A 41 ans, Sandra Lévénez avance toujours, sans se poser de questions. En quête de nouveaux défis, la double-championne du monde de duathlon se focalise désormais sur sa carrière dans le cyclisme professionnel, au sein de l’équipe Arkéa.
Quand on évoque le nom de Sandra Lévénez, impossible de ne pas s’arrêter sur son impressionnant palmarès ! Une ribambelle de médailles qui vous pose un statut : 9 fois championne de France, 4 fois championne d’Europe, 2 fois championne du monde. Des trophées tous remportés en duathlon depuis 2007. Cette discipline, qui consiste en un enchaînement course à pied – cyclisme – course à pied, Sandra la découvre un peu par hasard : « Je faisais de la course à pied et j’avais souvent des petits bobos. On m’a conseillé le vélo pour continuer de faire de l’exercice physique et décharger l’organisme de toutes les contraintes de la course à pied. » De fil en aiguille, elle commence à rouler en VTT, puis en voulant aller plus vite, se procure un vélo de route. Conseillée par des amis, elle franchit ensuite le pas vers le duathlon. Le début d’une longue et belle aventure.
Sa recette du succès, la Finistérienne la place dans le travail et l’entraînement au quotidien, pour deux sports qu’elle juge complémentaires. « Quand tu viens de la course à pied et qu’on te demande ensuite de faire du vélo, les adaptations ne se font pas si simplement. Mais l’association entre les deux permet un beau développement physiologique. Là où la course à pied peut contraindre mécaniquement, en exposant l’athlète à la blessure, le vélo permet de travailler différemment. »
Rassasiée par ses nombreuses victoires, Sandra est avant tout une femme de défis. « En avril 2019, quand j’ai remporté mon deuxième championnat du monde, je me suis demandée ce que j’allais pouvoir faire de plus. Dès le mois d’avril, la saison sportive était déjà réussie. » Alors licenciée à l’US Vern en cyclisme, où elle faisait déjà du vélo en collectif, elle décide de continuer l’année en intensifiant son rythme de courses sur deux roues. La championne de duathlon voit le projet de l’équipe féminine d’Arkéa se monter pour 2020. Si elle ne se sent pas tout de suite concernée, la possibilité de voir naître un nouveau challenge dans sa carrière ne la laisse pas insensible. « Je souhaitais faire plus de vélo, mais je n’avais pas énormément de solutions devant moi, si ce n’est un choix plutôt culotté, qui était de me tourner vers la nouvelle équipe Arkéa. J’ai donc décidé de postuler. La manager de l’époque, Gabrielle Rimasson, et le directeur sportif, Franck Renimel, ont dit ‘‘banco’’. Il n’y avait pas une grosse prise de risque pour eux. »
Place alors à une préparation en vélo plus approfondie. Avec cet objectif en tête, Sandra pousse les curseurs plus haut à l’entraînement, peut-être même trop, puisqu’elle se blesse en janvier 2020. Pour se rétablir, elle peut compter sur les équipements de Vivalto Sport, à Saint-Grégoire, pas loin de chez elle. Une fois de retour en selle, elle se familiarise avec son équipe, principalement composée de coureuses âgées de moins de 30 ans. En tant que doyenne, c’est un nouveau rôle qu’elle doit adopter. « Par mon attitude, je cherche à amener mon expérience du haut niveau à mes coéquipières. Dans l’autre sens, elles m’apportent plus de spontanéité sur le vélo. Les apprentissages sont réciproques. »
Et ses premiers pas dans le cyclisme professionnel se révèlent comme une franche réussite. Pour sa première saison, elle se classe à la 4e place des championnats de France du contrela-montre, et termine 5e du Tour de l’Ardèche. Ces belles promesses laissent envisager une année 2021 avec beaucoup d’espoir. Car de grosses échéances l’attendent, telles que la Flèche wallonne, Liège-BastogneLiège, les championnats de France ou la Course by le Tour. Cerise sur le gâteau : l’équipe Arkéa participera pour la première fois au Tour d’Italie féminin, début juillet. Quant au duathlon, sa seule course sera le championnat du monde, en septembre.
Mais à 41 ans, Sandra Lévénez jure de ne pas trop se projeter. « Je prends année par année. Je suis lucide, je n’ai pas peur de me dire que c’est peut-être ma dernière saison. Le jour où je m’apercevrai que je ne suis plus performante et que je n’ai tout simplement plus envie, je prendrai la décision de m’arrêter. » Un moment, qui, espérons-le, arrivera le plus tard possible.