Elles font partie de l’histoire, sont sujettes à la controverse et aux débats. Parfois elles fâchent, parfois elles influent. Elles, ce sont les fameuses notes données aux joueurs, que ceux-ci, soi-disant, ignoreraient… petit voyage dans un pays pas si simple qu’il n’y parait avec la majorité des acteurs d’un exercice polémique !
Et si finalement, tout cela n’était qu’une sorte de petite revanche, un petit pied de nez au destin qui nous permettrait à nous, journalistes, de devenir ce professeur qui tint si souvent notre destin du bout de son stylo rouge ? Parce qu’une note sanctionnait notre dur labeur, époque étudiante, ne tenant pas ou peu compte de tout l’investissement que nous y avions mis ou de notre compréhension de la consigne, il faudrait donc que désormais, armés de nos claviers, nous infligions semblable sentence à ces joueurs dont nous racontons les exploits au fil des semaines avec passion. Ainsi soit-il, les notes de joueurs sont devenues un incontournable, apprécié ou non. Une fois le décor planté, reste à savoir qui note, et comment. Pour en savoir plus, nous avons donné la parole à nos confrères locaux Johan Rigaud (L’Equipe), Vincent Simonneaux (TVR), David Thomas (Le Télégramme) et Clément Gavard (So Foot) afin d’en savoir plus sur les coulisses de ces fameuses notations, tant attendues de tous !
Avez-vous déjà eu des retours, positifs ou négatifs, de la part des ou de leur entourage (coach, agent, club) ?
Vincent SIMONNEAUX : Pour ma part, je n’ai jamais eu de retours…JAMAIS ! Mais j’ai vu un collègue se prendre « un poing dans la gueule » de la part d’un joueur qui en avait assez d’être « éxécuté » par ce journaliste. Je précise que j’aime bien ce joueur et que le confrère, qui ne faisait pas l’unanimité, est décédé (et non, ce n’est pas Patrick Vetier).
David THOMAS : Des relations tendues avec des joueurs j’en ai eues, mais jamais à propos des notes. Je sais que certains, comme Johan, reçoivent souvent des messages des agents si la note ne valorise pas leurs clients…
Clément GAVARD : Je suis trop jeune dans le métier pour avoir de jolies anecdotes, et les notes So Foot ne sont pas autant scrutées que celles de L’Equipe ou Ouest-France à l’échelle rennaise.
Johan RIGAUD : Oui récemment un proche d’un joueur qui avait eu 4 m’a conseillé de basculer sur l’athlétisme en considérant que ce serait plus approprié à ma capacité d’analyse (sourire). Avec le sentiment qu’on avait le joueur dans le collimateur. Mais ce type de remarque est plutôt rare. On peut rencontrer de l’incompréhension mais ça ne déclenche quand même pas des conflits, ou alors très rarement.
Les notes ont-elles une réelle influence dans le monde du foot (agents, transferts, valoriser financièrement un joueur) et prêtent-elles à un conflit d’intérêt ?
Vincent SIMONNEAUX : C’est une question pour les grands journalistes des grands médias….moi, à mon humble niveau, ça ne me concerne pas. Les notes, c’est assez fun, point barre.
David THOMAS : Je dirai de moins en moins, avec les sites bourrés de stats individuelles qui montrent de manière plus structurée la valeur, pour moi, d’un joueur. Evidemment, le foot n’est pas qu’un logiciel. Sans folie humaine, on s’ennuierait, mais ces stats aident sacrément à mesurer le poids de certains sur des matchs (c’est comme ça que je me suis intéressé à l’avant-dernier passeur, à ceux qui gagnent des corners, des coups-francs…).
Clément GAVARD : C’est une bonne question, il faudrait la poser aux agents qui doivent forcément garder un œil sur les notes de leurs poulains. On peut imaginer qu’un joueur qui apparaît bien classé dans les étoiles FF ou dans les notes L’Equipe, ça peut toujours aider à se montrer sur le marché. Mais il ne faut pas non plus y accorder trop d’importance, ou ce serait très inquiétant pour les clubs qui ajustent leur recrutement et/ou les indemnités en fonction d’une note. Le conflit d’intérêt, il existe forcément de temps en temps, les journalistes pouvant être proches de certains joueurs, agents, entraîneurs… et ça donnera souvent une bonne note en fin de compte !
Johan RIGAUD : Il ne faut pas exagérer leur importance mais les joueurs les regardent généralement avec attention, même aussitôt après le match. Les notes n’influent pas sur la valorisation d’un joueur, parce qu’un club qui veut recruter tel joueur le fera parce qu’il l’a étudié lui-même sur d’autres critères que les notes qu’il a eues. Après, oui, un journaliste peut avoir une certaine relation avec l’entourage d’un joueur mais ce n’est pas pour autant qu’il va le surnoter, sinon il n’est pas crédible.
Accepteriez-vous d’être vous aussi notés sur vos prestations écrites, télé ou radio ?
Vincent SIMONNEAUX : Il y a un twittos qui note désormais nos prestations à Pleine Lucarne. Je le trouve particulièrement bienveillant… Mais oui, j’accepte d’être noté. A la télé, on fait un métier public et on peut ne pas être épargné par les critiques.
David THOMAS : Oui, pas de souci avec ça, même si je ne vois pas bien comment ça pourrait être fait. A vrai dire, nos lecteurs nous jugent tous les jours et nos chefs de service aussi… Pour les passages TV, comme l’évoque Vincent, un Twittos nous note et j’ai eu le redoutable honneur de me faire traiter de Nantais et n’ai eu qu’un maigre 6/10, avant qu’il ne me donne un 7 pour la prestation suivante. Je pense que je dois encore bosser pour enlever mon costume d’ex-homme politique exposé, qui venait souvent participer à des débats TV ou radio.
Clément GAVARD : Après chaque Pleine Lucarne, nous sommes notés, c’est marrant et ça fait partie du jeu.
Johan RIGAUD : Le système des notes s’est tellement répandu dans de nombreux domaines qu’il ne serait pas tellement surprenant que ça arrive, et on nous ne demanderait pas notre avis (sourire). Les notes ou articles sont déjà abondamment commentés sur notre site ou les réseaux sociaux