogue est enrichissant, qui véhicule de plus parfaitement l’image que le club souhaite afficher et qui a l’adhésion de son groupe. Il est l’homme de la situation aujourd’hui mais surtout pour la suite, que nous devons déjà préparer pour l’aborder avec ambition. A nous de lui donner les moyens pour aller le plus haut possible.