Et si finalement, tout était permis ? Un football sur-mesure, selon des critères (essentiellement financiers et élitistes, ce qui est déjà le cas depuis longtemps avec l’action de l’UEFA) décidés par quelques uns, sans considération pour les autres , au mépris de toute éthique sportive, notion de mérite ou écoute de ceux qui font aussi vivre le foot, ses supporters, ouvertement réduits au rang de consommateur ? Visiblement, la chose n’est plus utopie mais bel et bien notre présent et futur, à l’échelle européenne, où un pas de plus vers l’absurde et l’opulence assumée, recouverte d’une belle nappe d’inépuisable soif de « toujours plus » … L’UEFA et la FIFA sont coupables d’avoir préparé le terrain de ce qui leur arrive aujourd’hui, incontestablement, et ressortiront quoi qu’il advienne de la suite, affaiblis dans leur « pouvoir » mais encore plus, si besoin en était, dans leur image…
Le décor étant planté, amis bretons, ne nous laissons pas ainsi faire et avec un brin d’ironie mais surtout un peu d’humour et de second degré (mieux vaut prévenir dès fois que certains prennent tout cela au sérieux et s’emparent du projet ), créons la résistance et lançons notre Super Breizh Ligue, histoire de se détendre un peu ! Après une longue réflexion d’une heure tout au plus, onze clubs bretons ont d’ores et déjà accepté de rejoindre cette compétition hors-normes, qui se jouera uniquement en terres bretonnes dans les enceintes des clubs concernés.
Avec qui ?
Quatre clubs brétilliens seront de la partie, avec le Stade Rennais évidemment, qui disputera dans le même temps la Ligue 1 mais ne pourra pas y aligner ses joueurs bretons participant déjà à la SBL. Bon, cela devrait quand même aller à peu près… En revanche, le SRFC, en raison d’un calendrier qui devrait dépasser les 100 matchs en cas contraire, renonce à disputer la coupe de la Ligue nationale, réapparue on ne sait pourquoi, ainsi que la Super Breizh Ligue Coupe Armor Lux, compétition annexe à laquelle se joindront les clubs amateurs bretons sur 10 tours éliminatoires aller-retours !
L’AS Vitré, l’US Saint-Malo et la TA Rennes, trop longtemps dans l’ombre des « Rouge et Noir », ont décidé de prendre part à l’aventure en hypothéquant leurs stocks de Breizh Cola et de galettes saucisses, précieusement stockés dans un endroit secret, pour s’inscrire. Du coup, voici trois clubs du 35 mis à l’honneur et bien décidés à en découdre ! Petit plus pour ces clubs dits « Petits poucets… mais qui ne poussent plus », le prêt de deux joueurs du Stade Rennais, du FCL et du Stade Brestois à chaque journée, à choisir parmi ceux n’ayant pas joué lors du match précédent.
Côté Morbihan, le FC Lorient est de la partie. Fabien Lemoine ayant menacé d’arrêter sa carrière s’il en était autrement, les Merlus seront l’outsider pour le titre promis au Stade Rennais. En revanche, le FCL a renoncé à disputer le championnat de Ligue 1, n’y voyant finalement guère d’intérêt. Jean-Claude Darcheville, contrarié par la fermeture des lieux festifs, revient au club pour donner un coup de pouce en attaque. Christian et Yoann Gourcuff, sollicités, seront consultants techniques pour aider les Tangos dans leur quête. Pas très loin de là, le Vannes OC revient à la surface avec le renfort de deux rugbymans en défense centrale, ni vu, ni connu. Un gros défi pour les gars de la Rabine qui garderont néanmoins les poteaux du terrain de rugby installés, donnant au stade un air de Foot Gaélique donnant une dimension inédite à l’affaire !
Le Stade Brestois, ensuite, aura des allures de bout du monde et prépare des ambiances de folie au Stade Françis Le Blé (et dans les immeubles placés juste derrière la tribune). Innovation, les galettes saucisses seront servies en bord de pelouse, à la mi-temps, afin de rapprocher un peu plus le public des acteurs d’un football plus convivial. A Plabennec, la joie de se frotter au gratin régional a pris le pas sur une saison de N2. Bon, cela y ressemble un peu, mais il y a quand même les pros pour de belles affiches du côté de Kervéguen ! L’ US Concarneau, enfin, renonce au championnat de national mais aussi, exception acceptée, à la galette saucisse, interdite chez les Thoniers. Allez comprendre pourquoi…
Dernier département pas peu fier d’appartenir à cette Ligue, les Côtes d’Armor, avec Guingamp et Saint-Brieuc, les frères ennemis. Angoissés à l’idée d’un possible barrage ou même d’un derby en National, les deux formations se disputeront la suprématie départementale dans la joie et la bonne humeur. Angoissé à l’idée de voir Guingamp descendre, Noël Le Graet a bien proposé de devenir président de la compétition et de modifier quelques règles avant de renoncer, une fois le principe de Ligue fermée compris… Là aussi, les deux clubs renoncent au championnat de D2 et de National, ne sachant pas vraiment dans lequel ils seraient amenés à jouer. Yannick Le Saux, contacté pour revenir jouer en attaque du côté de Griffons, n’a pas donné suite. Faut pas déconner, non plus !
Une dernière équipe, invitée après concertation entre les onze déjà présents et un référendum auprès du public, quand celui-ci sera de retour au stade, sera désignée. Recalé directement, le FC Nantes de Waldemar Kita, qui revendiquait son appartenance à la Bretagne » où est-ce qu’est Rennes aujourd’hui ? » on ne fera pas partie de la Super Breizh Ligue. Vexé, il aurait d’ores et déjà annoncé son intention de créer la Super Châteaux des Pays de la Loire Ligue avec Saint-Nazaire, Saumur, Cholet, Tours, Laval, Chateaubriand et Angers. Le projet pourrait néanmoins ne pas aboutir, celui-ci posant de gros soucis et pour cause : Saint-Etienne revendique l’appellation Loire (mais pas château quand même !) en vue de créer la Super Forez Loire Critérium Ligue Manufrance avec trois autres équipes qui seraient Roanne, Feurs et Andrézieux ! Un vrai sacerdoce ! Du coup, un voisin gallois, écossais ou irlandais est à ce jour imaginé mais pas encore désigné !
Mascotte, droits TV et format : comment ça marche ?
Après un long parcours et une finale organisée en octogone contre Zef le Pirate (mascotte de Brest), Hermining sera officiellement mascotte officielle de la compétition mais devra porter un maillot « Noir et Blanc » neutre, aux couleurs de la Bretagne gravé d’un Triskell doré. Le Breton étant têtu mais généreux, le billet d’entrée à cette compétition reste très abordable, avec le seul impératif de connaître par cœur les paroles et de chanter à capella le Bro gozh ma zadoù avant de disputer un match. En tribune de presse, seul Vincent Simonneaux, commentateur d’ores et déjà désigné de la compétition, pourra chanter lui aussi avec les joueurs et les supporters et aura un micro pour le faire. Reste à savoir si TVR ou Breizh TV remportera les droits TV de la compétition, fixé à un montant tenu secret. Mediapro aurait d’ores et déjà proposé 3 milliards mais se serait vu refuser l’entrée à la table des négociations… Faudrait pas non plus prendre les vessies pour des lanternes, Messieurs ! Pour les radios, l’inoxydable François Rauzy sera présent en duo avec Xavier Grimault et leur armée de consultants, dans la joie et la bonne humeur ! Un After Foot Briezh en direct des buvettes sera imposé après chaque journée, dans un lieu différent à chaque fois avec un supporter, un journaliste et un stadier. Là-aussi le lot n’a pas encore été remporté, faute de candidat…
Question format, là aussi, c’est la révolution. Au début, c’est simple, et ça ressemble à la DH ou DSR, chères aux puristes : 22 journées de championnat, 4 points la victoire, 2 points le nul, 1 point la défaite. Attention nouveauté, un bonus offensif d’un point pour l’équipe qui inscrira trois buts ou plus dans un match (peu importe le résultat final). Du panache donc, mais ensuite, attention, ça envoie ! Les huit premiers sont qualifiés pour les phases finales et comme en NBA, s’affrontent par série de match (1er contre 8ème, 2ème contre 7ème etc…). Pas de match nul possible, séance de palet pour désigner le vainqueur si match nul et trois victoires obligatoires pour passer en demies ! Même process en demies et en finale, avec dans le même temps, un mini championnat entre les quatre derniers pour désigner le bon dernier.
Question joueurs, les quotas, chers à la FFF, sont imposés, avec à minima cinq joueurs nés en Bretagne par équipe. Comme évoqué plus haut, ces joueurs-là seront interdits de participer aux compétitions nationales et internationales, ce qui est un peu fort de chouchen ! Pour cette raison, Gonazlo Higuain refuse un retour au Stade Brestois ! Pour équilibrer un peu l’histoire, le Stade Rennais, mais aussi le FC Lorient et le Stade Brestois, auront obligation de prêter deux joueurs avant chaque matchs à leurs adversaires dits « inférieurs ». Ceux-ci n’auront pas du jouer lors du match précédent et devront rejoindre leur club « temporaire » en auto-stop, comme dans Pékin Express, avec les chaussures de foot déjà enfilées. Enfin, en cas de doublon avec un match de Ligue 1, le SRFC, le SB29 et le FCL étant les seuls concernés, le match sera reporté une fois mais donné perdu si pas de date possible !
Le champion gagnera le poids global de son effectif en Galettes Saucisses et Kouign Amann, avec le droit d’en faire don à une association sportive, bretonne uniquement, pour relancer les autres sports du territoire. Le perdant, lui, devra jouer avec un maillot vierge de tout sponsor, obligatoirement rentré dans le short et les chaussettes montées au genoux, toute la saison suivante. Le style, ça ne se demande pas, ça se mérite !
Créer sa compétition, finalement, avec un peu d’absurdité, de corporatisme et de folie, c’est possible et plutôt fun même. Heureusement pour tout le monde, ici, il ne s’agit que d’un moment d’égarement, de détente. Le vrai drame, lui, continue de se profiler. Reste aux joueurs d’empêcher ce massacre à venir, s’ils estiment que ce qui s’apparente encore un peu à jeu en vaut toujours la chandelle…